Chapitre 21

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La vie à la fac a repris son cours normal et les journées sont passées particulièrement vite. Entre les travaux de groupe à préparer et les leçons à revoir, je n'ai pas eu le temps de parler de nouveau à Flynn. Bien qu'il soit mon objectif premier, ma scolarité est extrêmement importante et redoubler n'est pas une option envisageable. Me venger me permettra de continuer à vivre un semblant de normalité, mais je ne dois pas pour autant entraver mon futur.

Il s'est écoulé presque deux mois depuis la rentrée et j'ai l'impression de stagner, parfois même d'avancer à reculons. D'après mon horoscope, la chance devrait me sourire aujourd'hui. Même si je ne pense pas que l'alignement des étoiles puisse exercer une grande influence sur ma vie; je vois tout de même cela comme un signe et je suis prête à saisir l'opportunité. C'est le moment de passer de nouveau à l'attaque.

Je m'y suis préparée depuis ce matin, avec les vêtements que j'avais achetés avec Élodie : combinaison pantalon rouge, très glamour, avec un fin collier, et des créoles dorées. Je me sens suffisamment jolie pour être en confiance, sans toutefois être dans l'excès et attirer tous les regards sur moi ; le juste milieu. Pour une fois, le cours est passé très vite tant j'étais absorbée par l'enseignement du professeur.

— Élodie, tu peux me prêter ton surligneur, s'il te plaît ? interpelé-je mon amie.

Elle me le tend et je mets en jaune des notes que j'ai prises, concernant les notions les plus importantes que je vais devoir assimiler. En regardant l'heure, je constate que le moment fatidique ne va pas tarder. Au moment où le professeur clôt son cours, tous les élèves se lèvent dans un même élan, telle une horde passant à l'attaque. Les bancs se vident à une vitesse folle, chacun étant pressé de rentrer chez soi et de prendre un repos bien mérité.

— On rentre ensemble ? questionne Élodie, en rangeant ses affaires.

— Ça te dérange de rentrer sans moi ? J'aimerais rejoindre Jev.

Pendant que David a la tête tournée, je fais un clin d'œil à Élodie pour lui signifier de saisir sa chance. Sans hésitation, elle acquiesce, heureuse de se faire raccompagner par notre ami.

— Pas de soucis, je comprends ! Tu viens David ? ajoute-t-elle, en mettant la main sur son épaule.

Après m'avoir dit au revoir, il la suit pour sortir. J'espère vraiment qu'ils vont en profiter pour se rapprocher et enfin concrétiser leur relation. Maintenant, j'ai mon propre problème à régler. Je prends une grande respiration et me tourne vers la bande, bien décidée à mettre les choses au clair avec Flynn, suite à son attitude à la cantine. Molly n'est pas avec eux et ça me rassure, car depuis notre dispute dans le couloir, je l'évite, mal à l'aise à l'idée de la côtoyer.

Je me plante devant eux. Jev lève un sourcil inquisiteur, visiblement inquiet pour la suite. Je chasse son appréhension d'un geste de la main et lui signifie que je maîtrise la situation. Sans que je n'aie le temps de faire un pas de plus, Flynn se lève pour me faire face, tel un mur infranchissable.

— Qu'est-ce que tu veux, cette fois ?

À peine ai-je levé les yeux vers lui, qu'il accroche mon regard et j'en ai le souffle coupé. Ses yeux en amande, bordés de cils très longs, me fixent sans cligner. Il porte un tee-shirt kaki et un pantalon gris anthracite, glissé dans des bottes noires qui lui arrivent à mi-mollet. Ses vêtements le mettent en valeur et accentuent son air de voyou. Je baisse la tête quelques secondes, en sentant la nervosité monter, et je lance un regard furtif vers la sortie.

Il a sûrement remarqué que je perds mes moyens, puisque sa bouche pulpeuse affiche un sourire narquois, révélant des dents parfaitement blanches qui étincellent comme des crocs acérés. Il m'examine de la tête aux pieds. Déconcertée, je me secoue intérieurement pour me forcer à retourner à la réalité. Il en faut plus que ça pour me déstabiliser ! D'un raclement de gorge, j'éclaircis ma voix pour répondre sans animosité :

— Justement, à ce sujet, je suis désolée que la situation ait dégénéré entre nous et ça serait cool qu'on mette les choses au clair !

Il m'observe, sans se départir de son calme, et ne prononce pas un mot, arborant toujours un sourire provocateur. Flynn est loin d'être une personne vilaine, mais sa froideur le rend désagréable. Malheureusement pour lui, je suis une personne très têtue qui ne reste jamais sur une défaite.

— Bon, je suis venue m'excuser. On repart sur de bonnes bases, toi et moi ? tenté-je à nouveau.

Rapide comme un félin et sans que je ne le voie venir, il me plaque contre le mur. Du coin de l'œil, je remarque Jev, prêt à intervenir. Depuis tout à l'heure, il assistait à la scène en silence, me laissant contrôler la situation. Je croise son regard et lui fais un signe pour le dissuader. Surpris, il hoche la tête et recule d'un pas.

Le sourire de Flynn s'évanouit et il est si près, que je détaille ses pommettes hautes, son nez bien droit et sa mâchoire saillante. Il plisse les paupières d'un air menaçant et me lance des regards inquiétants. Il siffle entre ses dents et dit d'une voix rauque :

— Je crois que t'as pas bien saisi à qui tu parles. Ne joue pas à la fille courageuse, tu sais pas ce que tu peux perdre. Maintenant, tu dégages et tu viens plus jamais nous parler, j'ai toléré ta présence trop longtemps. Je ne le répéterai pas deux fois.

Les yeux écarquillés, j'essaie de lui lancer une réplique cinglante mais ma gorge est nouée et aucun mot ne sort. Il s'approche davantage et penche la tête sur le côté. Ses mèches me caressent le visage et je sens son souffle sur ma nuque.

— Tu ne sais pas à quel genre d'histoires je suis mêlé, me susurre-t-il à l'oreille. Un bon conseil gamine, tiens-toi loin de moi, sinon tu t'en sortiras pas indemne.

Je déglutis difficilement, en tremblant de rage, et une amertume envahit ma bouche. J'en étais sûre, il est vraiment lié à des histoires sombres. Flynn est un vrai délinquant, impossible qu'il reste en liberté plus longtemps, car personne n'est en sécurité en sa présence. Je rassemble le peu de courage qu'il me reste, et m'efforce de sauver la face en le toisant.

— Tu ne me fais pas peur, murmuré-je à mon tour.

Sans crier gare, il se met à ricaner et je me fige. Son rire me glace et il ajoute, en se moquant ouvertement de moi :

— Quand tu déclares ce genre de phrase, essaie de le faire sans trembler, ça rendra la chose plus crédible.

Je sens la colère monter et je serre les poings. Je continue à soutenir son regard glacial, puis le pousse pour me dégager. Il m'attrape le poignet une demi-seconde pour me faire face et je sens le contact brûlant de sa main. Un frisson de peur me parcourt la peau et hérisse mes poils. Il finit par me lâcher, en levant les mains en l'air, pour me signifier qu'il ne me fera rien, sans se départir de son rictus.

J'ai l'impression que la situation l'amuse plus qu'autre chose et qu'il prend son pied à me ridiculiser devant les autres. C'est sa manière de faire comprendre à la bande qu'il est le chef et que je ne suis qu'une broutille. Mais il est hors de question que je me laisse marcher dessus plus longtemps. J'ai tenté plusieurs approches, en vain. Tel un félin, il est imprévisible, passant de la menace à la moquerie, en une fraction de seconde. La situation me lasse et je n'ai plus envie de jouer à la gentille fille. De toute manière, cela ne marche pas avec lui, ce n'est pas la bonne méthode.

S'il ne veut pas discuter avec moi, alors je change de plan. Aucune chance que je laisse un gars aussi détestable me ridiculiser. Le temps presse, j'ignore quelle est la meilleure attitude à adopter, mais je choisis la provocation. Mon jeu d'acteur est terminé. Je laisse place à la véritable Emma, celle qui tiendra tête à Flynn, jusqu'à l'emporter en enfer.

— T'es vraiment détestable, tu te crois au-dessus de tout le monde. C'est quoi ton problème à la fin ?

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant