Douces retrouvailles

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Un silence de mort régnait dans la petite chambre d'hôpital. Jenn se tenait prostrée sur sa chaise, le visage baissé, une expression honteuse sur le visage. Jill, elle, faisait face, adossée au mur, son habituelle expression blasée placardée sur le visage. Quant à Mélody, elle restait un peu en retrait à côté de Jenn, et sa présence actant comme soutient en l'absence de Lutz, qui était restée à l'extérieur, devant la porte, à discuter avec le docteur Roman. 

Alice, elle, était immobile, et silencieuse, le regard figé sur l'un des nombreux plis de ses draps. Elle bougeait si peu que Jill finit par se sentir obligé de préciser.

-Nous sommes... désolée de ne pas te l'avoir dit plus tôt. Soupira-t-elle. Tu venais de te réveiller, et... nous n'étions pas sûres... de la façon dont tu prendrai la nouvelle. 

Alice hocha presque imperceptiblement la tête, avant de relever le visage pour plonger son regard dans celui de sa tante. Ses habituelles lentilles de contact noires rendaient ses pupilles presque aussi sombres que celles de Jill, cachant leur couleur mauve qu'elle avait hérité de Satan. Son visage était fermé, dur presque. Mais elle finit tout de même par reprendre la parole.

-Au fond, je le savais déjà. Déclara-t-elle finalement, en baissant le regard. Le fait qu'aucun d'entre eux ne soient venus me voir depuis mon réveil... le fait que vous évitiez toutes le sujet... et puis, je me souviens bien de l'explosion, aussi. De sa violence. De... son écho dans mes os, et... et de la chaleur, et... et...

-Ali... murmura Jenn, le visage en larme, en accourant prendre sa fille dans ses bras. 

Alice déglutit, malgré elle. Mais rendit son embrassade à sa mère. Et retint l'humidité de ses yeux d'en échapper, en clignant furieusement des yeux. 

-Je... je refusais d'accepter qu'ils soient vraiment... tous... commença-t-elle, sans pouvoir finir pour autant. 

-Je sais, ma chérie... murmura Jenn, en l'attirant toujours plus prêt d'elle. Personne ne voulait l'accepter, personne... 

-Nous avons juste eu... un peu plus de temps que toi pour venir à terme avec ça. Soupira Jill, depuis sa position contre le mur. 

-Et Charlotte est toujours en vie, quelque part. Martella de son côté Mélody. Je veux que tu en ai conscience, Alice. Tout ça est difficile, mais... mieux vaut se concentrer sur ce qui nous reste, le temps que le cœur cicatrise. 

Alice hocha la tête silencieusement, la gorge nouée. Ainsi... Morgane et Jules Sigurdsson avaient ils dit la vérité sur les autres occupants du Véloce. Cela faisait un moment déjà que la jeune femme ne se faisait plus d'illusions à ce sujet, mais se l'entendre finalement dire par sa propre famille rendait la chose d'autant plus réelle... et dure. Son cœur saignait de réaliser que ceux qu'elle aimait avaient disparu depuis des mois, déjà, et que sa mère, tout comme Jill et Mélody, avaient dû faire face à l'inquiétude de ne pas la voir se réveiller, en plus de tout cela. La tristesse, cependant, ne tarda pas à se commuer en rage. Serrant le corps de Jenn un peu plus près d'elle, Alice laissa échapper...

-Je leur ferait payer... 

Son regard sombre sembla attirer celui de Jill.

-Ouais... on va leur faire payer, ne t'en fais pas pour ça... rétorqua sa tante, sous le regard inquiet de Mélody. 

Cette dernière fut celle qui reprit la parole.

-Nous... pensons... craignons, même, que les responsables soient plus proches que nous l'avions pensé... déclara-t-elle. 

-Dans cet hôpital même. Enchérit Jill. A prétendre être de gentils samaritains, prêts à te planter un couteau dans le dos à tout instant.

-Ce sont eux qui t'ont gardée endormie tout ce temps, Alice. Murmura Jenn en se défaisant de l'embrassade de sa fille, et en la prenant par les épaules. Il faut... il faut que nous t'arrachions à leur griffes. Je ne te laisserai pas une minute de plus à leur portée.

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant