Enquête d'enfer partie 1

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La voix décrocha à l'interphone. Lutz s'éclaircit la voix. 

-Hm. Bonsoir, je suis bien chez Madame Zebros?

-Qui êtes vous? Rétorqua une voix peu joviale, dans laquelle perçait de l'agacement - ainsi qu'une point de peur.

-Inspectrice Lutz, de la police lyonnaise. J'aimerai vous poser quelques question à propos de votre fils.

-L-la police lyonnaise? C'est la police toulonnaise qui s'occupe de l'affaire.

-En effet. Et on ne peut pas dire que leur travail soit des plus... satisfaisant, je me trompe?

Lutz attendit, alors qu'un silence répondit à sa remarque. Elle avait fait tant de route pour trouver la porte du commissariat local ouverte, mais ses locataires peu loquaces et envieux de donner la moindre information à cette enquêtrice n'ayant rien à voir avec l'enquête. Consciente de ce genre de problème, assez courant, dans la police française, l'inspectrice avait donc prévu, bien sûr, d'autres plans pour mener sa petite enquête parallèle. La déposition ne faisait état que d'une très courte écoute de la mère du suspect, et considérait son témoignage comme trop biaisé. Mais Lutz était une mère, elle aussi. Elle comprenait la douleur que pouvait ressentir cette femme, et également que son point de vue sur l'affaire était important à prendre en compte. Elle pria donc pour que, comme elle l'avait supposé, la mère de Dylan Zebros soit assez frustrée par l'état de l'enquête pour ouvrir sa porte à une solution alternative. Et il semblait qu'une nouvelle fois, l'intuition de l'inspectrice fut correcte.

-Montez. Cracha la voix dans l'interphone, alors qu'un buzzement désagréable indiqua que la porte de l'HLM s'était déverrouillée. 

En beaucoup de points, l'appartement des Zebros rappela à Lutz celui de Jenn. Pas très grand, n'ayant pas subit de ravalement depuis bien des années, il aurait pourtant bien mérité un coup de peinture, un nouveau papier peint, et de nouveaux meubles. Néanmoins, ce n'était apparemment pas à la portée des bourses de tout le monde, c'était évident. Madame Zebros, elle, était une femme proche de la soixantaine, ses rides marquant son visage fermé, les cheveux crépus grisés par les années. Sa peau indiquait sans aucun doute une origine nord africaine, mais elle parlait sans autre accent que celui du sud.

-Entrez, entrez. Vous prendrez quelque chose, Inspectrice Lutz? Un thé? 

-Je n'aimerai pas vous déranger. Lui assura l'inspectrice.

-Oh, vous ne me dérangez pas, au contraire. Au contraire, vous êtes une bénédiction.

-Une bénédiction? S'étonna Lutz. 

-Cela vous étonne? Demanda Madame Zebros.

L'inspectrice eut un soupire amusé.

-Eh bien... c'est rarement ainsi qu'une mère traite un officier de police enquêtant sur le crime présumé commis par son fils.

Lutz préférait jouer cash. Après tout, si la mère Zebros n'avait pas reçu le traitement qu'elle jugeait approprié de la part des forces de police locale, elle aurait plus tendance à lui accorder sa confiance ainsi - et Lutz en avait bien besoin. Après tout, elle ne savait même pas vraiment ce qu'elle cherchait. Madame Zebros rit légèrement en se dirigeant vers sa cuisine.

-Je vais vous faire un thé, Inspectrice. Prenez place.

Lutz s'exécuta, tandis que la vielle femme mettait à chauffer de l'eau dans une bouilloire aux allures antédiluviennes. 

-Vous êtes une bénédiction, parce que vous me donnez l'impression d'être la seule personne dans cette foutue ville à vouloir trouver la vérité.

-Comment pouvez vous en être sûre?

1000 mètres sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant