Chapitre 47 : lui

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Perché sur la pointe des pieds, j'avançais le plus discrètement possible, essayant de me remémorer au mieux le chemin emprunté il y a quelques jours.

Maudit soient ce scientifique et ses manies de toujours me faire changer de pièce de travail...

Il me fallait ces dossiers, ces documents, sur ma sœur, et sur les autres sujets.

Les couloirs avaient déjà commencé à encore changer de place, de forme, et ce n'était qu'une question de temps avant que cet endroit ne me redevienne inaccessible.

Déjà la noirceur recouvrait mes pas et mes pensées, cet endroit toxique ne voulant déjà plus de ma présence en ces lieux.

Et pourtant.

Je continuais de marcher en direction du dernier local où j'aurais aimé remettre les pieds.

...

J'arrivai devant la porte, et l'ouvris.

Derrière celle-ci, rien de bien différent de la dernière fois. Tout est resté dans le même bordel que je l'avais laissé : la photo de notre maison désormais inexistante dans un coin, les dossiers des sujets éparpillés dans un autre.

Je m'emparai d'abord de ces derniers, que je glissai dans une des poches internes de ma blouse blanche, en prenant cette fois-ci bien soin de ne pas les ouvrir. Je ne voulais pas avoir à revoir les informations bien trop personnelles sur ma sœur, ni les croquis des autres potentielles victimes de ce fêlé. Pas maintenant.

Puis je me retournai, hésitant longuement à repartir maintenant... Mais il restait cette photo, de cette zone carbonisée, posée sur le sol couleur charbon.

C'était comme si elle m'appelait. Elle m'attirait.

Lentement, je fis quelques pas vers elle.

Puis je m'emparai du cliché, et le portai une dernière fois à mes yeux.

Lui, je ne le mis pas avec les dossiers, mais plutôt dans la poche de mon pantalon, la gauche, accompagnant désormais mon canif... enfin, mon opinel.

Enfin, je sortis, sentant l'air de mes pensées s'alléger à mesure que je m'éloignais de cet endroit.

Il faudrait maintenant que je fasse attention, pour ne pas perdre ma précieuse récolte, mais une chose à la fois, car pour cela, il faudrait d'abord qu'il se rende compte que je suis retourné dans cette pièce.

Les traits un peu plus sereins, du moins je l'espérais, j'avançais maintenant vite, en direction de là où j'aurais dû être depuis longtemps, inspirant profondément dans l'espoir de faire passer cette impression qui me restait depuis maintenant deux jours.

L'air me donnait de plus en plus l'impression d'être vicié, de... de puer la peur, de puer la maladie.

Toujours plus, à chaque pas, à chaque inspiration, à chaque minute, à chaque seconde.

Ou peut-être était-ce juste moi qui commençais à devenir fou, dans cet endroit si renfermé et renfermant.

Je fis un détour par ce qui était supposé être ma chambre, ou mon bureau, à voir selon l'humeur, et m'emparai du stabilisateur que j'avais terminé de concevoir peu avant l'incident de la pièce aux dossiers...

Équipé de petites ventouses, et d'aiguillons, ainsi que d'une capsule de stabilisant magique cachée dans la surface en métal, peu importe ce à quoi il devrait être collé, il serait quasiment impossible de l'en détacher.

D'après les plans des machines, je supposais qu'il servirait pour se relier à une des poches de substance colorée dont elles sont toutes intérieurement équipées.

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