1000 mètres sous la surface

Les fantômes du passé

-Pardon?

La voix de Morgane avait claqué tel un fouet. Ses yeux roulaient de colère en fixant la silhouette affalée de Wendigo, qui ne semblait avoir cure de l'ire de son interlocutrice.

-Tu m'as parfaitement comprise la première fois. Rétorqua Wendigo au travers son masque chirurgical. Il y a une Gardienne qui rôde.

-C'est impossible. S'énerva Morgane, elle aussi vêtue de sa blouse d'infirmière. Nous nous sommes occupées d'elles personnellement, elles devraient être hors d'état de nuire pour bien plus longtemps!

Wendigo haussa les épaules, un air désintéressés affiché sur le visage.

-Impossible ou pas, peu importe. Je peux juste te dire qu'elle est là.

-Comment peux tu en être sûre? Enragea Morgane.

-Eh bien, je sais à quoi ressemble Sheira, déjà. Et ensuite, l'odeur de soufre trompe assez peu.

Morgane se mordit la pouce quelques instants, visiblement plongée dans des profondes pensées, ruminant sur les implications des révélations de Wendigo, avant de finir par demander.

-Et tu n'as rien fait? Tu t'es contentée de la laisser partir?

-Eh, je tiens à la vie. Grogna Wendigo. J'ai besoin de te rappeler qu'on a dû s'y mettre à quatre pour en mettre une seule hors d'état de nuire?

-Les choses auraient été plus simples si nous étions parvenue à la tuer. Grogna Morgane.

-Ptet... mais on a pas réussi. Et maintenant, la deuxième Gardienne surveille Alice, et Sticks et Rain sont encore à des heures de route, donc on peut pas vraiment s'en occuper à deux. La question est: on fait quoi?

-On continue. Trancha Morgane. Tant qu'Alice est toujours endormie, le plan n'est pas mis en danger. J'espère juste que Rain et Sticks parviendront à retrouver et à s'occuper de l'autre demi-démone rapidement...

Wendigo haussa de nouveau les épaules. C'est alors qu'une porte s'ouvrit, et que Jules Sigurdsson pénétra dans le petit bureau occupé par les deux femmes.

-Infirmière Morgane? Demanda-t-il d'un ton sévère. Qu'est ce que ça signifie? Qui est cette personne?

Morgane roula des yeux, avant de ses relever. Elle apprêta ses cheveux, fit papillonner ses paupières, et s'approcha du médecin d'une démarche aguicheuse.

-Voyons, Jules... fit-elle d'une voix qui n'avait plus rien à voir avec celle qu'elle avait employé à peine quelques instants auparavant. Vous ne vous souvenez pas de mon amie? Elle est venue de son lointain hôpital américain juste pour pouvoir discuter médecine avec vous...

-Oh... oui... je me souviens... répondit Sigurdsson d'une voix monocorde, le regarde perdu dans le vide, avant de se reprendre, comme s'il se réveillait. Oh, mes excuses, chère collègue, tout cela m'était sorti de la tête. Je n'ai malheureusement pas saisi votre nom.

-Heu... Docteure Wendigo... déclara cette dernière, jetant un regard ennuyée à Morgane. Spécialiste des poisons.

***

-Bonjour, Jenn.

-O-oh, Lutz! Sursauta la brune. Bonsoir.

La luminosité encore importante de cette fin d'après midi d'été avait tendance à faire oublier que le soir approchait en effet dangereusement. Lutz se corrigea donc.

-Bonsoir, en effet. Sourit-elle. Comment vas-tu? 

-Bien... oui, bien. Assura Jenn, après une courte hésitation, et un sourire radieux que l'inspectrice lui avait rarement vu.