Chapitre 28

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— T'es vraiment sûre de toi ? me questionne Élodie, pas très convaincue.

— Sûre et certaine, c'est le bon moment !

Accroupie derrière un buisson, je tends le cou pour voir au maximum l'entrée de l'appartement de Flynn. J'ai convaincu Kyle de me donner l'adresse, en lui promettant de ne pas provoquer le garçon. J'ai emmené Élodie avec moi pour renforcer la filature, afin de ne pas le perdre à nouveau.

— Ça fait deux heures qu'on attend et il est toujours pas là, constate mon amie. On l'a peut-être loupé.

— On attend encore un peu, on va peut-être le voir rentrer chez lui.

Une bordure végétale permet de séparer les différents bâtiments, ce qui est parfait pour s'y cacher en toute discrétion. Je commence pourtant à être fatiguée de cette attente et mon dos me le fait payer, en me lançant des pointes douloureuses.

Le bruit d'une porte se fait entendre et je lève les yeux, pleine d'espoir. Une dame, promenant son chien, sort et je soupire, dépitée. En jetant une œillade, je remarque qu'Élodie est dans le même état de lassitude que moi. Devrait-on abandonner pour aujourd'hui et retenter notre chance plus tard ? En pleine interrogation silencieuse, je reviens soudain à la réalité quand j'aperçois la silhouette de Flynn non loin de nous et je secoue le bras de mon amie pour l'en avertir. La porte était sans doute mal claquée, expliquant pourquoi nous ne l'avons pas entendu se rouvrir. Mon plan peut enfin débuter.

Flynn marche à vive allure, tout en tapotant sur son téléphone. Avec mon amie, nous nous tenons en retrait à bonne distance. Il ralentit enfin le pas et rentre dans un magasin d'électroménager. Je fais signe à Élodie de rester cachée et m'approche à mon tour de l'entrée. Je vois deux jeunes gens, à l'air plutôt marginal, en train de fumer. Ils seront parfaits pour la suite. Je rentre dans le magasin, attendant à proximité de l'entrée. Au bout de quelques minutes, j'aperçois Flynn se diriger vers la file d'attente en caisse et je ressors. Il est temps de vérifier ma théorie et j'espère avoir un bon timing.

J'accoste les deux personnes que j'avais repérées :

— Vous pouvez pas aller fumer ailleurs ? Avec vos têtes de voyous, vous faites fuir tout le monde.

Les deux garçons se tournent vers moi, l'air ahuri. L'un d'eux a une cicatrice le long de la joue et l'autre possède une ribambelle de piercings sur le visage. Ils n'ont pas l'air très commodes et j'ose espérer que tout se déroulera comme je l'ai prévu.

— T'as un problème ? s'avance l'un deux, dont la colère transparaît dans la voix.

— Oui, je pense avoir un problème avec vous deux, dis-je, en les provoquant intentionnellement.

— T'es tarée. Barre-toi si tu veux pas qu'on te règle ton compte, menace le deuxième.

Je jette un rapide coup d'œil vers l'entrée du magasin et j'aperçois la chevelure de Flynn. Le timing est parfait, c'est le moment de tout donner.

— Utilise la force si tu l'oses. Enfin, si tu y arrives.

J'accentue ma phrase par un sourire de peste, digne de Molly. La réaction ne se fait pas attendre et le garçon à la cicatrice donne sa cigarette à son ami et m'attrape violemment le bras pour me jeter au sol. Je crie davantage de surprise que de douleur et j'amortis la chute, comme Kyle me l'a appris, pour ne pas me blesser.

— Tu te prends pour qui ? leur hurlé-je, avec un jeu digne d'une grande actrice.

— C'est toi qui as commencé à nous chercher !

Je me jette sur celui qui m'a fait tomber et le pousse en arrière. Le garçon s'apprête à riposter, les poings en avant, quand Flynn intervient, en s'interposant devant moi. Il maîtrise les coups de mon assaillant et le repousse, tout en lui déclarant, dans un grondement :

— Si vous la touchez encore une fois, vous aurez affaire à moi.

— T'es qui toi ? Son copain ?

— Et si c'était le cas ?

Le silence retombe soudainement et les garçons se toisent, d'un air renfrogné.

— Partez maintenant, si vous ne voulez pas de conséquences, insiste Flynn.

— Tu crois nous faire peur ?

Sans attendre, il s'approche du balafré et le plaque au sol, les bras croisés dans le dos. Son ami aux piercings est trop hébété pour réagir. Aux râlements sourds du garçon, Flynn desserre légèrement son emprise, sans toutefois le laisser libre.

— T'en veux encore ?

— C'est ta copine qui est venue nous chercher, nous on a ...

Le garçon n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il pousse un gémissement quand mon sauveur lui serre à nouveau les bras.

— Si je te lâche, vous partez tous les deux ?

— Ou...oui... acquiesce à contre-cœur le garçon à terre.

Sur ces mots, il desserre l'étreinte et se relève. Les deux jeunes gens détalent, non sans me lancer un regard haineux, et je peux enfin soupirer. Mon plan a parfaitement fonctionné et Flynn s'est interposé pour me sauver.

— Ça va ?

Une légère inquiétude se dessine sur son visage et je hoche la tête.

— Merci d'être intervenu. C'est assez... inattendu de ta part.

— Tu me prends pour qui ? répond-il, en fronçant les sourcils. Tu penses vraiment que je vais laisser une fille sans défense se faire agresser ? Même si dans ton cas, tu ne me parais pas si sans défense que ça.

— Flynn le héros, t'es un peu remonté dans mon estime, je crois bien.

— T'es toujours obligée d'être dans le sarcasme, râle-t-il, dans un demi-sourire.

L'ambiance s'est apaisée et je souris à mon tour, sans me forcer. Pour la première fois depuis le début, j'ai l'impression que nous sommes sur la même longueur d'onde, sans artifices ni fioritures.

— Tu me ramènes chez moi ? demandé-je, avec une petite moue angélique.

— Démerde-toi, j'ai atteint mon quota de gentillesse pour aujourd'hui.

Je reste sans voix et il en profite pour s'éclipser, en me lançant un signe de la main. Plus rien ne m'étonne venant de lui. Mais j'ai néanmoins pu vérifier ma théorie : Flynn est loin d'être le garçon indifférent de la fac. Quant à moi, je me suis servie de deux personnes innocentes pour mettre mon plan à exécution. Bien que je culpabilise un peu, je ne regrette rien car je suis prête à tout pour parvenir à mes fins.

Flynn m'a surprise, je ne pensais pas qu'il était si doué en self-défense. Il a maîtrisé son adversaire en deux secondes. Ce qui prouve, que même s'il est moins agressif qu'aux premiers abords, il peut, s'il le souhaite, ne faire qu'une bouchée de moi. Je dois redoubler d'attention et rester sur mes gardes.

Je rejoins Élodie. Elle a assisté à toute la scène, prête à intervenir dans le cas où Flynn m'aurait ignorée. Même si elle n'aurait pas été de taille face aux deux assaillants.

— J'ai cru que ça allait mal se terminer cette histoire ! J'allais intervenir quand il a débarqué. Le bad boy de la fac qui vient te sauver, c'est tellement romantique !

Comme toujours, Élodie s'emballe en se faisant mille scénarios dans sa tête et je lui plaque ma main contre la bouche pour la faire taire, ce qui la fait râler.

— En tout cas, il a l'air beaucoup plus sympa qu'en cours. Du genre moins hargneux, dit-elle.

— C'est exactement la remarque que je me suis faite.

Nous continuons notre conversation sur le trajet et une fois ma voiture récupérée, je ramène Élodie chez elle, avant de rentrer. J'envoie un message à Kyle :

· Je me pose de plus en plus de questions sur le rôle de Flynn, dans le meurtre de mon frère.

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant