Un long bâillement échappa à Jules Sigurdsson, tandis qu'il poussa la porte de sa demeure. Sa sacoche glissa le long du mur avant de s'immobiliser au sol, et il enleva sa redingote qui commençait définitivement à trop lui tenir chaud. De toute évidence, la chaleur de l'été approchait bien vite, cette année là. Dans le silence de la grande demeure, le chirurgien réputé pénétra dans la cuisine et commença à préchauffer le four. Il avait des envies de cuisine, en ce moment, et ce n'était de toute façon pas sa compagne qui occupait les fourneaux durant la plus grande partie du temps.
Jules n'était pas certains de ce dont Morgane faisait de la majorité de ses journées. Il savait que son rôle de dirigeante de facto du Coven lui prenait beaucoup de temps. Qu'elle avait beaucoup de subordonnés, partout dans le monde, qui étaient ses yeux et ses oreilles sur de nombreux évènements dont lui même n'aurait jamais connaissance. Jules tentait d'imaginer l'existence de dizaines de femmes et d'hommes, demi frères et soeurs de Morgane, qui devaient tous et toutes partager avec elles quelques unes de ses caractéristiques physiques tout en la servant. Ce port hautain, ces pommettes hautes, ces lèvres charnues, ces yeux d'un mauve si déstabilisant, ces cheveux d'un blanc opalin que la demi-démone gardait cachés sous une épaisse teinture violette. Imaginer tant d'inconnus et d'inconnues coller à ce portrait faisait tourner la tête du chirurgien. La seule présence d'Alice permettait déjà de remarquer beaucoup de ces points communs, et était déjà assez déstabilisante. L'homme espérait ne pas avoir à croiser trop des sous fifres de sa compagne à l'avenir.
Cette dernière sembla d'ailleurs se matérialiser de nulle part, la porte d'entrée n'ayant pas claqué pour annoncer son arriver. Jules Sigurdsson ne s'en étonna pas. Il avait l'habitude.
-Eh bien, tu es déjà aux fourneaux. Fit remarquer la maîtresse du Coven.
-Il faut bien se nourrir. Rétorqua-t-il humblement, mais non sans cacher son large sourire lorsque Morgane vint planter un court baiser sur ses lèvres. Bonne journée?
-Pourquoi dois-tu toujours me poser cette question? Soupira-t-elle exaspérée. Qu'y a-t-il à en tirer au juste?
-Ton humeur du jour, quelques anecdotes intéressante que tu as rencontré... de quoi ouvrir une discussion, en somme. Expliqua l'homme en versant la pâte qu'il était en train de fouetter jusqu'ici dans un moule beurré.
Morgane grogna.
-Rien qui ne soit d'intérêt à tes oreilles, non. Déclara-t-elle.
-Je vois. Répondit Jules, qui ne s'était de toute façon pas attendu à une réponse bien plus élaborée de la part de sa mutique compagne. Personnellement, il est arrivé quelque chose d'assez incroyable à l'hôpital aujourd'hui.
-Ça ne m'intéresse pas. Déclara simplement Morgane, ce qui ne découragea pas le chirurgien.
-Une femme s'est présentée au département imagerie pour des douleurs abdominales. Jusqu'ici, rien de bien étrange. C'est un peu la routine chez eux, après tout.
Morgane roula légèrement des yeux, mais s'assit à la table de la cuisine et commença à écouter distraitement, tout en jouant avec le bord de la nappe.
-Ma collègue lui a donc fait une échographie, un peu forcée pour tenter de calmer la bonne femme et de lui assurer qu'elle n'avait aucun symptôme grave. Et la, quelle ne fut pas sa surprise sur l'écran de son appareil!
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1000 mètres sous la surface
Misterio / SuspensoUn groupe d'ami soudé comme une famille. Une petite croisière en Méditerranée. Et une tragédie meurtrière, qui frappe, sans se soucier de ceux qui restent. Mais pourquoi? Pour quelle raison le destin a-t-il frappé ces jeunes gens au destin si radieu...