8. ISAAC

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8:30 AM.

Comme toujours, en ce jour si spécial, je me levai tôt.

L'anniversaire d'Isaac, c'était un jour très important. On célébrait mon petit frère, mon meilleur ami, mon bébé, mon bijou, mon ange gardien.

Isaac et moi étions très proches en âge, les gens pensaient souvent qu'on était des faux jumeaux car il ne faisait pas plus vieux que moi

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Isaac et moi étions très proches en âge, les gens pensaient souvent qu'on était des faux jumeaux car il ne faisait pas plus vieux que moi. Mon frère, il était beau et élancé.

Depuis le drame, son anniversaire est devenu un jour de célébration. Son premier anniversaire, après son décès, a été bien sûr le plus difficile. Isaac était  un gros fêtard. Alors on voulait pas se morfonde, on voulait faire les choses biens.

Le premier anniversaire sans lui, on avait fait une grande fête comme dans Coco. Les gens dansaient et mangaient, l'anniversairien était juste absent.

Pour les suivants, on avait instauré un rituel avec papa où on allait au cimetière pour déposer des offrandes sur son emplacement.

Des fleurs, des bonbons, des mangas, des maillots de foot, des choses qu'il aimait. Il était un fan inconditionnel du PSG, alors l'année dernière on avait marqué le coup en déposant une réplique de la coupe de France. J'y avais inscrit ses initiales à l'arrière : I.G. La coupe se mariait parfaitement avec les écriteaux en lettre d'or sur le marbre :

Isaac Gonzalez
2003 - 2018

Aujourd'hui il aurait eu 17 ans.

Nous n'étions pas à Grenoble pour déposer quoi que ce soit sur sa pierre. Papa m'avait dit qu'on ferait simplement un lâché de ballon depuis notre balcon et qu'on inviterait un de ses meilleurs amis sur Paris, Thomas.

On ferait un repas en mangeant les choses qu'il appréciait et en écoutant les sons qu'il aimait. Le tiramisu serait bien entendu au rendez vous.

Ce plan me convenait plus ou moins. Je ne me voyais pas célébrer l'anniversaire sans déposer un petit quelque chose sur sa pierre tombale.

Cette année j'avais confectionné un pot avec des petits mots de tous ses potes, que j'avais récolté au cours de l'année.

J'avais pensé qu'on aurait pu faire l'aller retour Paris-Grenoble

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J'avais pensé qu'on aurait pu faire l'aller retour Paris-Grenoble. On l'avait fait auparavant. C'était possible en une journée.

Comme d'habitude à chaque date anniversaire, papa avait pris sa journée. Mais aujourd'hui, il avait les yeux rivés sur son écran. Il travaillait.

- Qu'est ce que tu fais? Lui demandai-je, c'était là une question réthorique bien entendu. Histoire de le faire réagir.

- J'ai juste une petite réunion chérie. - me répondît-il.

- Juste? C'est un peu l'anniversaire de ton fils? On va pas à Grenoble? - Je l'interpellai.

- Princesse j'ai une réunion importante, j'suis obligé de me connecter. - dit il d'un air abattu - On n'ira pas à Grenoble cette année, on fera juste le lâché de ballon comme prévu. Ce sera pas plus mal, c'est l'intention qui compte.

- Pardon?? C'est l'intention qui compte? Papa on parle de ton fils, pas de la fête de la musique.

C'était la première fois que j'haussai le ton avec mon père. Je ne pouvais concevoir ce qu'il venait de dire.

- Tu les oublies! - poursuivis-je comme pour le provoquer.

- Je t'interdis de dire ça! - sa voix montait également. Il s'arrêta et me regarda.

Papa et moi on ne se disputait jamais, on dialoguait énormément. Le talon d'Achille de notre relation c'était cette tragédie. On en parlait jamais, c'était notre tabou.

Je me tus, nos deux regards se croisèrent. Je pouvais sentir sa peine comme il pouvait sentir la mienne.

- Viens là, approche. - dit-il en ouvrant ses bras.

Papa s'approcha de moi et me serra très fort. Il me chuchota des paroles réconfortantes en m'expliquant qu'on déposerait le pot plus tard à la date d'anniversaire de maman.

Soudainement, je ressenti le besoin de crier. Crier comme je n'avais jamais crié dans ma vie, comme pour traduire cette douleur innommable, ce trou dans ma poitrine qui avec les années devenaient de plus en plus profond.

Personne ne pouvait comprendre ce qu'Isaac représentait pour moi. J'avais perdu ma moitié, mon moi au masculin. Je m'étais perdue.
Je ne serai plus jamais la même.
Je m'efforce de sourire chaque jour. Mais chaque jour est un combat. On m'a retiré ma vie.

Ça n'était pas juste. Rien de tout ça n'était juste.

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Le lâché de ballon fut légendaire. Thomas était venu avec sa copine, nous re vécûmes les anecdotes du passé avec eux. Nous parcourûmes nos souvenirs à travers les albums, les snaps, les vidéos.

En fin d'après midi, nous avions même soufflé un tiramisu. Nous n'étions certes pas physiquement avec Isaac, mais il était avec nous, dans nos cœurs; dans nos têtes, aujourd'hui, demain et toujours.

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En début de soirée, je décidai de jeter un coup d'œil à mon téléphone.

PKL 🇵🇱 5 appels manqués -
PKL 🇵🇱 3 messages non lus -

Merde.

De PKL 🇵🇱 :
j'suis en bas.

De PKL 🇵🇱 :
ma gova vient de tomber en panne ptn, jss tjrs en bas. y'a un garagiste près de chez toi?

De PKL 🇵🇱 :
🐰 ? T ou?

Merde! Je séchai mes larmes confondues entre joie et tristesse. J'embrassai mon père rapidement ainsi que Thomas et sa copine, les remerciant pour ce moment magique.

Je prétextai une course puis quittai l'appartement en toute hâte.

À PKL 🇵🇱 :
J'arrive, je descends!

Bunkoeur [ PLK ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant