Prologue

392 19 9
                                    

/!\ Cette histoire va bientôt être en partie réecrite. Vous pouvez la lire, mais sachez que certains points du scénario risque d'être remaniés à l'avenir, car je ne suis pas complètement satisfaite de la manière dont les évènements se suivent. /!\


Une camionnette roulait au pas, dans le silence de ce petit quartier de banlieue de classe moyenne américaine, éclairée à intervalle régulier par les lampadaires qui crachaient leur lumière jaunâtre. Les maisons se succédaient les unes après les autres, presque toutes identiques, comme si un artiste fou s'était amusé à les démultiplier à l'infini, en ajoutant seulement quelques légères variations ici et là pour faire croire que chaque demeure avait sa personnalité dans ce grand tout uniforme. Pourtant, la camionnette semblait savoir où elle se dirigeait. Car elle n'eut pas besoin de vérifier si elle était devant la bonne demeure pour s'arrêter net devant l'une d'entre elles.

La maison blanche n'était pas bien différente de toutes les autres, à vrai dire, avec son garage au rez de chaussée, sa petite véranda et les trois marches menant à son perron. Dans le jardin, un tricycle pour enfant gisait, renversé, à côté d'un imposant ballon, sur le gazon parfaitement entretenu. Un imposant mat en flanquait le centre, en haut duquel un drapeau états-unien, qui aurait du battre fièrement s'il y avait eu le moindre souffle de vent, pendait pathétiquement. C'était le signe le plus distinctif qui démarquait cette maison des autres. Ce haut mat, et son drapeau.

La lumière était allumée, à l'intérieur de la demeure, et on pouvait deviner des éclats de voix joyeux, ainsi que le babillement d'un enfant en bas âge. La camionnette resta immobile. Jusqu'à ce que sa porte s'ouvre. Une femme, grande et filiforme, les cheveux noirs comme la suie tenus en une haute couette, la peau basanée, et revêtue d'une longue blouse blanche qui détonnait au milieu de ce lotissement, en surgit. Un rapide coup d'œil aux alentours lui suivit, et elle s'engagea sur l'allée menant à la demeure, silencieuse comme une ombre. Son regard était aussi noir que l'encre, terrifiant, presque non humain, bien que les imposantes cernes qui les soulignaient laissent entendre une vie épuisante. Le bas de son visage cachait son expression par un masque chirurgical, assez à propos mis en parallèle avec la blouse que la mystérieuse femme revêtait.

La femme sembla hésiter, devant la porte du garage. Et regarda une nouvelle fois autour d'elle. Les commérages étaient monnaie courante, dans ce genre de lotissement, après tout. Que penserait un voisin un peu trop curieux en voyant une camionnette plus que suspecte garée ainsi, en double file? L'inconnue se hâta, monta les trois marches menant au perron, mais ne frappa pas à la porte. Elle se contenta de se tenir, à la fenêtre. Discrètement. Et d'observer, à l'intérieur, la petite famille en train de partager un repas, pleine d'insouciance, et inconsciente de la spectatrice qui les fixait de son regard plus sombre que le fond noir des océans.

Elle resta longtemps ainsi immobile, comme ayant pris racine sur les planches du perron, observant avec une insistance certaine un spectacle pourtant bien peu intéressant en soi, le simple diner d'une famille de classe moyenne américaine. Un père, un peu large, parlant très fort et ayant des opinions très arrêtées sur tout. Une mère, douce, à l'écoute de son mari, prenant déjà soin de faire la vaisselle tandis que ce dernier était toujours bien assis à sa table. Et une enfant, avec des petites couettes, en train de secouer avec une insistance certaine la cuillère en plastique qu'elle tenait en main, bloquée dans sa chaise pour enfant jusqu'à ce que les adultes ne daignent l'en descendre.

L'inconnue s'abreuvait de ce spectacle. Pourquoi il lui était aussi important, cela était une grande question. Mais, eusse son visage été visible, et non camouflé par son masque chirurgical, que nous aurions sans doute pu la voir esquisser un sourire apaisé. Qui disparut dès l'instant où une voix retentit à ses côtés, faisant reparaître instantanément, tel un réflexe son air sombre et épuisé.

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant