Promis, cette fois je t'envoie en prison !

Chapitre 26

Je tiens le papier avec le numéro de Jev, hésitant à lui envoyer un message. J'essaie de trouver une accroche originale, en vain. Finalement, j'inscris son contact et lui envoie une phrase bateau.

·Salut ! C'est Emma, j'ai enfin un nouveau tel 😊

J'ai à peine le temps de poser mon appareil que la vibration retentit.

· C'est pas trop tôt haha. Je commençais à désespérer de recevoir ton message.

· Mieux vaut tard que jamais, comme on dit !

J'attends sa réponse pendant un laps de temps, collée à mon mobile, mais elle ne vient pas. Est-ce que ma phrase était si nulle que ça ? Je commence à douter, quand les vibrations résonnent une nouvelle fois.

· Tu vas faire quoi de ta soirée ? 😊

Mon cœur palpite en voyant que Jev a relancé la conversation.

· Je vais passer à la bibliothèque pour bosser un peu. Et toi ?

· Je pense que je vais regarder Netflix. Je te laisse travailler alors, à demain.

Je ne peux m'empêcher d'être déçue en lisant sa réponse. Je pensais échanger encore un peu avec lui, mais il a raison, je dois aller étudier.

La bibliothèque n'est pas très loin de chez moi et j'y vais à pied. Sur le trajet, je m'arrête dans un café pour acheter à boire. La devanture en bois rouge verni donne un côté très british au lieu. Une plaque noire est accrochée au centre, avec l'inscription « Queen Coffee» gravée en lettres dorées. À l'intérieur, le sol est recouvert d'un parquet et des tonneaux font office de tables. Les lumières sont tamisées, rendant ce lieu encore plus mythique. Je commande un café à emporter, puis me dirige vers la sortie. Au moment où je pose la main sur la poignée, j'aperçois Flynn, de l'autre côté de la rue. Ses cheveux sombres se confondent presque avec son blouson noir ébène.

Sans réfléchir, je sors et le prends en filature. Je respecte une certaine distance entre nous, afin qu'il ne remarque pas ma présence. Il tourne à droite et j'accélère le pas, pour ne pas le perdre. Il marche à vive allure et mes petites enjambées ne me permettent pas d'avoir son rythme. Je suis obligée de le suivre en trottinant et me demande jusqu'où il compte aller. Il semble connaître son chemin et est déterminé à atteindre son but. Est-ce qu'il se rend chez une de ses conquêtes ? Je ne suis pas sûre de vouloir connaître la réponse.

Voilà un bon quart d'heure que je le suis et mon café a bien refroidi. Flynn traverse la rue et je m'apprête à faire de même, quand, soudain, une voiture arrivant à très vive allure, m'oblige à m'arrêter pour ne pas me faire renverser. En levant la tête, je constate qu'il n'est plus là. Je ne peux me retenir de pester à haute voix et me mets à courir pour tenter de le retrouver. Je regarde de tous les côtés, en vain.

Quelques minutes plus tard, j'abandonne, découragée. Je dois me faire à l'idée que j'ai perdu sa trace et que ce n'est pas aujourd'hui que j'en découvrirai davantage. Je déteste le café tiède et je m'apprête à le jeter, quand je remarque un homme sans domicile, allongé à même le sol. Je lui tends ma boisson encore pleine. Le monsieur l'accepte, l'air heureux, et ne cesse de me remercier pour ma gentillesse. Je suis loin de lui avoir offert un objet de valeur, et pourtant, au vu de sa réaction, il doit se sentir bien seul et délaissé de tous. Cela m'attriste profondément. Même si j'ai perdu Flynn, j'ai au moins réussi à faire sourire cet inconnu, ce qui me met du baume au cœur.

Je m'apprête à rebrousser chemin, quand je remarque les portes du supermarché à proximité s'ouvrir. Flynn en sort et par réflexe, je me cache derrière une grosse poubelle, n'étant pas très sûre de ma discrétion. Il semble s'être arrêté pour faire quelques courses, car il a un sac à la main. Cette fois, pas question de le laisser filer à nouveau.