L'Enfer est un Paradis, TOME 2 : La Rage des Vertiges

Chapitre 3

J'ai un poil de retard, j'en suis navrée !

Mais le chapitre est là ❤️

***

Lucifer tapote du bout des doigts l'accoudoir du canapé dans lequel elle est assise. Nerveusement. Impatiemment. Comme tout le reste des membres occupant le grand salon. Derrière l'imposant divan noir se tiennent Barthélemy et Adhémar, plus calmes que leur maîtresse. Si le premier se cure paresseusement les ongles à l'aide d'une lame que je sais incroyablement tranchante pour en avoir fait les frais, le deuxième concentre toute son attention sur l'Arcade Dimensionnelle, plantée au fond de la pièce. Derrière moi.

Installée dans l'autre canapé faisant face au premier, je triture mes doigts, profondément mal à l'aise. Lançant des coups d'œil de temps à autre à mon compagnon actuel, je lorgne la salle, m'attendant à tout moment de voir débarquer nos invités-surprises. Cela fait longtemps que nous patientons, et j'en viens à connaître la pièce par cœur. Des bibliothèques chargées de vieux grimoires longent les murs, encadrant les deux sofas, la table basse en verre et les quatre fauteuils vintages trônant au centre du salon. Dans le dos de Lucifer, repose un piano à queue noir mat, et, dans le mien, l'Arcade, encastrée contre le mur du fond. Voilà où nous nous trouvons. Une énième salle, que je ne fais pourtant que découvrir, malgré les... cinq ans passés ici. Bon sang... cinq ans...

-        Que fait-il, mais que fait-il ? marmonne Lucifer entre ses lèvres serrées.

Contrairement à moi, le Diable s'est changée et aborde une splendide robe de soirée, largement échancrée au niveau de la poitrine. Des pétales de roses garnissent son décolleté plongeant, avant que sa jupe d'un rouge sang ne s'évade le long de son corps, révélant en grande partie ses jambes superbement galbées. Et si la teinte ne suffisait pas à la désigner reine de ces contrées, la lourde couronne sertie de diamants pourpres sur son pourtour viendrait de toute évidence appuyer ce que tout le monde sait déjà. Lucifer est une déesse qui ne connaît plus aucun égal.

-        Je suis lasse d'attendre, grogne à nouveau le Diable en tapant plus férocement sur son accoudoir. Qu'il vienne !

-        Il viendra, mère, la rassure Daegan, assis à ma gauche. Il vous l'a confirmé, et il ne revient jamais sur ses promesses.

-        Ça, ça dépend pourquoi, rétorque Lucifer d'un ton aigre, avant de faire apparaître d'un claquement de doigts un verre d'un vin rouge sombre.

Daegan en fait de même de son côté, avant de me présenter une coupe remplie du même alcool.

-        Qu'attendons-nous ? lui soufflé-je en me penchant vers lui.

Mon geste est parfaitement inutile, car l'ensemble des occupants de la pièce n'auront qu'à tendre légèrement l'oreille pour capter mon chuchotement. Cependant, personne ne m'en tient rigueur, et je tire un certain plaisir de cette normalité.

-        Mon père, me répond finalement Daegan, sur le même ton.

Je manque de renverser mon verre, mais parviens à le maintenir suffisamment droit pour ne pas abîmer le riche canapé en cuir de notre hôtesse. Un coup d'œil vers elle m'informe que ma surprise n'est pas passée inaperçue, mais encore une fois, elle préfère faire abstraction.

-        Ne sois pas si étonnée, me glisse Daegan en s'appuyant contre le dossier. Mon père est autant concerné que ma mère par le sujet de notre conversation.

-        Hum... et qui est ?

-        Toi.

Qu'il m'annonce cela, par-dessus son verre, en me fixant de son étrange regard, me déstabilise bien plus que si quelqu'un d'autre que lui m'avait révélé cela. Pour une raison m'échappant, sur l'instant, son bras posé derrière moi me dérange. Me gêne. Et cela paraît tout à voir avec Lucifer, qui nous toise d'une lueur étonnée.