18. HÔTEL IBIS

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Je descendis les étages en vitesse, ignorant le texto que je venais de recevoir. J'avais une envie de pleurer mais je me retins. Pas pour ça. J'ai connu pire dans ma vie, ça c'était qu'une futilité.

Je décidai d'appeler un Uber pour la première fois depuis très longtemps. Chassez le naturel, il revient au galop. Je ne savais même pas où j'étais. Mais à la vue du prix je réalisai que j'étais dans un coin perdu. Le tarif du trajet jusqu'au domicile de Polak était de 90 euros.

Bien évidemment, ma situation financière de jeune SDF ne me permettait pas de dépenser 90 balles dans un Uber. Il ne fallait pas que je brûle le peu d'économies qu'il me restait. Je ne comptais pas non plus faire appel à mon paternel avec qui j'étais sensée être encore en froid.

Je considérai la deuxième option : les bus de nuit.

Soudainement, j'entendis des pas derrière moi. C'était Polak.

- Tu vas où Lara?? - dit-il essoufflé comme s'il avait couru pour me rattraper.

- Je rentre Mathieu, j'ai ma rentrée demain.

- Viens wesh, je vais te raccompagner.- protesta t-il.

- J'ai appelé un Uber. - dis-je d'un air détaché tentant de masquer mon mensonge.

Il me regarda d'un air suspicieux. Je pense qu'il n'adhéra pas à ce bobard.

- Ok, bon tu vas pas l'attendre seule ici, remonte.

- Non mais si je vais attendre ici, la combo clopes-bédot-musique forte, ça me donne mal à la tête. - répliquai-je.

- Ok bon bah je vais attendre avec toi! dit-il en s'adossant sur le mur à côté. Il sortit une cigarette de sa poche pour l'allumer.

- Non mais Mathieu, remonte profiter de ta soirée! dis-je

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- Non mais Mathieu, remonte profiter de ta soirée! dis-je.

Il s'arrêta pour me regarder, puis sourit.

- T'as pas pris de Uber, Lara.

J'avais été des plus convaincantes pourtant, je fis une nouvelle fois déconcertée par la façon dont il me cernait chaque jour, de plus en plus. Il me connaissait par coeur comme s'il m'avait toujours connu.

- Je vais regarder les horaires des bus. - continuai-je.

- Les bus? Il rit. - Arrête ça! Viens au pire je te raccompagne et moi, j'reviens après.

Je me résignai à le suivre. C'était soit lui, soit 90 euros ou les bus de nuit de ce patelin qui, je dois l'avouer, ne m'inspirait pas confiance. Je mis ma fierté de côté et le suivis jusqu'où était garé son véhicule.

• •

Durant les premières minutes de trajet, je ne parlais pas. Polak non plus. Il avait mis de la musique pour combler le silence mais le malaise restait palpable.

Bunkoeur [ PLK ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant