Chapitre 43

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À l'évocation de ce tragique souvenir, ses doigts se crispent et tout son corps est tendu. Je comprends qu'on en vient aux détails sur les circonstances de la mort de mon frère.

— Ce n'était pas rare qu'Aron m'appelle, donc j'ai décroché sans me poser de questions. En entendant sa respiration saccadée, j'ai tout de suite compris que quelque chose de grave s'était produit. Avant que ça ne raccroche, il m'a demandé de te protéger à sa place. J'ai immédiatement su que le pire était à craindre. Je me suis empressé de récupérer sa dernière localisation avant que son téléphone ne s'éteigne et je me suis précipité sur les lieux. Mais quand je suis arrivé, c'était déjà trop tard...

Aucun d'entre nous n'ose esquisser un geste. J'entends les sanglots refoulés d'Élodie et les reniflements de Flynn. Le garçon a le visage sombre et ses yeux regardent le sol. Pour ma part, je ne peux réagir, tout mon corps semble écrasé sous le poids des mots et de la scène qu'ils évoquent.

— Je n'ai rien pu faire, reprend Flynn, d'une voix presque inaudible. Son corps n'était pas à l'endroit exact indiqué par son téléphone. Je pense qu'il a rassemblé ses ultimes forces pour se traîner, mais gravement atteint, il s'est écroulé dans une ruelle un peu plus loin. C'était horrible à voir, mais je n'ai pu que constater qu'il ne respirait plus.

— Mais pourquoi tu n'as pas appelé immédiatement les flics ?

— Sous le choc, je ne savais pas quoi faire. Si je les avais appelés, ils auraient retracé les activités de notre groupe. On aurait tous été en danger. Toi aussi, tu aurais pu être mêlée à tout ça. Et je savais que c'était tout ce que ton frère ne voulait pas. Donc, comme il me l'avait demandé, je t'ai recherchée.

— Mais tu ne savais pas que nous n'avions pas le même père et donc, pas le même nom de famille...

— C'est pour ça que je n'arrivais pas à te trouver. Même si Aron me parlait souvent de toi, il ne m'avait jamais donné ce type d'information et il utilisait un téléphone secondaire pour me contacter. Tes parents non plus ne s'appellent pas comme lui et j'ai commencé à douter de ton existence. Jusqu'à ce fameux jour, à la cafet, où j'ai cru le revoir en toi. Ton attitude était tellement semblable à la sienne. Cette fois, j'étais déterminé à recoller les morceaux entre nous afin de créer la confiance. Tu dois aussi savoir qu'en parallèle, j'ai enquêté sur la mort d'Aron, avec Jev qui m'a beaucoup aidé. Même s'il n'était pas très proche de ton frère, il l'appréciait. Malheureusement, aucune piste jusqu'à maintenant n'a été concluante.

Tout se mélange dans ma tête et le surplus d'information me donne le tournis. Jev connaissait mon frère ? Cela me semble logique, mais je n'y avais jamais pensé. Et est-ce que Flynn était aussi proche d'Aron qu'il l'affirme ? Soudain, le cliché des deux garçons apparaît dans mon esprit.

— Durant ta soirée, j'ai fouillé ta chambre et je suis tombée sur une photo de toi avec mon frère. Pourquoi semblait-il contrarié ?

— Comment ça, tu as fouillé ma chambre ? dit-il, en fronçant les sourcils.

— Réponds d'abord à ma question.

— Cette photo est très importante pour moi, c'est la dernière que nous avons prise avant sa mort. Comme d'habitude, il était très joyeux. Il m'avait raconté qu'un certain Luc, qu'il n'aimait pas, tournait autour de toi depuis plusieurs jours et que tu l'avais enfin envoyé bouler. Cette situation l'amusait beaucoup. Alors, pour le taquiner, je lui ai dit qu'un jour viendrait, où un garçon que tu aimeras t'emporterait sous ses yeux. C'est à ce moment-là que la photo a été prise et on peut voir à quel point Aron n'avait pas du tout apprécié ma blague.

Maintenant que Flynn l'évoque, le râteau que j'ai mis à Luc me revient. Aron en était très content et je suis étonné qu'il lui ait raconté ça. Même si les deux semblaient être de vrais amis, c'est toujours gênant qu'un inconnu sache une partie de notre intimité.

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant