1000 mètres sous la surface

Mains ensanglantées

-Ah, Alice! Tu es rentrée.

Jules Sigurdsson s'avança à pas décidé dans le hall de l'hôpital en direction de la jeune femme, qui lui répondit par une sourire un peu épuisé. Au travers de la grande baie vitrée, les arbres en fleurs se balançaient légèrement sous une douce brise, et un soleil qui ne parvenait pas encore à réchauffer suffisamment le sol. L'hôpital, lui, était encore en partie en réparation... les dégâts causés par le combat entre Alice et Sheira avait quasiment réduit en miette une aile entière. La jeune femme s'en était tirée sans trop de problème... Morgane lui ayant appris à se servir de son magnétisme pour charmer les humains. C'était très efficace. Elle y était presque aussi douée que Morgane elle même, qui était pourtant maîtresse là dedans. Pas étonnant que le vieil homme glacial qu'était Jules Sigurdsson auparavant en eut été autant changé.

Ce dernier s'arrêta face à Alice, et la détailla de haut en bas en fronçant les sourcils.

-Tu m'as l'air parfaitement épuisée. 

-Nous sommes rentrées tard, hier. 

-J'en déduis que tout s'est bien passé?

-Pas aussi bien que je l'aurai espéré, non... soupira Alice. J'ai laissé échappé l'un de leurs cadres. Et... il y avait encore une cargaisons d'enfants dans cette cave, je... je n'arrive pas à m'y faire. A m'habituer à voir à quel point ils n'ont aucune considération pour quoi que ce soit...

-Tu n'as pas besoin de t'y faire, Alice... lui assura Sigurdsson en posant une main rassurante sur son épaule. En réalité, je préfère même que tu ne t'y fasses jamais, pour ne jamais oublier à quel point c'est anormal, et ces choses ne devraient pas exister.

Alice hocha la tête silencieusement, puis, avec un sourire, fit un long calin au chirurgien qui sembla un peu pris de court.

-A-a-alice, je suis au travail, là... 

-Je sais, je sais... quel rabat joie... prétendit-elle de bouder.

-Aaah, je... je suis libre ce soir, je peux t'inviter au restaurant, si tu préfères.

Alice eut un regard suspicieux.

-Tu es sûr que tu ne me propose pas encore un plan alors que tu devras t'éclipser au dernier moment pour une opération surprise?

-Tu sais très bien que je ne choisis pas ces choses là. Rétorqua l'homme sur un faux ton de reproche, qui arracha un léger sourire à Alice.

-C'est gentil de proposer, mais je mange chez les Lutz, ce soir. Répondit Alice. 

-Oh... murmura Jules, l'air inquiet. Comment se porte l'inspectrice?

Alice détourna le regard, et poussa un long soupire.

-Pas... incroyablement bien. En fait, terriblement mal est sûrement l'expression appropriée. 

-Pourtant, une femme de sa trempe a dû voir des choses terribles. Commenta le chirurgien.

-Ça n'est jamais comparable à la perte d'un être cher. Contra Alice en fronçant les sourcils.

-Oui, tu... tu as raison. J'étais toujours triste en arrivant pas à sauver un patient, mais ça n'a jamais été comparable à... la disparition de Joseph. 

-Chacun... vit le drame d'une façon différente. Tenta de le consoler Alice, en passant une main dans le dos du vieil homme. Et puis, l'inspectrice a Tom pour s'occuper d'elle.

-Et j'ai la chance de vous avoir, Morgane et toi... sourit le chirurgien dans sa barbe fleurie. 

Alice lui répondit par un large sourire, avant de prendre congé.