Chapitre 08

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La semaine s'est écoulée sans aucun incident, bien que Molly continue de me lancer des regards haineux. J'ai eu l'occasion de croiser Jev à plusieurs reprises dans les couloirs. Nous nous saluons avec un léger sourire et parfois, échangeons quelques mots, toujours à l'abri du regard de Flynn. Il est préférable d'éviter de créer de nouveaux problèmes pour le moment. Je m'attendais à avoir des représailles de sa part, à la suite de ma dispute avec Molly, mais ce n'est pas le cas. J'ai deux théories : soit Flynn n'accorde aucune importance à cette fille et il ne juge pas nécessaire de la défendre ; soit Jev a pris mon parti en l'empêchant d'agir. Je crois que je ne le saurai jamais, même si l'idée que ce dernier soit intervenu m'est plutôt agréable.

Concernant Flynn, il sera compliqué de briser sa carapace mais je patienterai. Cela fait plus d'un an que je le cherche, alors je suis prête à prendre tout le temps nécessaire pour m'immiscer dans ses secrets les plus enfouis. Je suis déterminée à mettre enfin un point final à cette tragédie qui me hante nuit et jour et m'empêche de reprendre une vie normale. Alors, me concentrer sur Flynn m'aide à avancer. Heureusement, je ne suis pas seule, Kyle me soutient. Je l'appellerai après les cours pour prendre de ses nouvelles afin de discuter d'un nouveau plan. Et surtout parce qu'il me manque.

Machinalement, je serre les poings si fort que mes ongles s'insinuent dans la peau. J'ai du mal à rester statique et à écouter le cours. Savoir Flynn non loin de moi met mes nerfs à rude épreuve. Un éclat de rire me ramène soudain à la réalité. Au tableau, le professeur continue à écrire ses théories comme si de rien n'était. Pourtant, les dissipations de certains élèves persistent, rendant la compréhension de la leçon difficile. En pivotant en direction du vacarme, je découvre sans surprise que la bande de Flynn discute et n'écoute rien. Quelques têtes d'étudiants, agacés, sont aussi tournées vers eux, mais personne n'ose les remettre à leur place. J'hésite à faire une remarque. Cela serait bénéfique pour tous, mais mieux vaut que je m'abstienne. Si j'interviens, je peux faire une croix sur Flynn. Élodie me fixe du regard comme si elle lisait en moi et me fait signe de ne pas agir. Elle a sans doute deviné mes pensées.

— Moi aussi, ils me gavent, me chuchote-t-elle. Mais mieux vaut les ignorer.

— T'as raison, ils valent pas la peine qu'on s'occupe d'eux.

Les bavardages incessants durent depuis une bonne quinzaine de minutes et le professeur ne fait preuve d'aucune autorité. Je sais qu'il peut être difficile de suivre les cours en amphithéâtre à cause du bruit, mais là, c'est différent. Le groupe dérange tout le monde et se croit tout permis. Je me tourne à nouveau vers eux. Le seul assidu au travail semble être Jev qui prend des notes, même si je ne sais pas comment il arrive à se concentrer. À ma surprise, Flynn ne fait pas partie des perturbateurs, il est juste tête baissée, collé à son téléphone.

Tant bien que mal, notre dernier cours du vendredi se termine, annonçant enfin le début du week-end. Nous sortons, pressés de retrouver un semblant de tranquillité.

— Ça vous tente qu'on fasse une activité ensemble, demain ? On pourrait aller à la fête foraine près du port.

— Bien sûr, ça peut être sympa, répond Élodie, en se tournant vers David. T'es aussi partant ?

— Évidemment ! En plus, j'ai rien de prévu et je ne vais pas refuser un tel rendez-vous !

Élodie rougit à ces paroles et je les trouve mignons tous les deux. Les ayant beaucoup observés cette semaine, j'ai constaté que leur attirance mutuelle est clairement visible. Mon amie est en train de lui montrer son nouveau fond d'écran et il fait une blague à ce sujet. Elle remet une mèche de ses cheveux derrière l'oreille et pose la main sur l'épaule de David en riant avec lui.

— Bon, les amoureux, dis-je d'un sourire taquin. Moi j'y vais. Je passe chez toi demain à dix-huit heures, ça te va, Élodie ?

Instinctivement, ils s'éloignent et j'éclate de rire en les voyant gênés.

— C'est bon pour moi, rentre bien. David nous rejoindra directement chez moi.

J'acquiesce, en les laissant ensemble. Je regagne ma voiture et ouvre le coffre pour y mettre mon sac. Au moment où je lève la tête, je croise le regard de Flynn. Sa mèche rebelle lui tombe sur le visage et son pull bleu met parfaitement en valeur ses yeux. Je ne m'attendais pas à le croiser et je sursaute. Il hausse un sourcil, ne comprenant pas ma réaction, sans dire un mot.

— Bon week-end.

Je sais que ce n'était pas la meilleure phrase à dire et que c'était même pathétique, mais j'ai été prise de court.

— Pas besoin de faire la conversation quand on est seul, lâche-t-il de manière arrogante.

— Pardon ?

— Tu me parles uniquement pour te donner en spectacle et attirer l'attention sur toi. Mais là, il n'y a pas de public, pas besoin d'essayer de me gratter l'amitié.

Je manque de m'étrangler. Alors c'est ce qu'il pense ? Mes joues virent au rouge et je suis morte de honte.

— Pas du tout, si tu veux tout savoir, je déteste avoir les regards braqués sur moi, réponds-je calmement, en prenant soin de chercher mes mots.

— Vraiment ? J'ai dû me tromper alors, t'es peut-être juste tombée sous mon charme.

— Mais qu'est-ce que... tenté-je de me défendre, sans réussir à terminer ma phrase.

Ce garçon m'insupporte au plus haut point et son attitude contribue à libérer la rage profondément ancrée en moi. Les tempes en feu, je serre les mains contre mes cuisses pour les empêcher de trembler.

— Laisse tomber.

— T'es sûre ? Bon week-end, alors, dit-il, un sourire provocateur sur le visage.

Il continue son chemin, visiblement ravi de ce court échange.

— Eh, merde ! juré-je à haute voix, en donnant un coup de poing sur la carrosserie de ma voiture.

Je respire un grand coup pour me calmer et me laisse tomber dans l'habitacle, le dos de ma main appuyé sur mon front. Flynn essaie de me pousser à bout, mais pas question qu'il y arrive.

Quelques minutes plus tard, je rentre chez moi. En arrivant, je récupère mon courrier et monte les escaliers. Je pose mes lettres sur la table afin de les lire plus tard et file sous la douche. J'adore ce moment de relaxation aux effluves légères de roses, émanant de mon shampoing. Je prends soin d'éponger mes longues boucles. Je suis très fière de ma chevelure que je prends plaisir à chouchouter.

Je prépare une tasse de thé au jasmin et téléphone à Élodie pendant que l'eau chauffe :

— Alors, comment c'était ton retour avec David ?

— Toi, je te déteste ! s'insurge-t-elle à l'autre bout du fil.

— Pourquoi ? demandé-je en plaisantant.

— Tu m'as trop tapé la honte à nous appeler les amoureux ! Mais bon, je te pardonne, parce que grâce à toi, il m'a raccompagnée dans sa belle voiture !

— Ah, parce que tu t'intéresses à lui uniquement pour ça ?

— Mais non, tu sais bien que je ne suis pas superficielle, répond-elle, faussement vexée.

— Je le sais, c'est juste pour te taquiner, ma belle.

Élodie me parle de sa série préférée et du nouvel épisode qui est sorti. Cela me fait du bien de discuter tranquillement avec elle et j'en oublie presque mon énervement provoqué par Flynn. J'écoute mon amie d'une oreille distraite, en triant mon courrier en parallèle, quand soudain, je m'exclame :

— Oh, non, pas encore ça !

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant