Sans tarder, je me levai, avec mille précautions, me laissant d'abord basculer sur le côté, la droite, ma main insensible à cause de la neige. Les tendons fléchisseurs de mon poignet se réveillant tout d'un coup, tirant dans mes doigts glacés et comme statufiés par le froid, causèrent la réaction d'autres nerfs ainsi qu'une certaine douleur tout le long de mon bras.
Dans le mouvement, tout mon poids se déplaçant d'un coup, je laissai aussi pendre ma tête, basse. Reposer ma nuque...
J'attrapai du regard mon ombre, sombre, grise, ou noire ? sur de sol blanc, qui détonnait fortement et se déplaçant sous mon corps avec moi, suivant le mouvement.
Je penchai la tête, sentant poindre en moi une curiosité, joueuse. L'ovale qui se raccrochait à la masse informe, bougea aussi. Là était donc mon crâne.
J'avais la sensation d'oublier quelque chose d'important, urgent peut-être ? Mais mon attention était déjà ailleurs.
Je levai doucement mon bras gauche de quelques centimètres, avant de le laisser retomber sur la base de mes cuisses, étant dans une positon semi-allongée. Le reflet sombre de ma personne fit de même.
Je me mus encore pendant quelques minutes, le regard fixé sur l'ombre, avant de me figer.
J'avais soudain la sensation d'un poids dans ma gorge, je sentais mon dos recouvert de ses blessures et bleus avec précision, et tout mon ventre se noua douloureusement. Pourtant, je gardais les yeux figés, droit devant moi, ou plutôt sous moi, droit sur l'ombre.
Elle avait bougé.
Différemment du mouvement que je lui imposais. Mes genoux, je n'avais pas fait bouger mes genoux, et, et, et... et pourtant si. Et pourtant non.
Je n'arrivais plus à respirer, ou plutôt si, je respirais de plus en plus vite, le souffle d'abord tremblant, mais manquant de plus en plus d'air. Mes poumons se vidaient et se regonflaient avec à chaque respiration plus d'efficacité et pourtant, ma gorge se serrait et j'étouffais d'un coup. J'inspirais nerveusement, bruyamment, rapidement, par la bouche.
Je n'arrivais plus à bouger, et je n'étais plus capable de penser à autre chose que ce mouvement.
Une pression de plus en plus soutenue contre mes tempes et ma poitrine, se soulevant toujours plus vite.
J'étais folle, ce n'était pas possible...
Et pourtant l'ombre maintenant commençait à rétrécir, perdre son allongement, se rapprocher de plus en plus de moi, me faisant réaliser la bizarrerie de cette sombre silhouette, qui s'étendait bien plus que la normale avant que je ne m'en sois rendue compte.
Tout en revenant à moi, près, trop près, la forme se modifia... Et pourtant gardant toujours la mémoire de mon apparence, ce n'était pas ce qu'une ombre était supposée faire je commençais à trembler et les larmes me montaient aux yeux.
La projection donnait par endroits l'impression de fondre avant de se reformer, de disparaître et de réapparaître, de goutter avant de réabsorber sa propre matière, de glitcher, et de s'assombrir.
Ne tenant plus, au bord de la crise de larmes, je me relevai à quatre pattes et détalai en tentant de revenir d'un même mouvement sur mes deux jambes, courant de quelques pas avant de m'effondrer par terre, culbutant sur le côté, emportée par le peu de poids et de vitesse que j'avais.
En boule, je me crispai encore plus sur moi-même, tremblante, le cœur battant la chamade, mes jambes crampées avec cette horrible sensation de sommeil dans les membres...
VOUS LISEZ
Âmes Liées
FanfictionSi un jour vous vous retrouvez à faire un souhait stupide en finissant de jouer à un jeu, faites bien attention. Si un jour vous vous retrouvez nez à nez avec votre souhait stupide, faites attention. Si un jour votre souhait stupide concerne Sans le...