𝐋𝐀𝐔𝐑𝐄𝐍.

Chapitre 58 :Risen.

Quelques jours plus tôt

— Mierda ! No debiste haberla provocado
(Tu n'aurais pas dû la provoquer)

Je transporte le corps sans vie de cette jeune fille, la patronne m'a ordonné de l'enterrer. Et c'est ce que je m'apprête à faire.

J'ai le corps mouillé par l'eau de pluie, l'orage ne semble pas vouloir s'arrêter depuis un moment, cela rend le travail bien plus compliqué.

Je me demande ce qu'elle a fait pour se retrouver dans les bras de cette folle furieuse. Que son âme repose en paix, ça fait quelques heures qu'elle est sans vie, son corps est glacé et pâle. Mais elle a toujours cette gueule d'ange, ses cheveux roux, ses tâches de rousseurs et ses lèvres pulpeuses.

Le trou dans lequel elle va reposer est maintenant creusée mais je ne me résous pas à l'enterrer, je fais les cent pas près de ce corps inerte. Ce genre de situation me fait douter de mon choix de carrière parfois. Les gens pures qui finissent six pieds sous terre, ça me fait presque de la peine.

— Qu'est-ce que tu as pu bien faire petite ?

Je me lève et fait les cent pas, qu'est-ce que j'attends pour terminer le travail, cela ne m'est jamais arrivé mais je n'arrive tout simplement pas à l'enterrer.

La pluie commence à baisser en intensité jusqu'à cesser complètement, je n'arrive pas à le faire... Cela ne m'est jamais arrivé, le travail est toujours fait proprement sans complications de ce genre.

— ¿ Qué hago ahora ?
(Qu'est-ce que je fais maintenant ?)

Je m'agenouille près de son corps, afin de la soulever, mais la chaleur qui parvient au bout de mes doigts suffit à me stopper dans mon élan.

— Comment est-ce possible ?

Son corps se réchauffe, je place immédiatement mon index et mon annulaire sur son cou pour prendre son pouls, je ne sens rien, elle ne respire pas mais son corps n'est plus aussi froid qu'il y a quelques minutes. Je pose finalement ma tête sur sa poitrine, de faible battement de cœur me parvienne.

Elle est en vie !

— Tu ne veux décidément pas mourir toi.

La stupeur s'empare peu à peu de moi, je suis pratiquement sûre qu'elle était morte, c'est impossible qu'elle respire tout à coup.

Si cette femme découvre qu'elle est encore en vie, elle viendra terminer ce qu'elle a commencé et ajoutera ma tête sur son panel.

— Et puis m*rde

Je la soulève et court le plus rapidement possible, je sais où aller si elle est encore en vie, pas dans un hôpital ça serait trop dangereux !

J'ouvre brusquement la porte de la maison et hurle le nom de ma mère.

— Mamá ¿ Donde estas ?
(Maman où es-tu ?)

— Dios Mio, Krys, qui est cette fille ?

— Je crois qu'elle est encore en vie tu peux faire quelque chose pour la soigner ?

— Pose la sur le sofa vite, et apporte moi la trousse de secours et les herbes.

Je m'exécute sans broncher, ma mère est une guérisseuse avec beaucoup d'expérience, nous n'avions jamais eu de besoin de médecin à la maison sauf pour des choses hors de sa portée.

— Elle a reçu deux balles dans le dos.

— Il faut qu'elle aille à l'hôpital, son poul est extrêmement bas, et la balle a du touché des organes vitaux, je n'ai pas le matériel adéquat pour la soigner.

— Je ne peux pas, la police risque d'être impliquée.

— Qu'est-ce que tu as encore fait mi hijo.

— Reste ici je vais l'emmener moi-même je dirai que je l'ai trouvé dans la rue.

— Non je t'accompagne, on inventera bien une histoire.

Mais à quoi est-ce que je pense ?

C'est me jeter dans la gueule du loup. Mais cette fille m'intrigue beaucoup trop, je deviens sûrement fou, mais elle vient de revenir à la vie sous mes yeux. Je l'ai vu mourir et perdre ses couleurs, je l'ai vu agoniser sans rien faire et j'ai été présent jusqu'à son dernier souffle, c'est impossible qu'elle soit vivante...

J'aide ma mère à la mettre à l'arrière du véhicule et je prends le volant, je conduis le plus rapidement possible, en tout cas ce que je peux me permettre sous cette pluie qui m'empêche de voir correctement la rue.

— Fais attention mi hijo c'est quand même dangereux.

J'essaie de mélanger précaution et vitesse pour que nous arrivions en un seul morceau.

Après quelques minutes je me gare devant l'hôpital, je suis très mal garée mais je n'ai pas le temps pour ça actuellement, je descends immédiatement de la voiture et aide ma mère à la sortir, je la soulève et pénètre dans l'édifice.

— À l'aide ! Cette fille va mourir ! Hurla ma mère pour attirer l'attention des infirmiers et médecins qui passaient.

Plusieurs infirmiers courent vers nous pour nous aider à la porter.

— Que s'est-il passé Monsieur. Me demanda une infirmière aussitôt que je la posais sur le lit roulant.

— Je... je ne sais pas, je l'ai trouvé dans la rue. Dis-je en lançant un coup d'œil à ma mère.

— Blessures par balles, état critique.

Ils manipulaient des engins médicaux qui m'étaient inconnus et parlaient entre eux avec des termes qui m'étaient tout aussi inconnus, ils agissaient avec une rapidité incroyable, et je me tenais là à l'observer, tout ceci était incompréhensible. Qu'est-ce qui me prend de risquer ma vie pour sauver celle d'une inconnue...

Ils la transportent vers la salle d'urgence et je les suis de près jusqu'à ce qu'ils m'interdisent d'aller plus loin, je les regarde s'éloigner en courant avec cette fille, je reste figé, dans l'incompréhension la plus totale.

— Krys, tu vas me raconter tout ce qui s'est passé maintenant. Je pensais que tu avais arrêter cette activité, tu sais à quel point ton père nous a fait souffrir avec ça et toi tu fais la même chose...

La voix de ma mère me paraissait trop lointaine, j'étais tout simplement trop abasourdi et assommé pour parler...