Chapitre 24

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J'avais levé le regard et le temps s'était figé. D'abord saisie par sa beauté : ses longs cheveux blonds, qu'elle n'avait pas encore coupés, entouraient délicatement son visage fin. Mais ce qui avait le plus retenu mon attention, c'était ses yeux verts aux longs cils qui me suppliaient de l'aider. En une fraction de seconde, j'avais analysé ce qui se déroulait devant moi. Un garçon assez grand mais pas très musclé, était en train de la brutaliser. Il la tirait par les cheveux, en lui ordonnant d'avancer. Élodie tentait de se débattre, mais n'arrivait pas à maîtriser son agresseur. Alors, elle poussait des cris, suppliant les passants de l'aider, mais personne ne réagissait. Tous restaient spectateurs de cette scène atroce et esquivaient son regard, comme si la violence pouvait être banalisée.

J'étais intervenue, instinctivement, en m'interposant entre l'homme et Élodie. Celui-ci, surpris, s'était mis à beugler :

— Qu'est-ce que tu fous ?

Il se permettait de m'agresser verbalement et j'étais furieuse à mon tour.

— C'est plutôt à toi que je devrais poser la question ! Tu te prends pour qui ? De quel droit tu malmènes cette fille ?

— Occupe-toi de tes affaires, c'est ma copine, je fais ce que je veux !

Sur ces mots il me repoussa pour attraper Élodie et je le tirai à mon tour pour l'éloigner d'elle. Dans un accès de rage, il tenta de me gifler, mais plus rapide, je lui attrapai la main pour la lui tordre dans le dos. Il poussa un cri de douleur mais je ne m'arrêtai pas, lui assénant un coup derrière le genou, ce qui lui fit perdre l'équilibre. Il s'écroula au sol et je l'achevai, en visant ses parties intimes. Il se mit à gémir de douleur et, inquiète, je me tournai vers Élodie, lui demandant si elle allait bien. Elle était abasourdie par mon intervention, bouche bée, mais après quelques secondes, elle vint se jeter dans mes bras, en pleurant, pour évacuer toute la peur qu'elle avait accumulée. Je l'accueillis, légèrement étonnée de ce contact et refermai mes bras autour d'elle, en essayant de l'apaiser. C'était ma première rencontre avec Élodie, qui devint plus tard ma meilleure amie.

Peu après, la police était arrivée sur les lieux, mais ne pouvait rien faire car la jeune fille, par peur, ne souhaitait pas porter plainte contre son agresseur. Avant de repartir, je lui avais laissé mon numéro pour qu'elle me recontacte si besoin et ça n'avait pas tardé. Trois jours plus tard, elle m'avait appelée en plein désarroi et je l'avais invitée à mon appartement, essayant tant bien que mal de soigner ses ecchymoses et sa lèvre fendue.

À ce moment-là, elle me raconta que celui qui la battait s'appelait Robin et avait deux ans de plus qu'elle. Ils s'étaient rencontrés au lycée et avaient vécu une véritable idylle. Filant le parfait amour, elle avait rapidement emménagé chez lui. Les parents d'Élodie avaient été favorables à cette décision car ils n'avaient pas beaucoup de moyens. Ainsi, elle dépendait financièrement de Robin. Très vite, la relation s'était dégradée et il avait montré son vrai visage. Au début, c'était quelques remarques vexantes comme « tu es trop grosse » ou « de toute façon à part moi, personne ne voudrait de toi ». Puis, cette violence verbale s'était intensifiée avec le temps. Il avait une réelle emprise psychologique sur elle, arrivant peu à peu à l'isoler de ses amis et même de sa famille. Alors, n'ayant plus que lui, elle tentait de s'accrocher à son amour, supportant tant bien que mal cette vie.

Après la violence verbale, les coups avaient suivi. La première fois, il l'avait giflée en la traitant d'incapable quand elle avait laissé tomber une assiette qui s'était brisée au sol. À partir de ce moment, il banalisa cette violence, en s'en servant au moindre prétexte, la mettant plus bas que terre. Mais elle ne pouvait pas s'enfuir, ils vivaient ensemble, elle n'avait pas d'argent et ne savait pas où aller. Elle ne voulait pas porter plainte, car la justice est longue pour agir et elle avait peur des représailles. Élodie avait essayé de parler de son histoire à ses proches mais ils lui avaient simplement déclaré « si tu voulais vraiment partir, tu l'aurais déjà fait depuis longtemps ».

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant