Chapitre 32 : délivrance

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En chemin vers ma routine, j'ai la tête vide.

Je m'applique à y ranger toutes mes pensées dans un coin, en me disant que je m'en occuperai plus tard, pour éviter de faire face à un trop-plein de questions.

Je retraverse en sens inverse le chemin emprunté pour aller dans mon coin secret, remarquant à mes empreintes toujours présentes dans la neige que les flocons se sont déjà arrêtés de tomber dans cette partie-ci de Snowdin.

Les arbres s'espacent peu à peu, signe que je rejoignais la route principale.

Inlassablement, je marche.

Fatigué de cette routine, celle-ci m'apporte pourtant du réconfort.

Arrivé au niveau d'une épaisse branche d'arbre tombée sur le chemin, je m'arrête, et me retourne.

Devant moi, s'étend le chemin, seulement marqué de mes pas.

Puis au milieu de celui-ci un monticule commence à se former, comme à chaque fois.

Et comme à chaque fois, en sort une fleur, d'un jaune éclatant, élément incongru au milieu de cette blancheur morne.

Ses six grands pétales couronnant un cœur beige pâle, lequel était assorti d'un visage.

Ouvrant la bouche, la plante fit entendre sa voix enfantine.

-Howdy sac d'os !

Avant qu'elle ne continue, je l'interromps, pour le saluer d'un :

-Salut vieille branche.

Visiblement contrarié, le bouton d'or géant décide donc de m'envoyer des piques, moqueries, et autres insultes gratuites, donc le niveau volait à ras-les-pâquerettes...

L'esprit ailleurs, je l'entends déblatérer les mêmes choses encore et encore, sans réellement l'écouter, réagissant à peine.

Ne recevant aucune réponse de ma part, c'est tout naturellement qu'il m'envoie une boule de neige en pleine face pour me faire bouger.

-Hé ! Sœur Sourire ! Tu m'écoutes ??

J'esquive aisément le missile glacé.

-Wow, calme-toi avec la neige, tu en viendrais presque à jeter un froid entre nous.

-.... Pitoyable, pathétique et très nul, même venant de toi.

-Merci du compliment, je fais de mon mie-

Le souffle brusquement coupé, je vacille et trébuche.

La fleur, en soupirant, surgit de terre de manière à me rattraper.

-Dis, ça serait sympa de rester en vie, au moins je peux encore détester quelqu'un si t'es vivant.

-Ne t'inquiète pas, dis-je en me relevant, j'ai les os solides !

Sur ces mots, la fleur lâche un autre soupir, et s'enfonce dans la neige, ne laissant aucune trace de son passage.

Je sais qu'il est parti voir ailleurs si quelque chose de plus intéressant se produirait ailleurs, comme la chute d'un humain, par exemple.

Je reprends calmement mon chemin, et arrive quelque dix minutes plus tard devant une grande porte fermée.

J'inspire calmement, serre le poing, et toque.

-Tori ? C'est moi.

Une voix me répond de l'autre côté de la porte.

-Hello !

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