Chapitre 42

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Lorsque je me réveille, mes paupières sont collées entre elles par le vestige de mes larmes. Je suis allongée sur le canapé et Élodie doit laver la vaisselle, car j'entends le bruit des couverts s'entrechoquer. Déboussolée, je m'assieds, la tête entre les mains. Celle-ci me cogne tellement que j'ai l'impression d'avoir une gueule de bois. Mon amie remarque que je suis réveillée et me tend un verre de jus d'orange. Je le bois goulûment, assoiffée.

— Quelle heure est-il ? dis-je, en reposant le verre vide.

— Il est presque onze heures. Tu avais l'air de dormir si profondément que j'ai préféré te laisser sur le canapé.

— Est-ce que tu as un cachet contre le mal de tête ? J'ai une horrible migraine.

— Oui, dans ma trousse de toilette, dans la salle de bain.

— Merci.

Dès que je me lève, j'ai l'impression que mes jambes peinent à me soutenir. J'éclaire la pièce et me retrouve face à mon reflet. Je suis affreuse : mon nez et mes yeux sont rougis par les pleurs, des cernes bleutés accentuent la fatigue et mes cheveux sont collés et emmêlés.

Je farfouille dans ses affaires à la recherche du saint graal. J'attrape le cachet que j'avale rapidement avec une gorgée d'eau.

— Je ressemble à rien, crié-je, depuis la salle de bain. Je peux prendre une douche ?

— Bien sûr. Prends la serviette jaune, à côté du lavabo, elle est propre.

— D'accord !

Je referme la porte derrière moi et fais couler un filet d'eau chaude, avant de me plonger dessous. La température élevée me procure un bien-être instantané et je commence à me détendre. Je me savonne abondamment : le visage, les cheveux et le corps. Une fois rincée et séchée, je me sens beaucoup mieux. Cet instant de sérénité m'a permis de faire un peu de tri dans mes idées. Je ne suis pas d'accord avec Jev qui veut prévenir la gendarmerie, c'est une décision trop rapide. Depuis des mois, je travaille sur ma vengeance. Je ne veux pas qu'elle tombe à l'eau à cause de notre précipitation. Je dois appeler Kyle, il est le mieux placé quant à la suite à donner.

Je récupère mon téléphone dans le salon, mais il ne s'allume pas. La batterie est à plat et évidemment, Élodie n'a pas le même chargeur que moi.

— Tu peux me prêter ton tel, s'il te plait ?

— Tiens.

Heureusement, je connais le numéro de Kyle par cœur, car nous nous étions préparés à ce genre d'éventualité. J'appelle une fois, sans succès. J'appelle une seconde fois, puis encore, mais en vain. Kyle est certainement occupé et je vais devoir prendre une décision toute seule.

— Tu me conseilles de faire quoi ? questionné-je mon amie.

— Je pense qu'avant tout, tu devrais avoir la version de Flynn. Ne pas donner d'explications, ne signifie pas pour autant qu'il soit coupable.

— Mais s'il est vraiment coupable, il ne donnera pas d'explications !

— C'est vrai, mais on ne le saura pas avant de lui avoir parlé.

Je réfléchis quelques secondes à sa proposition. C'est vrai que donner à nouveau une chance à Flynn ne m'engage à rien. Je pourrai ensuite faire preuve de plus de discernement.

— T'as raison ! Je l'appelle, alors.

— Vas-y.

Je cherche dans ses contacts et trouve son numéro. Par chance, Jev nous l'avait donné, quand Flynn avait organisé une soirée chez lui. La sonnerie semble durer une éternité, lorsqu'il décroche d'une voix grave :

Promis, cette fois je t'envoie en prison !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant