Bunkoeur [ PLK ]

3. MÉLISSA

10 jours plus tard

10 jours étaient passés depuis le tournage et depuis notre emménagement sur le boulevard Edgar Quinet. Je commençais à m'accommoder à la vie parisienne doucement mais sûrement. J'avais acheté une carte de métro illimitée qui me permettait de me déplacer à mon bon vouloir dans toute la capitale. Bien sûr, je m'étais égarée une centaine de fois mais c'était cool car j'avais pu visiter les divers quartiers de la capitale de façon impromptue.

Ces dix jours m'avaient parus une éternité, je m'occupais comme je pouvais, en enchaînant de façon compulsive les séries et films de tout genre sur Netflix et en tuant le temps sur YouTube, principalement.

J'avais visionné de nombreuses vidéos du blondinet que papa m'avait présenté, clips ou interviews en découvrant par extension, d'autres rappeurs. Le rap français n'est habituellement pas ma tasse de thé mais j'avais été tout de même surprise par les pépites sur lesquelles j'étais tombée.

Papa, lui, était comme toujours, pris par son travail et ses tournages. Il me laissait tous les matins des petites notes qui indiquaient qu'il était à tel ou tel endroit, je ne le voyais quasiment jamais ou quelques soirs si j'étais chanceuse.

J'avais passé ces dix derniers jours en solo, avec moi même. C'est dans ces moments là que je me disais qu'il était quand même temps que je reprenne les cours.

Un peu lassée de cette vie d'orpheline je décidai de prendre mon téléphone pour écrire à mon géniteur, histoire qu'il n'oublie pas qu'il avait une fille.

12h20

À Papa 👴 :
Coucou! T'es où?
Je viens de me lever, journée busy?
j'peux venir??

Mon père répondait toujours toutes les trois heures, il fallait donc inclure le maximum d'informations et poser toutes ses questions dans un seul message si on voulait obtenir une réponse des plus complètes.

12h50

De Papa 👴:
Tournage PLK, ♟🙏🏻🦦 problèmes, pleins de djeuns. 🦵tu vas kiffer et te faire pleins de potes😅😔😘🤣 t'envoie un Uber 🚙 😂☺️😇😎🤝

Wow 30 minutes. En temps normal, il répondait littéralement toutes les 3 heures. Enfin bref, je ne m'en plaignais pas. Mon père en plus d'être producteur était un utilisateur compulsif d'emojis.
J'en avais horreur mais il était mignon, ça traduisait son engouement inaltérable. J'avais de la chance de l'avoir, il était tout ce que j'avais. Je m'empressai de répondre à ses calligraphies :

À papa  :
🤝 ok papa, 👴😳🥺🤢🥺😄😂🚙 À toute !

Il avait raison ça aurait pu être l'occasion de me faire des potes sur Paris, j'étais bien seule ces derniers jours. En plus, j'étais désormais plus « calée » en rap, il y aurait eu matière à converser avec Slim Shady ou quiconque sur ce tournage.

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Dans le Uber je m'évadais dans mes pensées. Je remarquais que ces deux dernières années Papa m'avait commandé des Uber par milliers, et lui même en était un consommateur féroce. Je notais qu'il n'avait jamais repris le volant depuis qu'Isaac et Maman avaient perdus la vie au volant d'une voiture.

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J'arrivais cette fois sur un parking. C'est fou comme les décors sont différents d'un tournage à l'autre. Il s'agissait pourtant du même clip, l'investissement était donc de taille. Je trouvais ça toujours fascinant, la façon dont les clips musicaux étaient devenus de vraies productions, presque hollywoodiennes avec des acteurs, des figurants, des décors, des gros engins etc.