Nous arrivons devant chez moi.
Le silence, lourd et vibrant, enveloppe nos silhouettes immobiles.
La nuit semble retenir son souffle avec nous, comme si même les étoiles refusaient d’interférer.
Aucun de nous n’ose parler. Chaque pas, chaque battement de cœur résonne démesurément dans ce vide tendu.Je baisse les yeux vers mes chaussures, fixant l’asphalte sombre qui miroite légèrement sous la lumière faiblarde du lampadaire.
Dans ma poitrine, un pincement.
Ai-je été trop dure ? L’ai-je blessé sans le vouloir ?
Ce n’était pas mon intention… mais parfois, les mots échappent et frappent plus fort qu’on ne le voudrait.Je serre la lanière de mon sac, hésitant, quand sa voix s'élève enfin.
Un murmure rauque, incertain, qui fend l’air comme un frisson.— Bon… ben, je vais y aller, souffle-t-il.
Je redresse la tête.
La voix ne lui ressemble pas. Elle est étrangère, voilée d’une tristesse que je ne sais comment apaiser.— D’accord, dis-je simplement, le ton plus plat que je ne l’aurais voulu.
Un gouffre s’ouvre entre nous.
Je détourne le regard, me tournant vers la porte d’entrée.
La clé glisse de mes doigts, tremblants, alors que je m’apprête à fuir cet instant trop fragile.Mais sa voix me rattrape, douce, tremblante.
— Layla…
Mon cœur se serre à m’en faire mal.
Je me retourne lentement.
Il est là, immobile, les épaules basses, les mains dans les poches comme pour se protéger d’un froid intérieur.Ses yeux croisent les miens, et je vois tout.
La peur.
L’espoir.
La vulnérabilité nue qu’il essaie en vain de dissimuler.— Oui ? chuchoté-je, la gorge serrée.
Il inspire profondément, comme s’il cherchait du courage au fond de lui.
— Est-ce qu’un jour… tu arriveras à me laisser une chance ?
Le monde s’arrête de tourner.
La nuit s’efface.
Il ne reste plus que lui, ses mots suspendus, et mon cœur qui hurle sans un son.Je ferme brièvement les yeux, tentant de contenir le flot d’émotions qui menace de m’engloutir.
Quand je les rouvre, son visage est toujours là, tendu, suspendu à mon silence.— Un jour, peut-être… soufflé-je, esquissant un sourire minuscule, presque douloureux.
Une étincelle s’allume dans ses yeux.
Infime.
Fragile.
Mais suffisante pour faire naître une chaleur douce dans ma poitrine.— Bonne nuit, Noah, murmuré-je avec tendresse.
Il esquisse un sourire en retour, ce genre de sourire qui fait vaciller tout mon être.
— Bonne nuit, ma belle, répond-il d'une voix rauque.
Je me détourne avant que mes jambes ne me lâchent.
J'ouvre la porte d'une main fébrile, referme doucement derrière moi, et m'adosse au bois froid.
Je glisse le long de la porte, riant silencieusement, submergée par une émotion trop grande pour mon petit corps.Mon cœur cogne à tout rompre.
Mes mains sont moites.
Ma respiration courte.
Je ferme les yeux, laissant l'instant me submerger.Il m’a appelée « ma belle »…
Je reste ainsi de longues secondes, savourant ce moment fragile et parfait.
Puis je me redresse, ôtant mes chaussures avec précaution, et monte les escaliers sur la pointe des pieds.Chaque marche grince doucement sous mon poids, me rappelant que le monde continue, malgré tout.
Alors que j’atteins le haut de l’escalier, une voix familière me fige.
— Je t’avais dit de ne pas rentrer tard, Layla.
Je me raidis.
Dans l’ombre du couloir, ma mère se tient là, les bras croisés.
Son visage est à moitié plongé dans l’obscurité, mais je perçois la fatigue dans sa posture.Je croyais qu’elle dormait…
Je tente un sourire timide.
— Il est à peine dix heures, maman, soupiré-je doucement.
Un silence s’installe.
Puis sa voix s'adoucit, presque tremblante.— Lay’, je sais que les choses ne vont pas bien entre Ellie et toi… mais elle me manquait tellement… Et… quand elle m’a parlé de son congé, je n’ai pas su dire non. Alors… je l’ai laissée venir ici.
Je ferme brièvement les yeux.
Le nom d’Ellie est une écharde sous ma peau.
Mais face à la détresse de ma mère, je n'ai pas la force de raviver de vieilles blessures.Je prends une inspiration profonde, chassant la rancune.
— Je comprends, maman. Je ne t’en veux pas, dis-je sincèrement.
Mais ma voix se durcit légèrement :
— … ne compte pas sur moi pour lui parler, ou faire semblant.Elle hoche la tête, comprenant sans insister.
Elle s’approche et m’enlace avec une douceur infinie.
Son parfum familier, un mélange de vanille et de linge propre, m’envahit, m’apaise.— Merci de me comprendre, ma chérie. Je t’aime, souffle-t-elle contre mes cheveux.
Je ferme les yeux et me blottis contre elle.
— Moi aussi je t’aime, murmuré-je, la voix tremblante.
Un instant suspendu, précieux, que je voudrais pouvoir enfermer dans un écrin.
Puis, silencieusement, elle s’éloigne et disparaît dans sa chambre.
Je gagne la mienne en silence.
Me glisse sous mes draps frais.
Et reste là, les yeux ouverts, le regard perdu dans l’obscurité.La maison entière dort.
Seuls mes pensées et les battements fous de mon cœur tiennent encore éveillés.Je souris, incapable de m’en empêcher.
Et dans l’obscurité douce, dans la chaleur réconfortante de mon lit, je laisse l’image de Noah m’envahir.
Son regard.
Sa voix.
Ses mots.Un jour, peut-être.
Je ferme les yeux, emportée par cette pensée, et pour la première fois depuis longtemps, l’avenir me semble moins effrayant.
Peut-être qu’au bout du chemin, il y aura un « nous ».

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Fou de toi
RomanceSi vous etes tombes amoureux une deuxieme fois vous verez tres bien que ce n'etait pas de l'amour la premiere fois, Car il faut beaucoup de courage pour tomber amoureux une deuxieme fois car beaucoup de gens n'ont pas eu une bonne experience la prem...