Promis, cette fois je t'envoie en prison !

Chapitre 22

Il ne se départit pas de son sourire moqueur et ma remarque a l'air de l'amuser. J'ai la sensation d'être le bouffon de la pièce et c'est infiniment désagréable. Je suis incapable de nouer des liens avec Flynn, car nous avons tous les deux un tempérament de feu et ça ne peut qu'exploser entre nous. À plusieurs reprises, j'ai fait des efforts pour entamer la discussion, mais sans succès. Quoique je tente, cela ne mène à rien. La colère que je refoule depuis des années ne demande qu'à jaillir, et pour une fois, je laisse parler mes sentiments et me livre à cœur ouvert.

— Tu joues au gars populaire, pourtant si on fait des recherches sur internet, on voit direct que c'est faux.

Pressée de prouver mes propos, je récupère mon portable et brandis l'écran. Quelques élèves n'ont pas encore quitté l'amphithéâtre et écoutent avec intérêt.

— Si vous tapez « Flynn Drevor, renvoi du lycée », vous verrez comment il a agressé un prof innocent ! déclaré-je, en haussant la voix, pour me faire entendre de tous.

Je n'ai pas le temps de finir que Flynn, dans un accès de fureur, attrape mon téléphone et le jette à terre. Celui-ci rebondit, avant de s'écraser au sol dans un fracas sourd. C'en est trop pour moi et je hurle, en le poussant violemment :

— Tu te prends pour qui ? Sale con !

— Et toi, t'es qui pour afficher la vie privée des gens ? T'arrives de nulle part et t'imagines que tu vas faire la loi ? T'essaies de faire quoi ? De rallier les autres à ta cause ? Les sales gamines comme toi font pas long feu avec moi ! Je t'ai déjà menacée une fois, tu veux que je passe à l'acte ?

Je suis à bout, j'ai déjà fait beaucoup d'efforts pour lui parler et la situation devient hors de contrôle. Ce nouvel esclandre m'est insupportable et à cran, j'attrape le premier objet qui me tombe sous la main. Sans réfléchir, je lui lance une trousse pour le faire taire. Le temps s'est arrêté et un éclair de folie illumine son regard un millième de secondes, me paralysant. Heureusement, Jev intervient et m'attrape par le bras pour me pousser vers la sortie. Je tente de me débattre, mais il a trop de force et ne me laisse pas le choix.

— Qu'est-ce qui t'a pris de faire un truc pareil ? Il va te le faire payer cher ! me réprimande mon ami.

Du coin de l'œil, je constate que Flynn ressemble à un chien enragé et ses amis le retiennent. À ce moment-là, je ressens de la peur face à lui. Je mesure à quel point il peut être dévoré par la fureur et que ses menaces ne sont pas juste des paroles en l'air : il est capable de les mettre à exécution. Il est si effrayant que j'entrevois le meurtrier de mon frère. Mon plan est réellement tombé à l'eau et je pars en courant, le plus loin possible. Jev m'appelle, mais je ne me retourne pas.

J'ouvre la porte d'un geste si brutal qu'elle cogne sur le mur. Tout en continuant de marcher rapidement, je ne décolère pas. Un bras me tire en arrière et le doux visage de Jev entre à nouveau dans mon champ de vision. Les sourcils froncés, il me détaille, inquiet. Ses cheveux semblent si soyeux que j'ai une folle envie de les caresser, pour me laisser emporter par une sensation de douceur exquise, loin de ce monde de brutes. N'étant pas dans mon état normal, je me retiens, de peur de regretter mon geste qui nous mettrait mal à l'aise.

— Je ne comprends pas. Tu m'as dit que Flynn était un mec bien, mais là, j'ai vraiment du mal à le croire. Pourquoi il a réagi de cette manière ?

Les yeux sombres de Jev me rappellent l'eau calme qui dort la nuit et m'apaisent.

— Il a dépassé les bornes, je suis d'accord avec toi. Mais avant, il n'était pas comme ça. C'est surtout depuis l'année dernière qu'il...

Il ne finit pas sa phrase, conscient qu'il s'apprêtait à trop m'en dévoiler.

— Qu'est-ce qui s'est passé l'année dernière ?