Chapitre 8

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OUAIS JE SUIS DE RETOUR

***

Moi qui pensais devoir subir la morsure du marquage rapidement après mon retour, je suis soulagée de voir que Daegan me laisse respirer quelque temps. Après mon entrée fracassante, j'ai réintégré sa chambre, qui s'est vue dotée de nouvelles cicatrices sur le mur. Dans un frisson, j'ai passé mes doigts dans les empreintes du monstre couvant au fond de Daegan, avant de me coucher, pour dormir d'un sommeil sans rêves. En cinq ans démoniaques, je n'ai dormi que peu de temps.

De retour sur Terre, je sombre pendant treize heures, sans subir le moindre cauchemar. Peut-être que les dernières révélations ont au moins apporté ceci de positif. Me réveillant de ma longue sieste, qui s'est écoulée sur une partie de la journée et la totalité de la nuit, je découvre Calixte au pied du lit, roulé en boule sous la forme d'un petit écureuil roux. Il ouvre les yeux en même temps que moi et me fixe de ses deux billes rondes émeraudes, penchant légèrement la tête sur le côté. Je me souviens sans mal de sa présence, devant l'Arcade Dimensionnelle. Et si je me concentre un peu, je peux retrouver son feulement de panique lorsque la panthère s'est muée en sa version bipède, à l'instant où je lui ai volé son identité.

-        Désolée, Calixte. Je ne recommencerais plus sur toi.

Ma promesse est véritable, et l'écureuil la perçoit tel qu'elle. En une fraction de seconde, la petite créature se métamorphose en guépard, et l'animal vient coller sa tête à ma main tendue. Une forme de paix m'envahit et je retiens difficilement mes larmes. Fort heureusement, Calixte se retire assez vite, et je me recentre, respirant lentement. Je songe alors à mon dur apprentissage. Lucifer m'a souvent expliqué que ma puissance de Catalyseur pouvait s'exprimer par différents biais. Durant sa longue existence, elle n'a rencontré que très peu d'individus capables de tels prodiges, et tous étaient de sang-mêlé. De ce qu'elle a pu retenir, je n'ai conservé que l'essentiel. Un Catalyseur peut voler la puissance, la prendre et l'utiliser ou parvenir à capturer l'essence même de sa victime.

De ces trois catégories, il semblerait de plus en plus que je fasse partie de la troisième. Cela va m'attirer les foudres de tout individu normalement constitué, si cela s'apprend un jour. Car je ne me contente plus de voler les capacités psychiques d'une Créature. Je suis maintenant en capacité de zapper ses forces physiques et de les utiliser contre lui. Même les êtres ne se servant pas du Glamour sont en danger auprès de moi. Et bien que Calixte ait compris cela, il se réinstalle au bout de mon lit, parfaitement serein à l'idée de cohabiter avec une telle menace.

-        Je me demande si tu n'as absolument aucun instinct de survie, ou si tu m'apprécies vraiment.

Je n'obtiens aucune réponse du félin, et quitte mes draps pour me diriger vers la salle d'eau. Là, je me laisse aller à la tentation et me fais couler un long bain chaud, avant de m'enfoncer sous une bonne couche de mousses. Le calme m'envahit et je ferme les yeux, écoutant le clapotis de l'eau bercer mes sens. L'unique fois où j'ai fait usage de ce bain se rappelle à mon esprit, et je me revois, tremblante face au poison ruisselant dans mes veines. Je ressens à nouveau le corps de Daegan contre le mien, sa chaleur rassurante, son énergie débordante... et en reviens à l'essence même de cette scène surréaliste. Ingrid.

Je médite sur Atoum, Lucifer, et sur tout ce qui a été dit. Et je songe à cette sensation de doute lorsque j'ai entouré de ma veste les épaules de la Louve vacillante, avant qu'elle ne soit dévorée par Nessie. Elle a prononcé des mots, qui m'ont juste qu'alors paru sans le moindre sens. Elle m'a murmuré qu'elle n'était coupable que d'avoir écouté les voix.

Aujourd'hui, tout fait sens.

Elle percevait les voix chantonnées par une seule et même gorge. Gabriel, d'où découlaient les ordres directs de Dieu. Elle m'a pourchassé, mais c'est l'Archange qui sautait dans ses pas. En vérité, Ingrid n'est coupable de rien, et Daegan a mis à mort une innocente. Quant aux Loups, voilà un an qu'ils demeurent sous leur apparence lupine, avec l'interdiction de changer ou de quitter les bois. Un an... pour rien.

L'Enfer est un Paradis, TOME 2 : La Rage des VertigesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant