J'enregistre le début de mon devoir. On n'est jamais à l'abri d'une panne de courant. J'ai pris mon temps pour tracer une frise regroupant les étapes importantes des technologies avant et après 2030.
Qui l'eut cru, les gens d'avant vivaient avec tout un tas de papiers, de cartes en tout genre, afin de prouver leur identité et des pass leur appartenant. Aujourd'hui il suffit juste de mettre à jour régulièrement le code barre tatoué sur notre poignet.
On le reçoit quelque jour après notre naissance. Il contient la plupart des informations qui nous correspondent individuellement. Imaginez qu'on casse ou perde une de ces cartes, on est hors game. Tandis que notre tatouage, lui, il nous suit à la trace en permanence.
— Pensez à la planète, éteignez tous vos ordinateurs avant de partir. Nous nous retrouverons la semaine prochaine. Si entre temps certains ou certaines ont compris qu'ils ont choisi la mauvaise option de cours, allez à l'administration pour vous faire transférer. On bosse ici.
Je tourne ma tête, piquée à vif. Cette remarque soi-disant adressé à toute la classe, me paraît plus destiné à moi qu'aux autres. Voilà le résultat de ma non appréhension.
Casey ne tente pas de me chuchoter quelques mots cette fois. Sûrement qu'il a fini par retenir la leçon. Trop tard malheureusement. Contrairement à moi, il ne repartira pas de cette salle avec un avertissement. Avertissement que je n'ai pas provoqué et encore moins cherché à avoir.
Je finis de clôturer ma session et éteins mon écran comme demandé. Puisque nous avons passé l'heure sur les ordinateurs, je n'ai aucun matériel à remettre dans mon sac. Je passe les bras dans les bandoulières et sans attendre m'éclipse avec les autres.
— Tu pourrais au moins t'arrêter deux secondes, mes lacets sont défaits. Imagine que je tombe.
Je souffle mon mécontentement. Je ne compte lui accorder que deux petites secondes dans ce cas. J'aimerai ne pas avoir sa chute publique sur la conscience.
Au cas où, je me tourne légèrement pour regarder la distance qui nous sépare. Elle ne devrait être que de trois ou quatre mètres. Mes jambes n'ont pas pu me porter plus loin de lui en si peu de temps.
Je suis faiblement étonné de le voir droit comme un piquet avec bien sûre des lacets bien serrés. Fidèle à lui-même. Il tient une feuille de papier, entre ses mains, qu'il exhibe devant lui. Certains élèves du couloir s'arrêtent par curiosité. Voilà donc ce qu'il manigançait avant que ça ne sonne. J'avais bien remarqué qu'il était occupé par autre chose que son écran mais je ne l'imaginais pas en arriver là.
Un comportement de gamin. S'il pense qu'un simple pardon écrit sur une vulgaire feuille, va me faire oublier cette heure, c'est qu'il oubli très franchement qui je suis. Je reprends mon chemin vers l'extérieur du bâtiment. Ma tête blonde préférée est déjà en train de m'attendre. Et contrairement à l'énergumène plus loin derrière, je raccourci notre distance vivement.
— T'en fais une tête. C'est si nul que ça l'informatique ?
— Pire. Le mot est trop minime pour exprimer tout mon ressenti. Emmerdant à souhait est déjà plus approprié.
Je rejoins Cass au bas des escaliers. Ce fut éprouvant. Son frère n'a cessé de l'ouvrir pour tout et pour rien à la fois. J'avais beau ne pas lui prêter la moindre attention c'était comme s'il prenait mon mutisme pour approbation de continuer.
En parlant du loup. Le voici venir. Il prend tout pour acquis sans se soucier si les autres sont sur la même longueur d'onde. J'ai besoin d'avoir un dossier de scolarité irréprochable. Et non un dossier transmettant à quel point j'ai pu être une élève désagréable et qui se moque de la discipline.
Le jour où il comprendra pour de vrai qu'on ne peut pas plaisanter à chaque minute de la journée, on pourra dire qu'il commence seulement à avoir un âge mental un peu plus proche de son âge physique.
— J'ai dit que j'étais désolé. Je ne vois pas ce que tu veux de plus.
— Attends, le problème vient de Casey ? Je t'avais prévenu que ça serait dur. Qu'est-ce que t'as encore loupé dans l'éducation enseignée par les parents toi ?
— Elle a seulement reçu un blâme quelques minutes avant la fin de l'heure pour bavardages incessants. Pas besoin de t'en mêler.
— Il oublie de préciser que lui seul menait ce monologue sans fin. Et donc, par conséquent, que c'est de sa faute si monsieur Dovo a trouvé bon de me secouer pour me remettre sur les rails. Comme si j'avais besoin de ça sérieux...
Nous venons à peine de passer la mi-journée que je me sens sur les rotules. Je vais devoir démontrer que j'ai envie d'être dans ce cours et que je ne l'ai pas choisi pour m'amuser. Je ne sais pas comment je pourrais le montrer, étant donné que je n'ai pas réellement pris cette option de mon plein gré. Je pars avec une épine dans le pied depuis la ligne départ.
— Il y aura d'autres cours, d'autres opportunités de te faire bien voir. Ne te prends pas la tête Ella. Si la co-reine des abeilles faiblit dès le début, que penses-tu qu'il va arriver à la ruche ? À notre ruche.
Je stop le mouvement circulaire sur mes tempes. En réalité l'un comme l'autre, ils ne comprennent strictement rien. Je pourrais leur greffer mes arguments sur le front que même face à un miroir ils ne verraient rien. Ce qui ne les touche pas de près, leur passe au-dessus. C'est quoi ce mauvais gêne Davis qui circule.
Quant à Cassidy, je l'informe que ça ne va pas et elle ne trouve rien de mieux à faire que d'en plaisanter. Me parler que je suis une des têtes de notre groupe, c'est loin d'être de la compassion. Je ne comprends pas trop l'intérêt qu'elle le dise clairement.
— Je vais rentrer chez moi.
Je saute du muret et replace mes cheveux partis se coincer sous mon sac. Mes parents ne seront pas d'accord de me voir revenir aussi tôt mais ce n'est pas quand je serai déjà dans la maison qu'ils pourront changer grand chose à la situation.
J'ai besoin de mon lit, de calme et de musique plein les oreilles. Et puis c'est l'occasion rêvée de continuer mes recherches tranquillement. Il n'y aura personne pour accaparer mon temps. Juste mon ordinateur et moi.
— Qu'est-ce que tu racontes, on a sport dans cinq minutes.
— Et bien vous n'aurez qu'à courir pour moi. La reine des abeilles justement, vous êtes en train de lui bourrer le crâne avec votre miel pourri.
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Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)
Mystery / Thriller"Ornella, une adolescente qui ne se laisse pas marcher dessus, doit participer à une expérience scientifique, afin de se rappeler pourquoi elle a tué sa meilleure amie" _________________________ Bienvenue en 2078 ! Les voitures n...