Chapitre 37 : eau

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Je relus encore une dernière fois le mystérieux message d'aujourd'hui pendant que ma sœur finissait de déjeuner, essayant d'analyser son contenu, de le mémoriser et le comparer mentalement avec celui des autres messages de mon tiroir à double fond.

Je n'avais parlé de ces étranges missives à personne, et ce, depuis l'apparition de la première d'entre elles...

Par peur de ce qui pourrait m'arriver si je ne suivais pas les instructions... ou pire, ce qui pourrait arriver à ma sœur.

La première et seule fois où je n'avais pas suivi les ordres, j'en avais payé le prix, une visite à l'hôpital, mon matériel d'escalade avait été saboté. J'ai eu de la chance, mais dû porter une attelle à la jambe pendant 3 mois.

Le message suivant, que j'avais pourtant reçu avant l'incident, m'a clairement mis en garde que la prochaine fois, ce serait elle qui en pâtirait, si jamais je décidais de ne plus suivre les ordres.

Parmi ceux-ci figurait l'obligation de n'en parler à personne, entre autres...

Le papier en main, je m'approchai de ma sœur, qui avait commencé à se préparer pour partir à l'école.

Je lui demandai si ça irait pour elle, connaissant sa récente angoisse d'y aller...

Elle me répondit que ça irait, et, comme je m'en doutais, qu'elle n'avait pas envie.

-Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer, tu vas voir. Et si tu ne veux pas rester, tu me sonnes et tu me dis quoi, je m'arrangerai... je lui dis, me voulant rassurant.

Suite à cela, je la pris dans mes bras.

"Tout va bien se passer... Je l'espère tellement..."

Je la regardai partir, une boule au ventre, et m'occupai de ranger la maison en attendant l'heure de bouger...

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Engloutie par cette matière noire, je perdis conscience, sans doute l'espace de quelques secondes, peut-être une minute.

Quand je retrouvai mes esprits, j'étais encore engluée dans cette chose.

De « sable noir», c'est passé à « liquide inconnu », dans lequel je m'étais enfoncée, j'étais plongée, et, chose étrange, sans la possibilité du moindre mouvement. Chaque partie de mon corps était comme endormie, et je n'arrivais pas à bouger un seul muscle.

Engourdie de partout comme j'étais, j'ai commencé à paniquer. Et encore plus quand je me suis rendue compte que, comme dans n'importe quel liquide, je ne pouvais pas respirer.

Le cœur battant la chamade, je tentais de me mettre en apnée, mais ce n'était clairement pas chose aisée, surtout sous l'influence du stress.

Les yeux délibérément fermés, je me concentrais sur mon rythme cardiaque, devant à tout prix le calmer, me calmer, pour éviter de gaspiller l'air de mes poumons.

"Ne penser à rien, à rien d'autre que mon cœur, et ses battements, tenter de les ralentir... Ne pas tousser, ne pas faire attention à ce liquide qui m'entoure, les questions viendront plus tard quand je serai sortie de cette merde, ne pas bouger, ne pas penser, ne penser à rien, à rien d'autre que mes battements de cœur..."

Je sentais les secondes passer, s'étirer indéfiniment, et le dioxygène de mes poumons se consumer peu à peu... Mon corps commençait à déjà réclamer de l'air frais, et moi je m'efforçais toujours autant de bloquer ma respiration.

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