En Chasse

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La pluie battante noyait les ruelles du centre ville de Strasbourg, s'engouffrant, semblable à un torrent enragé, le long des pavés. Les épais nuages noirs cachaient la lueur de la lune, plongeant la cité dans une obscurité profonde. Trois silhouettes se découpèrent le long des bâtiments, vêtus de longs manteaux noirs et capuches remontées pour tenter d'échapper à la pluie. Ou... peut être pas seulement. 

-Credo que... si, c'est bien ce bâtiment. Déclara la voix claire de Ester Rosson. Mais... tu es sûre que...

-Ukko'nerhté, Ester, c'est la quinzième fois que tu demandes. S'énerva Nokomis, juste devant elle, dont le capuchon parvenait à peine à camoufler la crinière rousse. 

-Excuse moi d'avoir des scrupules! S'emporta en réponse la journaliste.

-Silence, vous deux. Les interrompit la voix froide et tranchante d'Alice. Nous y sommes.

Cela ne sembla pas beaucoup améliorer le sentiment de l'espagnole pour autant. 

-J-je ne sais pas si je peux faire ça...

-Eh, eh, narena... tenta de la calmer Nokomis. Personne ne te demande de te salir les mains, d'accord? Notre rôle, c'est juste de retrouver ces chiens. Alice s'occupe du reste. 

-Pero...

-Ester. Déclara cette fois la voix ferme d'Alice. N'oublie pas ce que ces criminels t'ont fait. Vous ont fait. M'ont fait. La justice n'a jamais été capable d'éradiquer les racines du Réseau, seulement les branches. Alors... il faut bien que quelqu'un se... salisse les mains, comme l'a si bien dit Nokomis.

Ester hocha avec lenteur la tête, incertaine.

-Imagine ça comme une sorte de châtiment divin. Railla finalement Alice. 

Avant d'enfoncer la porte d'un violent coup de poing. Le battant craqua, et céda, mais Alice le retint avant qu'il ne vienne percuter le mur du passage menant à une petite cour intérieur. Le trio pénétra discrètement, Nokomis refermant le battant défoncé derrière elles. 

-Sous-sol. Se contenta de commenter Ester en désignant un porche sur le côté de la petite cour. Alice et Nokomis s'avancèrent discrètement, vérifiant qu'aucune âme indiscrète n'observait leur manège depuis les quelques fenêtres éclairées surplombant la cour, puis descendirent quelques marches avant d'arriver face à une lourde porte de fer, dont le système de sécurité semblait un peu trop neuf comparé à son environnement antédiluvien.

-Ça m'a l'air bien sécurisé pour une simple cave. Ironisa Nokomis. 

-De toute évidence, certaines personnes ont des choses à y cacher. Enchérit Alice. 

-Nokomis, mets ton masque! S'énerva Ester Rosson. Si nous sommes reconnues...

-Je ne pense pas laisser beaucoup de témoins en vie. Commenta Alice d'un air sombre. Mais... oui, la sécurité vaut mieux que rien. Vos visage sont assez connus. C'est l'inconvénient de passer à la télévision, on va dire.

Nokomis roula des yeux, mais enfila tout de même un masque qui cachait une bonne partie du bas de son visage. De son côté, Alice avait agrippé le rebord de la lourde porte en fer, et força. Ses doigts malaxèrent le métal comme s'il s'était agi de beurre à peine solide, se fournissant une prise suffisante, puis tira un coup. La porte se plia sous l'assaut, mais tint bon. 

-Ça c'est du verrou... grogna Alice, dont les yeux mauves se mirent à luire tandis que la température refroidit légèrement dans la cage d'escalier. 

Une seconde, puis une troisième tentative, et la porte finit par céder dans un bruit de métal tonitruant.

-Je pense qu'ils savent que nous sommes là... commenta Nokomis.

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant