Chapitre 39 : opération

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Accroupi, les yeux baissés, j'examinais encore et encore les traces qu'elle avait faites par terre en courant. En me fuyant.

Rouge, déjà en partie séchée, la piste qu'elle m'avait involontairement laissée ressemblait à du sang.

Même sans connaître cette personne, ce détail m'inquiétait.

Je me relevai.

"D'où vient donc cette...fille.. ? " me demandai-je.

Je rebroussai lentement chemin, pour revenir au point de notre rencontre, et m'arrêter devant le croisement où je l'avais vue espionner une conversation avec, j'en étais persuadé, ma sœur.

Perdu dans mes pensées, je gardais les yeux rivés au sol, constatant que durant notre course-poursuite, la taille des taches rouges croissait, elles étaient de plus en plus nettes. Arrivé au carrefour entre les ruelles, je levai le regard vers celle que la jeune fille espionnait.

Celle d'où j'avais entendu la voix de ma petite sœur.

Mon instinct me soufflait que je n'étais bientôt plus seul, à mesure que je m'avançais dans la venelle, pourtant vide.

Sur mes gardes, je regardais partout autour de moi, avec la désagréable sensation d'être épié.

Sensation vite confirmée par un faible bruit de pas derrière moi.

Sans me retourner, je lançai :

-Qui que vous soyez, présentez-vous plutôt que de me regarder, ou partez.

-Oh, mais pourtant.. Tu sais très bien qui je SUIS.

Le dernier mot souffla avec puissance dans mes oreilles, me donnant des frissons.

Ayant reconnu la voix, je me retournai pour faire face à mon interlocuteur, cette figure blanche et balafrée, déjà très, voire trop, près de moi.

Me surplombant de toute sa hauteur, les coins de sa bouche étaient étirés en un sourire vide.

Je reculai d'un ou deux pas.

-Bordel, encore vous... Dégagez je ne veux rien avoir à voir avec vous. je lui jurai.

-Oui, encore moi. Décidément, quel... hasard, que nous nous croisions, n'est-il pas ? Ou bien tout cela a-t-il déjà été décidé à l'avance, voire s'est déjà passé dans une autre réalité. Enfin bon. Je ne suis pas venu ici pour te parler de notre existence précaire ni pour "dégager", mais plutôt de... ton sujet de prédilection.

Je blanchis.

-Elle...

-Oui, et j'aurais besoin de ta collaboration pour-

-Pas question. le coupai-je sèchement. J'ai déjà assez à faire.

-Avec les lettres et les quelques missions décrites dedans, oui je sais.

-... J'aurais déjà bien aimé ne pas avoir à me farcir toutes ces missions de merde sous la menace que quelque chose lui arrive... Et vous comptiez faire quoi de tout ce que j'ai dû vous fournir ? Tenter de pourrir le restant de vie que ma sœur et moi avons ?? lui lançai-je amèrement.

-Vous êtes en vie et des gens se souviennent de vous, vous n'avez pas à vous en plaindre. Et, pour répondre à ta première question, ces mêmes produits et informations que tu m'as procurés m'ont déjà servi, en partie, lors de certaines expériences.

-Et donc ? Quel est le putain de lien avec ma sœur ??

Je commençais à m'impatienter sérieusement, et en même temps craindre ce que ce taré voulait me dire.

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