Chapitre 32

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Avant de sortir, je me regarde dans le miroir. Je rentre mon haut framboise dans mon pantalon et resserre ma ceinture d'un cran, pour affiner ma taille. Je vérifie l'heure et attrape ma longue veste couleur papyrus. Nous avons enfin programmé un rendez-vous avec Jev : il va m'accompagner pour l'achat de mon nouveau téléphone. Mes parents m'ont fait un virement, hier, et j'ai hâte d'avoir un mobile aux capacités maximales. Bien que je l'avais envisagé, je n'ai pas réclamé le remboursement à Flynn. Il est à l'origine de la détérioration de mon portable, mais c'est moi qui l'ai provoqué en premier lieu.

Avec Élodie, nous sommes allées plusieurs fois au centre commercial La Palmera. Connaissant bien le chemin, je me permets d'apprécier le paysage en baissant la vitre pour laisser l'air frais s'engouffrer dans l'habitacle. J'adore conduire seule et être envahie par cette sensation de liberté. Un jour, sur un coup de tête, j'ai conduit plus de cinq heures, guidée par le seul hasard.

Le temps semble filer à une vitesse folle et sans même le réaliser, je suis déjà arrivée au parking. Dans mon rétroviseur, je remarque qu'un véhicule rouge me colle d'un peu trop près. Je croise brièvement le regard du conducteur et un sentiment d'anxiété me parcourt tout le corps. Je chasse ce sentiment infondé et passe la première, à la recherche d'une place, que je ne parviens pas à trouver. Toujours sur mes gardes, je lance un coup d'œil en arrière et remarque une voiture quitter son emplacement et le véhicule rouge s'y garer. Je m'engage vers le niveau inférieur, en vérifiant que personne ne me suive, et soupire, soulagée.

L'étage est presque vide et je me gare facilement. Puisque je suis en avance, je compte en profiter pour flâner dans les boutiques. J'ai toujours un peu de mal à trouver la sortie dans les parkings souterrains. Un panneau fléché m'indique le chemin à prendre et je m'y dirige.

Brusquement, la sensation d'oppression refait surface. Je me retourne, aux aguets, mais ne distingue personne. Consciente d'être trop méfiante, je tente de me convaincre qu'il s'agit seulement d'un mauvais pressentiment immotivé et que rien ne peut m'arriver. Par de petites inspirations, j'essaie de reprendre un rythme cardiaque normal. Je jette un dernier regard pour vérifier à nouveau que personne ne me suit et j'ouvre la porte menant à la cage d'escalier.

J'ai à peine le temps de pénétrer dans le couloir qu'une poigne ferme me tire vers l'intérieur. Je pousse un cri de surprise en entendant la porte se refermer dans un claquement sec. En levant les yeux, je reconnais le regard du conducteur du véhicule rouge, que j'avais croisé quelques minutes plus tôt. Celui-ci n'a pas l'air très commode et son sourire est glacial, présageant qu'il ne souhaite pas discuter uniquement du beau temps. Mon mauvais pressentiment était bel et bien fondé et j'ai baissé ma garde trop tôt.

Je me tiens à un mètre de mon agresseur et jauge la situation. Derrière moi, se trouve la porte menant au parking. Étant la plus proche, je pourrais l'atteindre facilement. Et après ? L'assaillant me suivrait et l'endroit est désert. Je me retrouverais bloquée avec lui, sans accès à la sortie. La meilleure solution est de détourner son attention et de monter l'escalier. Pour l'instant, il se trouve en travers de mon chemin et je ne peux pas foncer tête baissée. Afin de ne pas lui laisser entrevoir ma peur, j'entame la conversation, prudemment :

—Je peux t'aider ?

— Oui, je te cherchais.

Mes cheveux se dressent sur ma tête. Pourquoi me cherchait-il ? Qui est-t-il ? Je dois en savoir plus pour définir un plan d'action.

— Mais pour quelle raison ?

— Tu ne te souviens pas de moi ou tu simules ?

Je tente de dissimuler les tremblements de mes mains et fouille dans mon esprit, persuadée de ne pas connaître cet individu. Il semble remarquer mon étonnement et tourne légèrement la tête vers la droite, dévoilant une longue cicatrice sur sa joue. Instantanément, mon cerveau se remémore le contexte de notre rencontre. Il s'agit de l'homme qui se tenait devant le supermarché, accompagné de son ami aux piercings, le jour où j'ai pris Flynn en filature. Il s'était fait maîtriser par ce dernier, après que j'ai provoqué intentionnellement une altercation. Ma mine se déconfit aussitôt.

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant