Fou de toi

Chapitre 1

Je m'appelle Layla Jones, j'ai dix-sept ans. Depuis le divorce de mes parents, je vis avec ma mère dans une grande maison à San Diego. Nous venons tout juste d'emménager ici, et je vais devoir m'inscrire dans une nouvelle école. Ce changement me terrifie. C'est la troisième fois que je change d'établissement à cause du travail de ma mère, et j'espère vraiment que cette fois, nous ne devrons pas quitter le pays. L'idée de devoir faire mes bagages à nouveau me donne des frissons.

Ce matin-là, alors que nous approchons de ma nouvelle école, un mélange d'angoisse et d'excitation s'empare de moi. La voiture de ma mère s'arrête devant le bâtiment imposant qui abrite le lycée. Je peux sentir mon cœur battre la chamade dans ma poitrine. Sa main se pose délicatement sur la mienne, caressant doucement ma peau pour me rassurer.

« Ça va bien se passer, ma chérie », murmure-t-elle avec un sourire réconfortant.

« J'aimerais ne pas encore changer d'école, maman », réponds-je en baissant les yeux. La peur de l'inconnu me paralyse un peu plus à chaque instant qui passe.

Elle hoche la tête avec compréhension, sa voix douce et apaisante résonne dans l'habitacle. « Je ferai de mon mieux », me promet-elle.

Je soupire déjà en anticipant les défis qui m'attendent. « Je réponds d'avance », dis-je, presque pour me convaincre.

« Tu veux que je t'accompagne ? » me demande-t-elle avec une lueur d'espoir dans les yeux.

« Mais non, ça va aller maman, tu dois aller au boulot de toute façon », lui dis-je en essayant de masquer mon inquiétude derrière un sourire timide.

« Oui, tu as raison », dit-elle finalement. « Je t'aime ma chérie », murmure-t-elle avant que je ne descende de la voiture.

« Je t'aime aussi maman », dis-je avant de fermer la portière, sentant déjà un vide se créer entre nous alors qu'elle s'éloigne. Je prends une profonde inspiration avant de tourner mon regard vers l'école.

En entrant dans le hall du lycée, une vague d'anxiété m'envahit. Les couloirs sont remplis d'élèves discutant gaiement, riant et se déplaçant comme s'ils avaient toujours appartenu à ce lieu. Je marche rapidement vers mon casier, la combinaison en main. Mes mains tremblent légèrement alors que j'essaie d'ouvrir la porte métallique. Mais rien ne fonctionne. Je vérifie encore une fois le papier que l'on m'a donné — c'est bien le bon numéro.

« T'es pas du coin ? Non ? » Une voix masculine résonne derrière moi.

Je lève les yeux et croise le regard d’un jeune homme blond aux traits marquants et au sourire désarmant. Il semble détaché des préoccupations qui m’assaillent.

« Comment ? » balbutié-je, surprise par son intervention inattendue.

« J'ai dit que tu n'étais pas du coin », répète-t-il en s'approchant avec assurance.

Un frisson parcourt mon échine alors qu’il s’avance vers moi. « En effet, je suis nouvelle », avoue-je finalement.

« Laisse, je vais t'aider », dit-il avec un air confiant. « Je sais comment ça marche ».

Je fronce les sourcils, intriguée par son assurance. « Ah oui ? » demandai-je avec un mélange de curiosité et de scepticisme.

« Ouais, je l'avais l'année dernière », m'informe-t-il en s'accroupissant devant le casier pour essayer d’ouvrir la porte obstinée.

Il tourne la combinaison avec précaution puis… clac ! Le bruit métallique résonne comme une mélodie triomphante alors qu'il réussit enfin à ouvrir le casier.

« Ah ! Ça se comprend maintenant », dis-je en souriant légèrement, soulagée mais aussi impressionnée par son aplomb.

Il se redresse et me regarde avec un sourire amical. « Tu es ? »

« Layla Jones », réponds-je en lui tendant la main timidement.

« Moi c'est Aiden Spanberry », dit-il en serrant ma main chaleureusement.

Un frisson agréable parcourt mon bras au contact de sa main. « Enchantée de faire ta connaissance Aiden », dis-je en essayant de cacher mon embarras derrière un sourire engageant.

« Le plaisir est partagé Layla », rétorque-t-il avec un clin d'œil complice qui fait battre mon cœur plus vite.

J'ouvre mon casier pour y déposer mes livres inutiles lorsque soudainement une voix douce et mielleuse interrompt notre échange. Je ferme rapidement la porte du casier pour voir qui parle à Aiden. Mes yeux se posent sur une fille blonde aux traits délicats qui s'approche rapidement de lui comme si elle avait hâte de lui parler.

Avant même que je puisse réaliser ce qui se passe, elle saute sur Aiden et l’embrasse passionnément — un baiser si intense qu'il semble presque irréel dans ce moment déjà chaotique pour moi. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine alors qu'une vague d'émotions contradictoires m'envahit : surprise, jalousie peut-être… mais surtout confusion face à cette situation inattendue.

Heureusement pour moi, la cloche retentit juste au même instant comme si elle voulait mettre fin à ce moment gênant et inattendu. Sans attendre une seconde de plus, je me lance à la recherche de ma salle de classe tout en essayant d'oublier cette scène déroutante qui vient juste d'avoir lieu devant moi.

En marchant dans le couloir bondé des élèves animés par leur propre excitation ou anxiété face à cette nouvelle journée scolaire, je ressens un mélange d'appréhension et d'espoir. Chaque pas résonne comme un écho dans mon esprit : peut-être que cette école ne sera pas si terrible après tout ? Peut-être que je pourrais y trouver ma place ?

Les murs sont décorés avec des affiches colorées annonçant des événements scolaires futurs : des matchs sportifs, des soirées dansantes et des clubs divers et variés qui semblent promettre des moments mémorables à venir. J’aspire à faire partie intégrante de cette vie vibrante qui semble flotter autour de moi comme une mélodie joyeuse dont j'aimerais faire partie.

En finissant par trouver ma salle de classe après quelques hésitations — encore une fois — je prends une profonde inspiration avant d'entrer. À l'intérieur, les élèves sont déjà installés à leurs bureaux respectifs ; certains discutent tandis que d'autres semblent plongés dans leurs pensées ou leurs téléphones portables.

Je choisis un siège près du fond pour me donner une chance d'observer avant de m'intégrer pleinement au groupe. Alors que le professeur entre dans la salle et commence à prendre la liste des présents, je sens mes mains moites sur mes genoux ; l’appréhension est toujours là mais je sais que j’ai fait le premier pas en venant ici aujourd'hui.

Durant les premiers instants du cours où chaque élève est appelé par son nom pour se présenter brièvement — ou plutôt pour dire quelque chose sur eux-mêmes — j’écoute attentivement chaque présentation tout en réfléchissant à ce que je pourrais dire si jamais on venait à me demander de parler aussi…

Peut-être qu’un jour prochain je pourrais raconter mon histoire sans crainte ni hésitation ? Peut-être qu’un jour prochain j’aurai des amis ici…  Mais pour l’instant, il ne reste qu’une seule certitude : il est temps pour moi d’affronter ces nouveaux défis qui m’attendent dans cette école où tout semble encore étranger mais où j’espère trouver finalement ma place…