Chapitre 36 : Avancer à reculons

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Il était 6h30, et je venais de finir de préparer le déjeuner.

"Parfait, ça me laisse donc une petite demi-heure pour organiser ma journée !" Pensai-je en tapant des mains, content.

Je montai à pas de loup l'escalier, jeter un oeil à la chambre de ma soeur.

Elle ronflait doucement, marmonnant des choses sans queue ni tête dans son sommeil.

Esquissant un sourire, je refermai la porte de sa chambre, et ouvris celle de la mienne, pour la refermer doucement.

Je pris mon canif et le fourrai dans la poche gauche de mon pantalon, puis je regardai ma main, la sentant un peu poussièreuse sur la paume.

Pourtant, pas le moindre signe de saleté. Je la frottai contre ma chemise donc sans y porter plus d'attention que cela.

Puis je me dirigeai vers une armoire de ma chambre et ouvris deux fois le deuxième tiroir en partant du bas, afin d'en révéler le double fond.

Des papiers, triés et rangés, empilés les uns sur les autres. La première pile était presque vide, seulement 3 feuilles et une enveloppe encore fermée, cachetée, tandis que la seconde regorgeait de feuilles pliées, chiffonnées et triturées ainsi que d'enveloppes vidées de leur contenu.

Je m'emparai d'une des feuilles de la première pile, décorée d'un tampon représentant... je ne sais quoi. Un genre de symbole, certainement la signature de son auteur.

Je lus cette missive, avant de la changer de pile, et refermer le tiroir, ma bonne humeur envolée d'un coup.

Puis je redescendis, et préparai la liste de courses.

Je regardai l'heure une fois ceci fait. 6h47.

Je n'avais plus qu'à patienter jusqu'au réveil de ma soeur, et cesser de penser au contenu du message.

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Grattant distraitement la croûte de sang qui s'était formée sur la plaque de mon bras gauche, j'avançais.

Je ne faisais que ça, depuis ma crise de larmes.

Marcher.

Marcher.

Encore marcher.

Je n'avais aucune idée du temps écoulé ici, je me contentais d'avancer.

Dans quelle direction, je ne savais pas, mais au moins, j'avançais.

Et je parlais.

Je tenais des discours interminables, sans queue ni tête, uniquement pour remplir le lourd silence qui régnait dans ce Couloir.

Pensant à moitié ce que je disais et disant à moitié ce que je pensais...

Je m'arrêtai le temps de me faire une réflexion.

"Je dois certainement ressembler à une folle, pour quelqu'un d'extérieur, non ?"

Puis je repartis, en riant un peu de l'image que je devais donner, vue de l'extérieur.

Je trébuchai, et m'écroulai plus ou moins volontairement par terre, étant arrivée au bout de mes forces pour le moment. Enfin, je crois ?

-Je dois vraiment avoir l'air pitoyable, ha ! Haha ! ... J'ai mal aux pieds. Pourquoi j'ai mal aux pieds ? Pourquoi il n'y a pas de chaussure, ni de chaise, de canapé, ou même de putain de lit ici ? BORDEL POURQUOI JE SUIS ICI ?

Je me pris la tête entre les mains, et rejetai mes cheveux en arrière au passage.

Sauf que mes mains revinrent avec quelques cheveux morts accrochés tout autour.

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