Embrouilles à l'hosto

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Lorsque Lutz arriva à l'accueil de l'hôpital, la semaine suivante, cependant, elle n'eut pas l'occasion de mener sa propre petite enquête comme elle l'avait prévu. D'une part, parce que l'infirmière Mikayla ne tenait pas le comptoir comme à son habitude à cette heure là, les jeudi. A la place de ses yeux pétillants et de ses boucles brunes, se trouvait une infirmière aux longues mèches teintes d'un violet sombre, proche du noir, que l'inspectrice n'avait jamais vue. Mais, le principal obstacle qui se présentait à elle, c'était la présence du docteur Roman, appuyé contre le comptoir de l'accueil, en grande discussion avec un homme grand, aux larges épaules et à la chevelure châtain déjà grisonnante, accompagnée d'une barbe de trois jours. Lutz soupira. Elle n'avait aucune envie d'engager la conversation avec aucun des deux hommes, mais ils se trouvaient sur son passage, et elle ne pouvait décemment pas ignorer le médecin qui s'occupait de son fils depuis maintenant trois ans. 

-Bonsoir, Docteur. Déclara-t-elle, avant d'ajouter sur un ton plus sec. Bonsoir, Emmanuel. 

-Bonsoir, Isabelle. Répondit ce dernier. Toujours aussi ponctuelle.

-J'ai mes habitudes. Rétorqua sèchement l'inspectrice. Du nouveau, Docteur?

-Non, ses signaux sont stables. Répondit l'homme affable.

Le docteur Roman était un homme doux, compréhensif et empathique, ce qui n'était pas des substantifs que Lutz avait l'habitude de souvent associer à des médecins, surtout ceux ayant à charge un service aussi dur que les soins longue durée. Pourtant, il s'était montré un soutient primordial pour l'inspectrice dès le premier jour, et l'avait toujours assurée de son soutient. Même s'il n'était pas toujours d'accord avec les choix que prenait Lutz, il était toujours compréhensif, et écoutait avant d'avancer son propre point de vue, qu'il ne forçait jamais les autres à suivre. Lutz remerciait chaque jour le ciel d'être tombée sur un homme tel que lui pour s'occuper de Tom. 

-Mikayla n'est pas à l'accueil, aujourd'hui? Demanda tout de même Lutz.

-Hm? Oh, non, il y a eu quelques changements d'emploi du temps. J'en profite pour vous présenter Morgane, notre dernière recrue.

La jeune femme aux sombres mèches violettes salua Lutz d'un hochement de tête, avant de se recentrer sur son travail. Sa curiosité rassasiée, l'inspectrice prit congé du médecin pour se diriger vers la chambre de son fils. Malheureusement, Emmanuel la talonnait. L'inspectrice marcha jusqu'à la porte menant au lit de Tom, espérant qu'il changerait de direction entre temps mais, cela n'arrivant pas, elle se retourna.

-Je peux savoir où tu vas? Demanda sèchement Lutz à l'imposant homme qui la suivait.

-Visiter Tom. Tu ne vas pas m'interdire d'aller voir mon fils, quand même. 

Lutz retint de jeter une remarque acerbe à la figure de cet homme avec lequel elle avait construit plus de vingt ans de sa vie. Emmanuel Lutz. Elle portait même encore son nom, malgré le divorce, et elle ne comptait pas s'en débarrasser. Elle s'y était trop habituée, désormais, et tirait même une certaine joie sinistre à l'idée que ce substantif se réfère désormais plus à elle qu'à son mari. Entre eux, plus rien n'allait depuis l'accident. Et Lutz en voulait toujours terriblement à son mari d'avoir proposé de débrancher Tom. 

-Pas en même temps que moi. Grinça finalement Lutz, se retenant de faire toute remarque sur cette fameuse proposition qui avait fini de mettre le feu à leur mariage. Tu l'as dit toi même, je suis ponctuelle. Tu sais parfaitement quel jour, et à quel heure je viens voir Tom. Pour quelle autre raison que pour me narguer viens tu exactement à la même heure, au juste? 

-Ne le prends pas comme ça, Isa...

-Ne M'APPELLE PAS COMME CA! S'exclama Lutz de sa voix vibrante, qui savait tant imposer le respect parmi ses subalternes, dont Emmanuel faisait partie. 

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant