Vingt-trois

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Une alarme rouge tournoie dans ma tête depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin. Pas parce qu'Ulys a tenté de m'interpeller toute la nouvelle semaine écoulée sans succès. C'est largement mieux que ça. Tous les élèves n'avaient que ce sujet en bouche : la fête sur la plage. On y est enfin. L'événement tant attendu des jeunes. À peine est-elle terminée que l'on attend la suivante.

Je n'ai aucun souci avec l'école à proprement parlé mais durant ces cinq derniers jours, je n'ai jamais autant espéré arriver au weekend.

J'ai tout de même vérifié la veille qu'il n'y avait aucun désistement. Nous ne sommes pas à l'abri d'un retour de situation. J'ai d'ailleurs eu l'agréable surprise de voir Franck et sa famille débarquer à la maison pour dîner. Si ce n'est pas beau ces petits rassemblements. La mère de Joe m'a une nouvelle fois sermonné pour ne pas avoir parlé à mes parents mais passons outre. Cela n'a pas suffi à me faire broyer du noir.

Je rejoins la maison de Sidney à vélo. Je n'aurai qu'à le laisser là-bas et le récupérer un autre jour. C'est sa mère qui a volontiers accepté de nous emmener en voiture.

J'entre sans frapper. Le son de la télé résonne du salon. La mère de Sidney est assise sur un des accoudoirs du fauteuil. Quand elle me voit, elle me gratifie d'un sourire et m'indique que sa fille est à l'étage.

Pierce, le chat des Martins descend les escaliers tandis que je les monte. Il passe entre mes jambes, à croire que je suis loin d'être un obstacle. Vu le nombre de fois que j'ai persuadé Sidney de l'empêcher d'entrer dans la chambre, il devrait avoir peur de moi. Le félin reste de son côté de la maison, et moi du mien. Ainsi, tout le monde se porte bien.

— Tu n'es pas prête ?

— On avait dit que je venais me préparer chez toi. Et toi tu vas y aller comme ça ?

On se regarde prise d'un fou rire. En arrivant quelques minutes avant, j'aurai eu une chance de voir mon amie dans la rue c'est certain. Elle porte son jogging de skate. A force de tomber, elle a fini par le trouer à plusieurs endroits. Il est tout usé. Des morceaux de tissus d'un coloris différent ont été cousu là où le besoin se faisait ressentir.

Personnellement, j'ai privilégié l'extrême confort à l'esthétique. Un vêtement trop long se serait emmêlé dans une partie de mon vélo. Mon sweat entré dans mon jogging, m'ont déjà servi de pyjama plus d'une fois. Et puis, chacun son degré de beauté. Moi, je me trouve jolie dans mon ensemble de nuit et c'est le plus important.

— Pour ce soir ce sera un chemisier avec les épaules dénudées, il est posé sur mon lit normalement.

— J'ai pris mon ensemble bleu avec les fleurs. Je ne sais pas si tu te souviens, je l'ai acheté il y a peut-être deux étés déjà je dirais.

— Celui avec la jupe et le top qui découvre tes épaules ?

— Dans le mille Basile. J'ai tout ce qu'il me faut ici, je tapote le sac à dos qui ne me quitte presque jamais.

Je prends aussi mon sac pour la semaine prochaine tu penses ? Je ne sais pas si je repasse après la soirée.

 Ton père viendra te chercher ?

— Aucune chance. Ma belle-mère fait venir ses enfants pour la première fois. Il préfère ne pas trop les brusquer en m'ajoutant à la liste des nouveautés.

Déjà. Je n'avais pas imaginé que cela irait si vite. Son père ne s'est pourtant trouvé une nouvelle compagne qu'en début d'année. Je croyais que les gens attendaient un ou deux ans pour être sûr de bien se convenir.

— Tu as prévu de dormir où dans ce cas ?

— J'y réfléchi en ce moment même.

— Laisse ton sac ici. Tu reviendras dormir et ton père n'aura qu'à faire l'effort de venir chercher la personne qui contient la moitié de ses gènes.

Sidney se plie en quatre pour un type qui n'en n'a plus rien à faire d'elle. J'ai de la peine car cette fille en or ne mérite pas qu'on la traite ainsi. Néanmoins, garder le maximum de liens solides est une de ses propriétés. Elle est le dernier rempart entre ses deux parents. Alors, je me mets à sa place quand je meurs d'envie lui dire que tout est voué à l'échec, et me retiens de dire à haute voix les quatre vérités au sujet de son père, de cette situation et ce que cela implique.

Dès que nous sommes fins prêtes, je vérifie de bien avoir mon téléphone sur moi. Sidney ferme ses volets, elle ne reviendra pas avant la nuit tombée, et on entreprend la descente des escaliers.

En nous entendant descendre, sa mère éteint l'écran télévisée. Elle nous jette un coup d'oeil, toute souriante. Sourire qu'on lui rend bien évidemment. Elle attrape les clés de la voiture que Sidney s'amuse à lancer dans les airs et nous voilà sur le bord du trottoir en quelques secondes.

Je souhaite une bonne soirée à madame Martins et referme la porte. Elle a réussi à trouver une place au plus près de la plage. Entre les voitures déjà stationnées, les jeunes un peu partout et ceux qui continuent d'affluer ce n'était pas gagné d'avance.

Dès que l'on atteint la partie sablée, mes baskets s'enfoncent plus que sur le bitume. Heureusement, elles sont suffisamment hautes pour éviter que des grains de sables s'infiltrent à l'intérieur.

La musique semble porter sur des kilomètres grâce aux enceintes, sans parler du grand feu de camp qui crépite déjà. On arrive presque sautillante d'excitation près des autres.

Sans perdre de temps je veux leur parler de la Navy. Ainsi, on pourra passer à autre chose pour les prochaines heures.

— Je suis contente que l'on soit tous rassemblés. Vous vous souvenez que je voulais faire une annonce capitale. Non mais attendez. Elle est où Cass ?

Casey hausse les épaules. Ce n'est pas ce qui va m'apporter ma réponse. Apparemment elle serait partie plus tôt de chez eux mais compte bel et bien venir sans aucun doute. Il dit qu'elle ne devrait pas tarder. Espérons-le.

— Cassidy a dit dans la conversation de groupe qu'elle avait, elle aussi, une surprise pour nous. Je suppose qu'elle veut marquer le coup. La dernière fête de la plage avant la remise des diplômes.

Je dois avoir des étoiles pleins les yeux à l'entente des mots de Joe. Une nouvelle page va se tourner. Des années d'études enfin récompensées avant de repartir de plus belle vers les dernières années nous séparant de notre devenir professionnel.

Des cheveux blonds voltigent enfin dans le vent. La jumelle nous fait cadeau de sa présence tant attendue. Peut-être que sa surprise est de petit gabarit car je ne vois rien dans ses bras. Elle sourit à pleines dents en rencontrant des élèves de l'école qu'elle croise. Je lui signale où nous sommes en levant le bras.

Quand elle dépasse un attroupement de monde, une deuxième tête se dévoile, marchant elle aussi dans notre direction. Visuellement, je ne sais pas qui cela peut bien être. Je ne me souviens pas l'avoir croisé en quelque part. Il n'y a pas marqué surprise sur son front non plus. Alors je ne comprends pas que Cass s'approche de nous avec une inconnue au bataillon. C'est quoi ce nouveau délire.

Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant