La sonnerie stridente de mon réveil retentit et je l'arrête d'un coup sec, me retenant de le marteler. Je cache ma tête sous l'oreiller en grommelant, n'ayant aucune envie de quitter les bras de Morphée.
Les yeux clos, et encore perdue dans mes songes, j'entrevois Hercule Poirot qui fait preuve d'une grande psychologie pour cerner chacun des personnages du roman. Le livre « Mort sur le Nil », d'Agatha Christie, trône sur mon petit meuble en bois et je suis encore absorbée par le roman. Hier soir, je me suis endormie en le lisant et les personnages se sont empressés de se glisser dans mes rêves.
Je voue une passion à ce genre de livre et, de manière générale, aux enquêtes policières. J'ai développé une véritable addiction pour cet univers et les histoires à suspense où je traque les indices afin de dénouer l'intrigue. Bref, je suis une vraie détective dans l'âme.
Après quelques minutes en état de léthargie, je sors enfin des vapes et étire mes membres en baillant. Mes yeux ont du mal à s'accommoder à la clarté soudaine, lorsque j'allume ma lampe de chevet. Ne voulant pas être en retard en cours, je me lève tant bien que mal et néglige le petit déjeuner.
Je choisis une combinaison pantalon pourpre. Le tissu est très agréable et me sied comme une seconde peau. Une fois maquillée, je vérifie que les deux traits d'eye-liner soient symétriques. Prise par le temps, je me regarde une dernière fois dans la glace, pas vraiment satisfaite de ma coiffure. Je choisis finalement de détacher mes cheveux et de les laisser s'étaler dans mon dos, puis j'attrape mon sac et ferme la porte de mon appartement.
Pressée, je descends les escaliers de mon immeuble quatre à quatre, au risque de trébucher. J'ouvre la portière de ma voiture qui grince légèrement. La peinture gris métallisé s'est craquelée avec le temps.
Une dizaine de minutes suffit pour arriver à destination. Le temps de me garer, Élodie, ma meilleure amie, se précipite vers moi.
— Hello, Emma ! Tu vas bien ?
— Salut, ma belle. Prête pour cette nouvelle rentrée ?
— M'en parle pas, j'ai pas dormi cette nuit, j'étais trop excitée !
Je lui fais un grand sourire. Avec Élodie, nous partageons un lien indestructible. Nous sommes la preuve vivante que les opposés s'attirent. D'un point de vue physique, nous sommes le jour et la nuit. Alors que ses cheveux fins, blond cendré, sont coupés en un carré court, j'ai une longue chevelure épaisse et bouclée, d'un brun foncé. Ses yeux couleur émeraude n'ont rien à envier à mes iris noisette. Elle est du style mignon à croquer et d'une minceur incroyable, bien qu'elle ne surveille pas vraiment son alimentation. À contrario, je suis assez musclée du fait des nombreuses heures de musculation que j'ai pratiquées au lycée, même si j'ai tout arrêté depuis, par manque de temps. Mes poignées d'amour en ont profité pour s'installer et j'arrive difficilement à perdre mon petit ventre. Toutefois, nous avons toutes les deux nos propres atouts physiques et des caractères bien différents. Elodie, de par son passé, manque de confiance en elle et se tient plutôt en retrait. Quant à moi, je suis une fonceuse, prête à affronter le pire pour parvenir à mes fins.
De nombreux étudiants attendent le début des cours, devant l'imposant bâtiment à la façade couleur crème. La bâtisse principale mêle l'architecture renaissance italienne à celle des années trente. Il est inscrit « faculté de droit » au-dessus des frontons sculptés des deux portes d'entrée. La taille de l'édifice est proportionnelle à sa beauté.
Une ambiance chaleureuse règne, présageant une bonne année d'étude. Nous nous engouffrons dans l'amphithéâtre déjà bien rempli. Cette salle est gigantesque, jusqu'à deux cents élèves peuvent s'asseoir sur les sièges disposés en gradins. La décoration inexistante et les murs d'un ton beige défraîchi par le temps ne laissent pas place à la rêverie. Les bancs et tablettes en bois, victimes de l'incivilité de certains, sont striés d'inscriptions et maculés de chewing-gums séchés.
Pour certains élèves habitués aux petites salles, cette impression de grandeur peut créer une certaine anxiété, mais pour ma part, l'année dernière s'est bien passée. On s'habitue très vite et l'ambiance générale est rassurante. Quand je suis arrivée ici, la première fois, j'avais peur de ne pas bien entendre les propos du professeur. Finalement, mes doutes se sont vite dissipés. De plus, j'ai eu la chance de rencontrer Élodie juste avant la rentrée, ce qui m'a permis de suivre les cours en sa compagnie.
Ma meilleure amie s'assied dans une rangée du milieu et je la suis. De nombreux visages familiers se trouvent autour de moi et je les salue d'un sourire. Pour l'heure, il y a une personne que je guette avec impatience car je sais qu'elle va participer aux mêmes cours que moi. À cette pensée, je sens l'excitation m'envahir.
Je balaie la salle des yeux à sa recherche alors que mon amie est collée à son téléphone. Comme d'habitude, elle passe son temps sur des applications de rencontres. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée : elle veut regagner confiance en elle mais j'ai peur qu'elle tombe sur des individus malintentionnés. Si seulement elle se donnait la peine de lever les yeux, elle pourrait rencontrer des personnes formidables. D'autant plus qu'Élodie a le cœur sur la main.
— Il te va vraiment bien ce chemisier vert. Ça fait ressortir la couleur de tes yeux.
Elle tourne la tête, faisant danser ses créoles, et me lance un petit sourire affectueux.
— Merci, je l'ai trouvé dans une friperie ! Le décolleté n'est pas trop généreux ?
— Pas du tout, ça te va à ravir.
Elle s'apprête à me dire quelque chose, quand une voix masculine retentit :
— Allez, pousse-toi du milieu !
Un groupe d'élèves entre dans un brouhaha monstre et va s'asseoir directement au fond de l'amphithéâtre. Cette bande est une vraie cohue sans aucune règle ni respect, impossible de la rater. La pauvre fille qui se tenait devant l'entrée se retrouve propulsée sur le côté et manque de tomber. Pas de doute, ce sont bien eux que j'attendais et celui que je cherche ne doit pas être bien loin. Je scrute l'entrée et commence à être légèrement inquiète en ne le voyant toujours pas. Mes informations seraient-elles erronées ? Je patiente encore quelques secondes, mais je suis trop anxieuse pour rester en place.
Je me lève, quand soudain, je le vois entrer et je m'assieds, soulagée. Il est bel et bien là, devant mes yeux. Il marche d'un pas assuré, démontrant son caractère indomptable. Sa carrure est imposante et on devine son corps d'athlète sous sa chemise. Sa force physique ne fait aucun doute et c'est un élément que je grave dans mon esprit. Sa mâchoire saillante, parfaitement dessinée, est recouverte d'une barbe de quelques jours. Son teint hâlé met en valeur ses cheveux ébouriffés, noir de jais. Sa tête se tourne un millième de seconde dans ma direction et nos regards se croisent. Ses yeux d'un bleu glacial me font froid dans le dos. Je suis obnubilée par sa présence, n'arrivant pas à croire qu'il se tient face à moi, enfin.
Pas de doute, c'est bien celui que j'ai recherché si ardemment. À partir de maintenant, je ne vais plus le quitter, bien décidée à parvenir à mes fins.
Flynn Drevor, promis, cette fois je t'envoie en prison !
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Promis, cette fois je t'envoie en prison !
Romance✨ Gagnant des Wattys 2023 ! 🏆 Lorsqu'un terrible drame se produit, une seule obsession subsiste : la vengeance. *** Emma, étudiante en faculté de droit, est une véritable détective dans l'âme. Depuis son enfance, elle est passionnée par les enquête...