Âmes Liées

Chapitre 46 : admirateur

Je regarde l'épaisseur régulière de la neige, un mètre planté dedans, comme d'habitude, pour vérifier l'heure.

Cela commence à faire longtemps maintenant, depuis que je suis sorti de ma cachette, et pourtant, je suis dans l'impossibilité totale de bouger de mon siège au poste de sentinelle. Finie déjà la sensation de détente si agréable qui m'accompagnait en repartant de chez ma protégée. Partie, comme si elle n'avait jamais existé.

À cause des puzzles de mon frère.

Et de ses extraordinaires tirades.

Et de lui, tout simplement, aussi.

-Vois-tu, cher frère, il est primordial de correctement entretenir ses pièges ! Car si un humain arrivait ici et tombait dessus, il ne pourrait pas s'en échapper et enfin je pourrai intégrer la Garde Royale en lui en faire bénéficier de mes talents et de ma coolitude ! Et en plus, cela nous permettrait à tous d'enfin être libres ! Même si je ne comprends toujours pas comment cela aiderait, ni même à quoi ressemble un humain... Mais je pense que mon nouv- heu je veux dire, moi, le grand Papyrus, saurai en reconnaître un s'il se présente devant ma magnificiente grandeur ! Et pour ce faire, toi, espèce de... « paressos », il faut absolument que tu te reposes et que tu commences à prendre tes boulots au sérieux, et que tu recalibres à tout prix tes pièges ! Sans quoi un humain pourrait passer, et je n'aurai pas l'occasion de le capturer et devenir célèbre et encore plus cool !

-'k, c'est cool. J'y penserai... je lui réponds d'un air un peu évasif, voire un peu trop.

Je n'ai pas spécialement envie de laisser ma convalescente seule trop longtemps, étant pris depuis peu d'un mauvais pressentiment à son propos. Et si jamais elle tente de se lever et se fait vraiment mal en tombant, par exemple ?

Elle est vraiment encore trop faible pour pouvoir être capable de quoi que ce soit, je l'ai déjà constaté...

Je ne pense déjà plus à ce que mon frère me dit, car bien que je l'adore, il a une trop forte tendance à se répéter.

-Sans !
L'exclamation de Papyrus me sort brutalement de mes pensées, et renvoie une partie de mon attention vers lui.
-Tu n'écoutes de nouveau plus ! Il faut absolument te reprendre en main, je ne te reconnais plus ! Tu es plus fatigué qu'avant, et encore moins attentif et travailleur ! Et par dessus tout tu n'as toujours pas remboursé ta note chez Grillby ! Je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peu autant dépenser d'argent pour du ketchup, cela dit... Tu ne te nourris même pas correctement, je m'inquiète ! C'est certain que sans moi pour te rediriger vers le droit chemin, tu en oublierais même de manger ! Ce qui en tout cas, n'a pas l'air d'être le problème de...

Il s'arrête soudain au beau milieu de sa phrase, avant de reprendre encore plus vite que d'habitude.

-Enfin bref ! Sans ! À partir de maintenant, je vais rester à tes côtés à chaque instant pour pouvoir veiller au mieux sur toi !

Je songe : « Sa nouvelle décision risque de me poser problème pour aller rejoindre l'humaine, mince... »

Puis, je tique sur sa phrase laissée inachevée.

-Attends attends Pap's... ça n'a pas l'air d'être le problème de qui ?

À cette interrogation, il perd de son panache, et semble ne pas vouloir me répondre.

Le regard fuyant, la posture plus renfermée par un léger rehaussement des épaules, il n'a clairement pas envie que je demande.

Pourtant, au vu de mon mauvais pressentiment, je compte bien insister, ne serait-ce que par excès de prudence.