Promis, cette fois je t'envoie en prison !

Chapitre 39

Involontairement, je hausse les sourcils d'étonnement. Ai-je bien entendu ? Je m'attends à ce qu'il avoue sa plaisanterie, mais ce n'est pas le cas.

— Me fixe pas comme ça, gamine. Je meurs juste de faim, libre à toi de me suivre, ou non.

Sans me laisser le temps de réfléchir à sa proposition, il s'éloigne. C'est un manque évident de délicatesse que de me proposer de l'accompagner, puis de partir sans attendre la réponse. Pourtant, sans que je ne les contrôle, mes jambes s'activent et je le rattrape.

— C'est bon, je viens. Mais uniquement parce que je ne sais pas résister à l'appel de la nourriture.

Il me regarde avec un sourire malicieux, comme si je lui avais dit quelque chose de coquin. Comprenant immédiatement que mes propos peuvent être mal interprétés, j'ajoute :

— Je ne parle pas de toi !

— Je n'ai rien dit, c'est toi qui t'emballes toute seule.

Je suis mal à l'aise, Il a le don de me faire perdre mes moyens et de me mettre dans des situations inconfortables. Ce qui l'amuse énormément.

Nous entrons dans un restaurant, proche du cinéma, et une serveuse arrive pour nous placer. Nous nous installons à une table, ornée de bois et de métal. Le style du lieu allie les codes traditionnels de la restauration à une âme de bistrot, avec des banquettes sombres et une galerie de tableaux aux murs. Les alcôves colorées, l'éclairage discret et le léger fond sonore créent une ambiance feutrée.

Je saisis le menu où une longue liste de hamburgers figure.

— Tu sais ce que tu veux ? questionne-t-il.

— Je vais rester sur un classique : le cheeseburger. Et toi ?

— Un burger BBQ pour moi.

— Très bon choix.

Assise face à Flynn, légèrement décontenancée, je ne sais pas quoi dire. En temps normal, j'ai mes repères et à la fac, je me sens comme un poisson dans l'eau. Mais là, c'est différent, c'est une situation imprévue. Même si j'ai tout fait pour me rapprocher de Flynn, je ne m'attendais pas à me retrouver au restaurant à ses côtés.

— Ça fait bizarre de te voir silencieuse. Ne me dis pas que d'être seule avec moi te met mal à l'aise ? Si tu réagis comme ça, les gens vont croire qu'on est en rencard.

— Mais pas du tout, je suis très détendue, m'efforcé-je d'affirmer, en prenant le faux air de façade qui m'est familier.

— Si tu le dis, ironise-t-il.

C'est étrange de le voir aussi gai et je grave ces images dans mon esprit. Le Flynn en face de moi, est quelqu'un de taquin et jovial. Dans la mesure du possible, je vais m'adapter pour tâcher de me détendre. Même s' il y a peu de chances que j'apprécie vraiment ce repas en sa compagnie, car j'ai accepté la proposition uniquement dans un but précis et non par envie. Au contraire, sa personne me révulse. N'est-ce pas vrai ?

— Tu penses à quoi ?

Perdue dans mes pensées, je sursaute. Je n'avais pas remarqué le silence s'installer. Je dois me ressaisir sur le champ avant qu'il ne trouve mon comportement louche. Je dois être la Emma habituelle, qui n'a pas la langue dans sa poche et qui agit de manière impulsive.

— Pour reparler du couple qu'on a vu, est-ce que la femme est ton ex ?

— Ça t'intéresse ?

C'est bel et bien une question, mais à son intonation, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une affirmation. Je ne peux empêcher mes pieds de s'agiter au rythme de la musique et je pose mes bras sur la table, pour éviter de triturer mes ongles.