Chapitre 36

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La première chose que je remarque c'est Flynn, assis sur le lit, la tête entre les mains. Au début, je pense qu'il pleure, mais dès qu'il tourne le visage dans ma direction, je comprends que je me suis trompée et qu'il est encore très énervé.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je voulais voir si t'allais bien. Je peux entrer ?

Il ne me répond pas et se contente de soupirer, alors, je considère que c'est un oui. Je referme la porte et m'assieds à ses côtés, sans dire un mot. Je ne sais pas très bien ce que je suis en train de faire. Est-ce que j'essaie de gagner sa confiance ou je m'inquiète réellement pour lui ? Ne sachant pas comment amorcer la conversation, j'inspecte les lieux du regard. C'est une grande chambre et étonnamment, elle est plutôt bien rangée. Une armoire est ouverte, laissant entrevoir une pile de vêtements parfaitement pliée. Un téléviseur et une console sont posés sur un petit meuble, ainsi que plusieurs jeux vidéo dont je connais certains, car mon frère adorait aussi y jouer. Un tapis rouge s'étale au centre de la pièce. Sur le côté, près de la fenêtre, il y a un bureau, un brin désordonné, et une chaise à roulettes. En bref, une chambre plutôt banale.

Au bout de quelques minutes, Flynn se laisse tomber en arrière et s'allonge sur le lit, les yeux rivés au plafond. Je fais de même et fixe le plafonnier couleur noir et cuivre.

— Je sais que ma réaction peut paraître complètement disproportionnée.

— Mais je suis sûre que tu as tes raisons, réponds-je prudemment, de peur qu'il cesse le dialogue.

Il inspire bruyamment et ferme les yeux. Je crains qu'il soit peu enclin à discuter, quand il lâche enfin :

— Le comportement de Molly m'a rappelé de très mauvais souvenirs. Je n'aime pas les gens qui usent de violences psychologiques et physiques.

Il a les lèvres pincées et les sourcils froncés. J'ai la sensation qu'il est prêt à se confier sur ses tourments, mais qu'il a besoin d'un petit coup de pouce.

— Est-ce que ta mère a été victime de violences conjugales ? tenté-je.

— Non, c'est tout le contraire, soupire-t-il.

Je ne comprends pas ce qu'il veut dire et attends qu'il développe sa réponse. Il se tourne dans ma direction, la tête posée sur son coude plié, et me fixe intensément.

— C'est ma mère qui violentait mon père, aussi bien moralement que physiquement. Et j'ai assisté à ces altercations depuis tout petit.

— Oh...

Cette révélation est si inattendue, que j'en reste sans mots D'abord parce qu'il est rare d'entendre des histoires de ce type, même si elles existent. Les mœurs n'ont malheureusement pas assez évolué et il est quasiment inconcevable qu'un homme réputé fort et musclé se laisse maltraiter par une femme. Et aussi parce que je ne m'attendais pas du tout à ce que Flynn me confie un secret aussi intime.

— Je sais, c'est étonnant. Et pourtant, c'est la vérité. Même si mon père était le plus fort physiquement, ma mère était une véritable manipulatrice et le rabaissait sans cesse, en l'humiliant même en public. Et le pire, c'est que personne n'intervenait, car c'était simplement considéré comme une querelle d'amoureux, alors même qu'il y avait des coups. Pourtant, si les rôles étaient inversés et qu'une femme ait été victime des mêmes sévices, je ne doute pas une seule seconde que tout le monde se serait offusqué. Cette hypocrisie me dégoûte au plus haut point.

Suite à ces révélations, toutes les pièces du puzzle semblent s'emboîter. Cela explique notamment le caractère de Flynn, le côté bad boy qu'il se donne en public afin de se faire respecter et ne pas reproduire le même schéma que son père, et aussi, le fait qu'il se braque face aux femmes qui ont du caractère. Même si ça n'excuse pas son comportement pour autant, cela explique tout de même de nombreux points. Cette nouvelle facette qu'il laisse entrevoir est touchante.

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant