Le poids de la vérité

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-Morgane? Demanda le Docteur Sigurdsson en entrant dans son propre bureau, rempli d'inconnus l'oeillant d'un air méfiant. Qui sont tous ces gens?

-Hm? Oh, ça. Répondit la maitresse du Coven d'un air distrait, une ride de concentration barrant son front. Rien de particulier. Juste mes subordonnés du Coven.

Jules déglutit. Un rapide coup d'oeil lui permit de prendre conscience de la situation. En y regardant de plus près, nombre des invités avaient des traits similaires à ceux de Morgane ou de Alice. Un certains nombre arboraient également les mêmes cheveux argentés que cette dernière, et, plus rarement, les mêmes iris mauves. Toutes ces personnes à l'air maussade, qui semblaient avoir été tirées du lit, et arboraient des mines sérieuses et sombres, étaient, de prêt ou de loin, des descendants de Satan... il y en avait plus d'une quinzaine. Un frisson glacé parcourut l'échine du médecin. Il s'approcha de sa compagne, une expression inquiète plaquée sur le visage.

-Morgane... je... peux te parler deux minutes?

-Tu peux le faire ici même.

-Je préférerai le faire dans un endroit moins... bondé.

-Malheureusement, ces subordonnés me servent aussi du garde du corps. Je ne compte donc pas m'en éloigner.

Jules eut un mouvement de recul, un peu choqué.

-Tu ne penses tout de même pas que je vais m'en prendre à toi!

Un sourire moqueur naquit sur les lèvres de la demi-démone.

-Même si tu t'y laissais tenter, je doute que tu puisse me faire grand chose, Jules. Ne t'en fais pas. C'est... une simple mesure de sécurité.

-Tu... pense vraiment que Alice...

-Je ne sais pas! Claqua la voix de Morgane, lui attirant quelques regards dérobés de la part des membres du Coven présents dans la pièce. Je ne sais pas ce qu'elle va faire, Jules! C'est une demi-démone de sang pur! Si elle décidait soudain de me détruire, que pourrai-je y faire? Je ne peux pas agir imprudemment.

-Alice ne ferait pas ça...

L'expression de Morgane se mua en rictus.

-Je me demande bien comment tu peux en être si certain. C'est moi qui lui ai volé sa mère, sa famille... c'est moi qui ai tenté d'en faire une arme affûtée et obéissante.

-Une... arme? Non, elle est comme... comme notre fille, Morgane. Protesta Jules. Et tu le sais, toi même. Tu regrettes d'avoir eu ces pensées, tu ne veux pas de toute cette vie pour elle. Je le sais. Tu me l'as dit. Mais si tu lui montre une telle méfiance, si tu la rejette, que lui restera-t-il?

-Tu es trop naïf, Jules. Grimaça Morgane. Et c'est probablement ma faute. Malgré toutes mes horreurs, tu es incapable de voir le moindre mal en moi. Et comment le pourrai-tu... tu m'appartiens, après tout.

Morgane se laissa aller à un regard attendri, et son unique main vint caresser la barbe blanchissante du vieil homme. Son regard se durcit rapidement, cependant. Et redevint plus froid que la glace.

-Mais pas elle. Elle n'est pas une simple humaine comme toi. L'eut-elle été, les choses auraient été plus simples. J'aurai simplement pu l'envoûter comme toi... Mais non. Elle est une demi-démone de sang pur. Elle ne m'a suivie que parce qu'elle avait besoin de quelqu'un. Mais lorsqu'elle réalisera que tout n'a été que mensonge... alors elle viendra pour ma tête.

-Tu ne sais pas si elle le saura... tenta Jules.

-Et je ne suis pas sûre de vouloir tenter ma chance. Rétorqua Morgane. J'ai vécu longtemps, Jules. Plus longtemps que tu ne peux l'imaginer. J'ai mis des siècles à rechercher cette arme parfaite de ma vengeance. Sélène m'a déjà échappée, et j'ai bien failli perdre ma tête pendant sa petite rébellion. Si elles venaient à être deux contre moi? Je me suis battue trop longtemps, j'ai trop sacrifié pour m'arrêter là. C'est moi qui aurait la tête de Satan, et personne d'autre. Si je dois attendre encore cinq cent ans pour trouver une nouvelle Alice plus docile, alors qu'il en soit ainsi.

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant