Épilogue

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— Ornella, ça va être l'heure d'y aller.

Je prends appui sur le bord métallique du lit. Un nouveau jour tant attendu est en train de se dérouler. Je me demande bien combien de personnes auront fait le déplacement cette fois.

— Un peu tendue ?

— À vrai dire non. J'aimerai que ça passe rapidement pour que l'on puisse en finir une bonne fois pour toute.

— Advienne que pourra et arrivera ce qui devra arriver. Reste calme, réfléchie avant de parler et tout ira bien.

Virginie me laisser entrer dans un genre de vestiaire quasi vide. Elle me tend un sac, qu'ils ont dû fouiller au préalable, dans lequel sont pliés les vêtements que mes parents ont apporté pour l'audience. Cela se résume à une robe bleu sombre qui m'arrive aux genoux avec une paire de bottes. Mon dieu...ce que ça fait du bien d'avoir les jambes à l'air. En détention, ce type de vêtements est de loin éliminé des esprits.

— Est-ce que tu seras dans la salle aujourd'hui ? Un soutien de plus, ne me fera pas de mal tu sais.

— Ça n'a pas été facile, mais je serai là. Pas en tant que civile par contre.

C'est déjà ça de pris.

— Je ne les ai pas revus depuis notre passage à l'hôpital. Ça paraît être arrivé il y a une éternité.

— Ton amie Sidney a demandé des nouvelles de toi, je me dis que tu dois être contente.

— C'est le cas. J'aurai dû réfléchir à deux fois avant de déclencher cette bagarre. L'isolement ça craint trop.

Au retour de l'hôpital, je me suis violemment pris la tête avec l'une des filles dans la cour. Pour certaines je faisais parti d'un groupe de privilégiés qui avait pu repartir chez eux quelques jours, tandis qu'eux avaient dû continuer à vivre dans ces locaux éloigné de leur entourage familial et affectif. Rajoutons que le motif de notre présence ici a parcouru les oreilles de tous. Je n'étais plus Ornella la nouvelle détenue, j'étais Ornella celle qui avait orchestré le meurtre de sa meilleure amie et faisait semblant d'être emprise à un défaut de sa mémoire. J'avais remis les pieds en détention le matin, le soir même je goûtais à la pièce réservée à l'isolement.

— Tant que ça te sert de leçon pour ne pas recommencer, dit toi que c'est bénéfique.

Je monte dans la voiture. Je ne sais pas qui est en charge de l'affaire actuellement mais il a été décidé que les coupables, anciennement suspects, ne se retrouvent pas dans un même véhicule pour venir à, espérons-le, la dernière audience. Ce silence de mort va finir par me causer de l'urticaire.

On m'enlève les menottes depuis le couloir. Maman vient me serrer dans ses bras avec mon père. On leur demande aussitôt de garder une distance. Ce n'est pas le moment de faire du relâchement. Elle dénoue le fouloir blanc de son sac pour venir l'accrocher autour de mes épaules. Il est imbibé de son parfum. Elle sera au plus près de moi tout du long, et ce même si nous ne sommes pas assises l'une à côté de l'autre. Je n'ai jamais pris une aussi grosse inspiration.

Je pousse les grandes portes. Les bancs sont remplis. Heureusement qu'il y a une limite de personnes possiblement présentes. Je n'ai pas encore fait un pas, qu'ils ont tous la tête retournée vers l'arrière. On est de nouveau tous réunis. Ça paraît futile, mais les savoir près de moi c'est une dose de confiance que je ne saurai me lasser. Je vais m'asseoir sur un banc, mon avocat finit de discuter avec mes parents. Je parviens même à discerner la tête d'Ulys sur l'un des bancs. Je suis contente du chemin qu'on a parcouru après les vacances d'été.

Le regard fixé sur la chaise où viendra le juge dans quelques instants, les souvenirs se classent en ordre chronologique. Je n'étais pas rassurée pour le nouveau test scientifique mais il faut croire que ça a bel et bien porté ses fruits. Tous sur le même banc, mon esprit se rappelle notre sortie des capsules.

Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant