Âmes Liées

Chapitre 50 : elle.

L'humaine me regarde, de ses yeux paniqués et rougeâtres.

Rouges... du même écarlate qui se mêle à ses larmes.

Enfin... pas exactement le même. Ses iris semblent comme couvertes d'un voile, pâle, blanc mais cependant transparent.

Ses pupilles passent sur mon visage, tout son corps se crispe et recule, et un élancement douloureux me parcourt la poitrine.

Je prends sur moi, tentant de calmer mon âme qui s'affole entre mes côtes.

Je n'ose pas me mouvoir de quelque façon que ce soit.

Le temps m'a l'air comme figé autour de nous, alors que son regard se pose de nouveau sur moi.

Elle renifle, tremble et frotte son visage, affichant une expression indéchiffrable.

Elle n'a pas l'air d'aller si mal, mais pourtant... elle n'a pas l'air d'aller bien non plus.

Elle est malade, je le sais, mais... Quelque chose ne tourne pas rond.

Je le sens, quelque chose est différent.

Elle se met à tousser, pliée en deux, et j'en profite pour m'avancer et la téléporter.

Je la dépose dans son lit, juste à temps pour qu'elle perde connaissance, allongée dans ses draps.

Quelque chose cloche terriblement avec cette humaine.

Son état est loin d'être normal, et ce, depuis que je l'ai trouvée...

Malgré son inconscience, elle continue toujours de pleurer, ses larmes toujours teintées de rouge, laissant dans leur passage une trace colorée sur ses joues si pâles.

Je me téléporte dans la salle de bain, le temps de chercher de quoi frotter ça ainsi que changer ses bandages.

Quand je reviens, elle semble profondément endormie. Paisible. Comme si rien ne venait d'arriver.

Je vérifie son pouls, ses battements de cœur, sa respiration... rien qui paraîtrait choquant...

Pour un monstre.

Tout diffère complètement de la dernière fois où j'avais contrôlé ces signes.

J'inspire un grand coup.

«Garde ton calme. Cette gamine est apparue d'une façon tout aussi étrange que ce qui lui arrive maintenant. Tout ceci doit forcément avoir un lien. Mais d'abord, il faut s'assurer qu'elle ne risque rien. Donc éviter que ses blessures ne se rouvrent, ou ne se salissent. »

Prudemment, je m'attelle donc à la tâche. Un bandage à la fois, je nettoie sa peau avec un chiffon humide, avant de panser ses plaies, et de passer au suivant. À part ceux des plus grosses lésions, presque aucun des pansements ne montre de sang. Ils sont un peu sales, certes, mais sans aucune déchirure à signaler.

Cependant... Beaucoup ont été recouverts de cette substance rouge, celle-là même qui coule toujours de ses yeux comme des larmes morbides.

« Ça ne sent pas bon tout ça. » Quelque chose me titille dans un coin de ma tête, un souvenir enfoui, une pensée, une idée, que je n'arrive pas à formuler.

Cette substance, d'une couleur vive et brillante, ne m'évoque que trop bien de la Détermination liquide. Cette constatation simple suffirait à faire froid dans le dos à n'importe qui, mais autre chose m'effraie...
Sans arriver à mettre le doigt dessus, je sors distraitement mon téléphone pour constater plusieurs messages et appels manqués de la part de Papyrus.