Epilogue

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-Làà, lààà, Victor... doucement. C'eeest bien. Quoi, tu en veux aussi, Samael? J'arrive, j'arrive.

Jules Sigurdsson s'épongea le front. Il n'était plus tout jeune... et s'occuper tout seul de deux petites boules d'énergie qui ne faisaient que manger, pleurer et dormir, n'était définitivement plus de son âge. Mais, quand il y repensait, même plus jeune, lorsqu'il avait eu son seul et unique fils, Joseph, il n'avait pas vraiment participé à son éducation. Sa femme et lui avaient laissé Joseph aux soins de gouvernantes passé ses premières semaines. Ils avaient de grandes attentes pour lui, mais n'avaient jamais été des parents présents. Cela ne rendait son absence que plus dure à supporter pour Jules. Etait-ce la raison pour laquelle il s'occupait des deux jumeaux rejetés par Alice? Peut être cherchait-il à se faire pardonner d'avoir été un aussi mauvais père par le passé. Ou alors cherchait-il simplement à expier tout le mal qu'il avait causé, directement et indirectement, à la famille des deux rejetons.

Désormais, sans lui, ils étaient seuls au monde. Leur père, Tom, avait succombé sous les assauts de Morgane. Et leur mère, Alice, ne ressentait que haine et dégout à leur sujet. Jules était persuadés que les petits, qu'il avait nommé lui même Victor et Samael, ne seraient jamais en sécurités si Alice pouvait savoir où venir les chercher. Elle était blessée, terriblement, et irrationnellement. Blamer ces deux petits êtres sans défense était une solution facile; après tout, ils ne pouvaient pas se défendre. Ils n'avaient pas conscience du drame au milieu duquel ils avaient été mis au monde. Jules Sigurdsson espérait les en protéger. Leur éviter de vivre une vie de demi-démons. Il espérait qu'ils puissent avoir une existence calme, paisible, loin de la fureur de leur mère, et des machinations du Coven.

Jules Sigurdsson était un chirurgien réputé et recherché. Il n'avait pas été compliqué pour lui de fuir Lyon pour éloigner les petits du danger, le plus possible. Il s'était caché quelques temps à Londres, où il avait fait régulariser l'existence des deux bambins. Ils étaient désormais Victor et Samael Sigurdsson, né d'une de ses "maitresse" morte en couche. Ce ne pouvait être plus loin de la vérité, mais Jules était déterminer à protéger les jumeaux le plus possible. Puis, il avait fait jouer ses relations pour trouver un poste dans un hôpital aux Etats-Unis. Là, il y serait bien payé, et pourrait fournir une éducation de qualité aux deux enfants. Et puis, l'Amérique du Nord était généralement le territoire de Wendigo. Du peu qu'il avait pu glaner sur le fonctionnement du Coven, les autres branches que la sienne n'y mettaient que rarement les pieds, ce qui limitait le risque de retomber dans les filets de l'organisation. Jules était méticuleux. Et prudent. Paranoïaque aurait pu être le terme employé, même. Cependant, il avait raison de l'être. Car le temps lui donna raison lorsque, dans sa salle à manger, surgirent deux hommes qui n'avaient clairement pas été invités.

Jules bondit immédiatement de sa chaise, se saisissant de Victor dans ses bras. Il n'avait meme pas eu deux mois de répit, et voilà qu'il avait déjà été retrouvé... mais par qui?

-Enchanté de vous rencontrer, Docteur Sigurdsson. Déclara le premier d'une voix trainante. Nous ne nous connaissons pas encore.

Il avait la peau pâle, les cheveux hirsutes, les yeux cernés, et le dos vouté. Sa voix recelait cependant un air de danger qui nul n'aurait pu ignorer.

-Je me permets de me présenter. Reprit-il. On me nomme Achéron. Et voici mon camarade, Styx. Je ne vais pas y aller par quatre chemin, nous sommes envoyés par les Elyséens de l'Epaggelia... le Réseau, comme vous aimez l'appeler.

Le coeur de Jules Sigurdsson chuta dans sa poitrine. Alice avait passé la dernière année à pourchasser et détruire systématiquement toutes trace de l'organisation en Europe... le vieil homme ne pensait pas craindre la moindre chose de la part de l'organisation criminelle. Il ne les avait même pas pris en compte dans son système de défense paranoïaque... et cela lui coûtait cher, désormais.

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant