Sauve-moi [ Terminée ]

PARTIE 25 - Révélation.

Wade était parti courir dès le lever du jour. Voir Lily dans son bureau en train de fouiller dans sa boîte l'avait ébranlé. Il avait ressenti une flambée de colère et un autre sentiment plus pernicieux. Logé depuis tellement longtemps en lui, qu'il avait presque oublié qu'il était là.

Le retour dans ce chalet avait amorcé son réveil, et cette boîte avait fini par l'achever. Il savait qu'il aurait dû s'en débarrasser depuis longtemps, pourtant quelque chose l'en empêchait. Sans doute la même chose qui l'empêchait de vendre le chalet.

Après le déjeuner, il avait filé dans le bureau sans demander son reste. Il s'en voulait pour son accès de violence de la nuit dernière. Quand il avait vu son regard apeuré il s'était senti comme la pire des enflures.

Il attrapa la boîte et s'assit dans son fauteuil. Cette boîte, et plus particulièrement son contenu, représentait une part de sa vie qu'il pensait avoir mis de côté.

Il calma ses émotions et souleva le couvercle. Jusqu'où Lily avait-elle poussé ses recherches ? Il souleva une pile de photos et attrapa celle tout au fond. Une photo de son mariage.

Ce jour-là, il s'était senti l'homme le plus puissant du monde. Ayden et Jake étaient a ses cotés et il avait épousé la femme de ses rêves. Que pouvait-il alors demander de plus ?

Quand il avait rencontré Mary, il avait immédiatement était séduit par son physique. Elle était un mélange parfait de fragilité et de séduction. Leur relation était aussi passionnée que volcanique.

Une fois la passion passée, il n'était plus restée que les récriminations de Mary. Elle rêvait de grandeur. Les lumières de la ville l'attiraient comme un papillon. Elle n'aspirait qu'à la gloire et à la richesse. Il l'aimait tellement qu'il lui aurait pu lui mettre le monde à ses pieds. Même ça ne lui aurait pas suffit.

Elle voulait toujours plus. Plus de paillettes, plus d'argents, plus d'attention. Mary était de ces femmes qui attiraient le regard des hommes partout où elle allait. Son coté latin, lui donnait un air dangereux, presque inaccessible, et cela rendait les hommes fous de désir.

Le regard des hommes sur elle ne le dérangeait pas, car elle l'avait choisi. Parmis tous ses hommes, elle s'était liée à lui et il mettait les liens du mariage au dessus de tout. Il avait confiance dans le fait qu'elle reviendrait toujours vers lui.

La première fois qu'il avait vu Lily, il avait été frappé par sa ressemblance avec Mary. Elle dégageait la même aura de femme sûre d'elle et qui sait en jouer. Il avait immédiatement detesté la jeune femme. Non seulement, pour son physique avantageux dont elle ne se cachait pas d'en jouer.

Mais aussi pour tout ce qu'elle représentait. Elle était toujours habillée comme une gravure de mode toujours perchée sur des escarpins courant les magasins comme si le monde allait s'écroulait si elle ne le faisait pas.

Elle avait la même lueur au fond des yeux. À l'extérieur tout en pureté et innocence, mais dévorée par le désir de pouvoir à l'intérieur.

L'ambition brûlait en elle, comme elle avait brûlé en Mary. Et ce trait qui l'attirait tant chez sa femme, le dégoûtait à présent. Il repensait à toutes ces disputes, toutes ces concessions arrachées sous les larmes et les cris. Et tout ça pour finir où ?

Seule au fond d'une ruelle, la gloire qu'elle avait tant recherchée se réduisant à un encart dans les faits-divers. Une gloire aussi éphémère que sordide. La jeune femme au mauvais endroit, au mauvais moment, voilà tout ce qu'il resterait d'elle.

Un soir qui n'avait pourtant rien de différent par rapport à un autre, ils s'étaient disputés. Avec le recul, c'était sans doute pour une futilité. Tellement futile, qu'il ne s'en souvenait même plus.

Les cris avaient fusé de tous les côtés. Puis Mary avait quitté l'appartement comme une furie. Elle revenait toujours. Il était son île dans cet océan d'incertitude, disait-elle.

Les heures s'étaient écoulées et l'obscurité avait remplacé le jour. Sa femme n'était jamais rentrée. Il avait eu alors à faire la chose la plus dure de son existence. Une chose qu'il n'aurait jamais pensé avoir à faire.

Quand le coup de fil arriva, il avait de suite su que quelque chose n'allait pas. Cette voix froide lui demandant de venir identifier le corps de sa femme avait fini de l'achever.

Il n'oublierait jamais l'ambiance froide et l'odeur aseptisée de la morgue. Il avait traversé ce couloir aux carrelages vert dans le silence. Seul le bruit de ses pas couinant sur la faïence.

Son esprit s'était perdu dans un torrent de question. Une partie de lui espérait que ce soit elle, car si ce n'était pas le cas où était-elle partie ?

Allait-il faire parti de ces gens cherchant toute leur vies des réponses sur la disparition d'un proche ?

Le corps de Mary était allongée sur table froide. Pour les autres, elle n'était qu'un corps de plus, mais pour lui elle était son futur. Un futur qui à présent était devenu son passé

C'était étrange, il savait que c'était sa femme, du moins son enveloppe charnelle. Mais son cerveau refusait d'assimiler ce corps sans vie à celui du pétillant bout de femme qui avait réussi à capturer son cœur. Ses paupières closes devaient cacher un regard vidée de sa fugue.

Il était resté la pendant plusieurs minutes ne réussissant pas à quitter cette pièce. Car une fois les portes battantes passées, tout serait fini. Son mariage, la vie telle qu'il l'avait connu et Mary.

Ce qui avait suivi durant cette période était flou. Il s'était renfermé sur lui-même. Certains plongeait dans l'alcool, lui son enfer c'était lui-même.

Il avait maintes fois repassé le fil de l'histoire. Essayant de repenser à chaque paroles, cherchant là où ça avait commencé à partir en vrille.

Mais quoiqu'il ait fait ou n'ait pas fait, le résultat restait le même. Mary était partie. Elle ne reviendrait pas.

Il avait alors trempé dans des affaires plutôt louches. Il avait des talents et il n'avait plus sa conscience pour lui dire ce qui était bien ou mal. Le monde dans lequel il vivait était devenu un marasme de noirceur.

Ayden et Jake l'avaient laissé faire son deuil à sa manière. Tout en lui faisant savoir qu'ils seraient toujours là pour lui.

Le Secret avait été un autre exutoire. Il y avait trouvé le sexe, son cœur était peut-être muré, mais son corps était bien vivant. Il avait trouvé une forme de répit dans les femmes. Elles se succédaient sans y laisser aucune obligation, ni culpabilité. Ce qui pouvait leur arriver après n'était plus de son fait.

Mary n'avait pas seulement emporté son cœur, mais aussi sa capacité en croire à l'amour. Il l'avait aimé et pourtant cela n'avait pas suffit. Il n'avait pas réussi à la protèger, et cela le rongeait.

On disait que le chagrin était le prix à payer pour l'amour. Il avait payé sa dette.

Quand Lily avait eu besoin d'aide, il n'avait pas voulu s'en mêler. Elle s'était mise toute seule dans ce merdier, elle devrait s'en sortir seule.

Pas d'engagements, pas de problèmes, pas de déception. Mais à un certain point, Mary s'était imposée à lui. On ne choisissait pas qui on aimait. Il en était la preuve vivante. Peut-être Lily était-elle sa rédemption ?

Ce chalet avait été pendant longtemps son sanctuaire. Presque comme une ode à Mary. C'était contradictoire, car Mary détestait cet endroit. Pas assez de glamour, de magasins ni d'endroit où se montrer.

Il savait que la mort avait figé Mary dans un idéal. Il ne pensait plus qu'au bon moments oubliant tout le reste. Il avait donc pris, bien soin de cloisonner ses souvenirs et tout ce qui pouvait lui faire penser à elle. Il avait enlever toutes les photos, les bibelots, et avait tout enfermé dans une boîte. Comme il l'avait fait avec son cœur.

Le téléphone de Wade le sortant de ses pensées.

— On a un problème.