Promis, cette fois je t'envoie en prison !

Chapitre 18

 — C'est vrai que je n'apprécie pas vraiment Molly, commence-t-il, mais je pense qu'elle a un passé difficile qui pourrait expliquer son comportement.

— Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, mais ça n'excuse pas son caractère de peste, rétorqué-je, pas très convaincue.

— Bon, tu me laisses continuer ?

— Pardon, je ne la porte vraiment pas dans mon cœur, mais explique moi, s'il te plaît.

— C'était une nuit, l'année dernière. J'arrivais pas à dormir, du coup, je suis sorti prendre l'air et me balader. J'ai croisé Molly par hasard, il était environ deux heures du mat et j'ai pensé que c'était dangereux pour une fille d'être seule dans la rue, aussi tard. Comme elle était de dos, elle ne m'a pas vu et j'ai accéléré le pas pour la rattraper.

Je l'écoute attentivement, en me demandant ce qu'il a découvert, quand, soudain, mon téléphone vibre et me ramène à la réalité. Il sonne vraiment au mauvais moment et je peste en l'attrapant. Déconcertée, je cligne des yeux surprise, quand je vois le nom de mon père s'afficher sur l'écran. Il sait que je suis en cours et ne m'appelle jamais dans la journée. Je comprends instantanément qu'il y a un problème grave. Je me fige, livide, et Jev arque le sourcil, d'un air interrogateur.

— J'ai un truc urgent à régler, j'en ai pour deux minutes.

Je m'éloigne rapidement des oreilles indiscrètes et m'appuie contre le mur. Comme j'ai raté son appel, je vais sur le contact de mon père et appuie sur l'onglet téléphone. À peine une sonnerie retentit que sa voix grave se fait entendre :

— Emma, enfin, tu réponds !

— Qu'est ce qui se passe ? demandé-je, la voix tremblante.

— C'est ta mère, on a un problème.

Ses mots résonnent dans ma tête, le temps s'est figé et je pense au pire. Et si ma mère n'avait pas supporté son état, en décidant de mettre fin à ses jours ? Je crains d'entendre la vérité et à cette pensée, un frisson descend le long de mon dos.

— Qu'est-ce qu'elle a fait ? finis-je par le questionner, la gorge serrée.

— Elle s'est enfuie de la maison. Je suis rentré plus tôt du travail et je ne la trouve plus. J'ai tenté de l'appeler, en vain. Essaie de la contacter, elle te répondra sûrement, supplie mon père.

Soulagée, je soupire. Bien que sa disparition reste préoccupante, il y a de fortes chances pour qu'elle soit toujours de ce monde. Ce n'est pas rare qu'elle fasse des crises et dans ces moments, elle est comme déconnectée de la réalité.

— D'accord, j'essaie de la joindre, je te tiens au courant.

En raccrochant, je remarque Jev qui se tient non loin de moi. Son visage laisse transparaître son inquiétude mais il reste en retrait, ne sachant pas s'il peut s'approcher de moi. Je le rejoins, toujours troublée par l'appel de mon père.

— Désolée, ma mère est partie et on ne sait pas où elle est. Il faut que je l'appelle, mais tu peux aller manger si tu veux.

— Non, pas question de te laisser seule. Règle tes problèmes, je t'attends ici.

Ce garçon est tellement gentil et attentionné que je ne peux pas lui en vouloir bien longtemps ; notre altercation a vite été oubliée. Je le remercie et appelle ma mère. Elle ne décroche pas et je la harcèle, bien décidée à réussir à la joindre. Au bout du sixième coup de fil, elle me répond enfin, d'une voix blanche :

— Pourquoi vous me harcelez tous ?

— Enfin ! Tu vas bien ? Où es- tu ? Papa s'inquiète, tu ne réponds pas à ses appels.