Chapitre 40

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Le cœur lourd, je m'apprête à rejoindre Flynn. Il m'a envoyé par message le lieu et l'heure du rendez-vous. La confiance que m'accorde Jev me fait un peu culpabiliser, car voir Flynn ne me laisse pas totalement indifférente. Ressentir une émotion de ce genre me révulse au plus haut point et j'ai l'impression d'être prise à mon propre jeu. Il est vrai qu'il n'existe qu'un pas entre l'amour et la haine, mais dans ma situation, franchir ce pas est inconcevable. Bien que le tueur soit à ce jour inconnu, les pistes me ramènent inéluctablement vers lui. Il est donc hors de question que je puisse ressentir la moindre sympathie envers Flynn. Si j'ai accepté cette invitation, c'est uniquement parce que Jev a insisté.

Je plonge mes mains dans l'eau froide et m'asperge le visage, dans le but de retrouver des pensées lucides. Quand je relève la tête, mes yeux croisent mon reflet dans le miroir. J'ai les traits tendus et le visage fatigué. À l'aide d'un fond de teint et de poudre, je tente de me donner une meilleure mine. Je regarde à nouveau mon portable, il est l'heure d'y aller.

Je me gare près du parc et je sors de ma voiture. La température est clémente, avec un ciel dégagé et un soleil brillant. Mes mains sont moites et il m'est impossible de chasser une sensation de malaise. Suis-je prête à entendre ce que Flynn va m'annoncer ? Vais-je parvenir à me contenir ? J'ai extrêmement mal dormi cette nuit, tant j'ai ressassé de questions dans mon esprit.

Une main se pose sur mon épaule et j'ai un léger sursaut. Je prends une dernière inspiration et me force à sourire, en me tournant vers Flynn. Il est vêtu simplement : jean et pull blanc. Sa mine semble aussi fatiguée que la mienne, ce qui renforce mon anxiété.

— Salut, bien dormi ?

— Bien dormi et toi ?

— Oui, super.

Je sais pertinemment que nous mentons tous les deux, mais je ne fais aucune réflexion. Nous marchons dans le parc, côte à côte, en silence.

Cet espace vert comprend des aires de jeux, des chemins de randonnée et des points d'eau. Les allées sont très prisées des coureurs et les promeneurs apprécient de flâner entre les massifs de roses et les alignements d'arbres. L'herbe est bien tondue et permet la pratique d'activités sportives. Les enfants peuvent jouer sans danger et les parents profiter de ces moments de détente entre amis.

Flynn m'invite à m'asseoir sur un banc, face à un bassin rectangulaire où quelques canards ont élu domicile. Le cadre est idyllique et je ferme les yeux, presque apaisée. J'arrive à faire le vide dans mon esprit, en focalisant mon attention sur les bruits ambiants. J'entends des pigeons prendre leur envol et des enfants rire aux éclats. Quand j'ouvre les yeux, je constate que Flynn me fixe avec insistance. Je ne le pense pas prêt à parler pour le moment et tente de le mettre en confiance.

— Au fait, je ne crois pas que tu m'aies raconté comment vous êtes devenus amis, Jev et toi.

— Oui, c'est vrai. On s'est rencontrés au lycée. On était dans la même classe et on s'est très vite bien entendus. On avait des passions en commun, l'informatique entre autres. Avec le temps, on a compris qu'on souffrait tous les deux d'un mal être intérieur. Je me suis confié sur mon besoin d'argent et c'est là qu'est née notre idée de hacker des délinquants. On a réussi à se créer un petit réseau et d'autres personnes nous ont rejoints. Tu sais, Jev est vraiment une personne digne de confiance.

Flynn a l'air de beaucoup porter son meilleur ami dans son cœur et ne se doute pas une seconde qu'il puisse le trahir, en s'alliant à moi. Pourquoi ai-je l'impression d'avoir le mauvais rôle ?

— C'est cool que vous ayez développé une amitié aussi forte, lancé-je, avec un nœud à l'estomac.

— Oui et c'est le seul, avec toi, à qui j'ai raconté ma vie privée.

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant