Capitulum Tricesimum Primum

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Allongé sur le dos, le jeune homme contemplait sa bien-aimée, belle entre toutes, à la chaleur douce et tamisée des bougies disposées autour du lit à baldaquin. Celle-ci délicatement défit son chignon, enlevant les innombrables épingles qui le maintenaient en place, pendant que lui dénouait le ruban dans ses boucles blondes qui retombèrent de chaque côté de son visage, dans un exquis ballet doré. Avec un sourire malicieux qu'il ne parvenait pas réellement à lire, elle s'avança paresseusement, très féline, en s'appuyant sur ses coudes et sur ses genoux, pour arriver au-dessus de lui. Abaissant son buste lentement, la jeune femme vint déposer un doux larcin sur ses lèvres : elles étaient brûlantes et suaves et son haleine fraîche et parfumée laissait flotter de subtils effluves de verveine. Puis, plus gourmande, elle commença à passer la pointe de sa langue à la commissure : il y céda avec délices, avant de faire de même, goûtant à ces baisers ardents avec toujours plus de désir. Entreprenante et de florentine humeur, elle tenta de les franchir, y parvint : ils valsèrent ensemble, partageant amour et chaleur, tandis que les doigts de l'ambassadeur couraient déjà sur le dos de sa toute nouvelle épouse. Les étoffes, suaves, laissaient deviner la volupté des courbes qui, comme douées d'une vie propre, s'animaient sous les effleurements. Ainsi, de ses lombes, il remonta sur sa taille, y posa ses doigts avec une infinie douceur. Il plongea dans le regard noisette de son amante, avant de l'embrasser à nouveau. Il descendit ensuite sur ses hanches, pour les amignonner avec la même tendresse qui se mêla délicatement à du désir difficilement retenu.

Le jeune chanteur, en dépit de tous ses efforts, ne sut résister longtemps puis glissa ses mains en dessous de sa blouse pour goûter à sa peau au grain velouté. Elle soupira sous ses caresses, le laissa faire quelques instants puis, sans prévenir, bascula sur le côté en murmurant « pas tout de suite, pas si vite ». Avec malice, celle-ci s'attaqua alors aux boutons de sa chemise, avec la ferme intention de la lui enlever. Lentement mais sûrement, le corps de son chéri se dévoilait à ses regards, à son plus grand bonheur. Les doigts délicats, à chacun des fragments d'ivoire tirés de leur enveloppe de soie, effleuraient son épiderme, rendu sensible par le désir, et découvraient chaque fois un peu plus de peau. Subjugué, il n'osait bouger d'un pouce, comme de peur de briser l'harmonie de leur union. L'encens dans la pièce ne suffisait pas à masquer le parfum de sa splendide fiancée. Puis, une fois arrivée en bas, elle écarta d'un geste lent et calculé les pans de sa chemise, avant de déposer de petits baisers dans son cou. En même temps, elle vint également tracer du bout des doigts le concours de ses pectoraux, et descendant, caresser son ventre. Friedrich ferma les yeux et se laissa faire, soupirant sous les lèvres de sa belle, et celle-ci profita qu'il ne pouvait la voir pour titiller ses tétons. Exploitant l'effet de surprise, elle fit naître quelques ahans bienvenus, qui dessinèrent un sourire facétieux sur ses traits. Puis encore plus espiègle, elle passa un coup de langue sur cette peau si sensible, lui arrachant un gémissement plus franc. Celle-ci, d'une voix innocente, prétexta vouloir écouter battre son cœur.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut sur une Elster douce, et malicieuse, qui manifestement se prenait au jeu et faisait tout pour déclencher chez lui de délicieuses réactions. Soudain, elle s'interrompit net, à sa plus grande frustration, et vint se mettre à califourchon au-dessus de lui. Ainsi, il lui sourit tendrement, et murmura des mots d'amour, avant de défaire, à son tour, un à un les boutons de son chemisier de soie. À chacun des disques colorés, affleurait la peau tant désirée de celle qu'il chérissait : son cou, ses clavicules, et au troisième, il vit apparaître la naissance de sa gorge, enfermée dans une prison de dentelle, vision qui bouleversa ses sens. Celle-ci s'en aperçut et lui fit le sourire le plus charmeur dont elle était capable et qui, elle le savait, avait la puissance nécessaire pour vaincre toutes ses défenses. Là, après sa poitrine, il découvrit également son ventre, et parvint en bas. Une fois la soie dégagée, il vint passer ses mains sur sa taille : elle était la première damoiselle qu'il eût jamais vue dévêtue, et bien qu'incapable de comparaison, Elster était à ses yeux la plus belle femme du monde. Il était heureux que ce fût lui qu'elle eût choisi, lui, un parmi tant d'autres. Il admirait chez elle son aisance, et la faculté qu'elle avait de se vêtir et de se maquiller sans se soucier de la mode établie par leurs contemporaines, qui n'étaient qu'outrance, et, il devait l'avouer, la vie était bien plus facile et agréable d'un point de vue olfactif depuis que sa bien-aimée avait institué le fait de se laver autrement qu'avec une serviette imbibée d'eau de Cologne, ce qui, avantage non négligeable, permettait de rencontrer le parfum de sa peau, et Dieu — même s'il ne croyait pas beaucoup en lui — savait qu'il s'agissait du plus doux qu'il eût jamais connu.

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