L'Enfer est un Paradis, TOME 2 : La Rage des Vertiges

Chapitre 2

Ouais, on a dit tous les samedis mais j'arrive pas à écrire en ce moment (trop de choses à faire et pas assez d'heures en une journée). Du coup, je vous envoie la suite pour me consoler ❤️

Enjoy !

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Qu'elle disparaisse sitôt ses paroles prononcées ne me surprend pas. Cela fait bien longtemps que je sais que si elle me répare, elle ne m'aidera aucunement d'une autre façon. Ravalant ma rage, je me relève, la sueur collant mes vêtements de lin à ma peau. Me reposant sur mon nouveau membre en parfait état de marche, je remonte le seul sentier menant à la demeure du Diable, en grognant sous l'effort demandé. Le sable rouge laisse rapidement place à la terre brûlante de ces étranges contrées, et je gémis sous les douleurs provoquées par mon pied nu sur le sol écarlate. Mes plaintes sonores s'achèvent pourtant très vite lorsque je sens une présence dans mon dos. Cependant, en reconnaissant le nouveau venu, ma panique disparaît immédiatement. Comme me l'a suffisamment répété Lucifer, ma mort n'est pas souhaitée. 

Or, dans l'état que je suis, elle ne s'y prendrait pas d'une autre façon pour m'envoyer rejoindre le trépas. Me laisser seule, en Enfer, à quelques pas seulement du Troisième Cercle, est une chose bien dangereuse. Ce Cercle-là enferme les Démons Mineurs les plus puissants et les Démons Majeurs les plus vicieux. Pour eux, je ne suis qu'une proie avec un corps de chair, un délicieux aller simple pour la Terre. Si j'ignorais cette information, Barthélemy s'est fait un plaisir de m'expliquer les risques qu'encourent les Terrestres à rester en Enfer. En tête de liste, ses propres confrères, trop faibles pour monter rejoindre les mortels. Ceux-ci ne peuvent, en effet, se rendre sur Terre sans l'accord du Diable, qui ne le donne que rarement à ses gens des Cercles inférieurs. Il existe pourtant une alternative simple. Si un Démon dévore la peau d'un Terrestre, il sera envoyé directement dans le berceau d'enfance de sa victime, et ce, pour une durée de neuf siècles. Un ticket d'or pour n'importe quel sujet de Lucifer rêvant de répandre la mort et la désolation sur ma planète.

- Vous êtes à nouveau en charge de ma surveillance ? râlé-je en serrant les dents face aux piques de douleurs remontant le long de mes bras.

- Depuis le temps, je penserais que tu parviendrais à me tutoyer, réplique Adhémar dans mon dos.

Les notes d'humours dans sa voix ne m'arrachent qu'un faible grognement, alors que des taches noires viennent régulièrement obscurcir ma vision.

- À croire que Lucifer n'a pas d'autres Démons sur lesquels se reposer...

- Le poids d'une couronne est souvent bien lourd à porter, m'annonce le Démon en arrivant à ma hauteur. Et ma reine n'a que peu d'alliés dans ses rangs, car ses lois contraignent bon nombre des miens à une... certaine restriction.

- Et quoi ? Elle ne peut compter que sur vous deux ?

- Quelque chose comme ça. Ma maîtresse a été trop trahie pour faire confiance à ses semblables. Alors, faire confiance aux miens...

Il ne termine pas sa phrase, la finalité étant plutôt claire.

- Et vous ?

Adhémar me lance un coup d'œil et ses prunelles sombres me forcent à changer de trajectoire. Lorsque le Démon ne me cogne pas, il pourrait presque être fréquentable. Et si je le compare à son comparse, je peux même aller jusqu'à dire qu'il m'est plutôt sympathique. Alors... autant aller dans son sens, et m'éviter de nouvelles claques. Dans l'état actuel, je ne serais bonne qu'à servir de sac de frappes. Ce n'est pas comme si ça changeait d'habitude... mais j'ai ma fierté, il faut croire.