— Je suis douillette jusqu'à la racine de mes cheveux
— Tu peux toujours tenir les mains de Cassidy, pourquoi tu me choisis moi ?
— Je préfère te faire mal à toi. Dépêche, avant que je ne fasse un arrêt devant le monsieur. Les gars, je sens les larmes me monter aux yeux, la honte.
J'ai peur des aiguilles depuis...depuis aussi longtemps que je me souvienne. La présence de Casey devrait au moins diminuer l'intensité de mes craintes. J'espère.
Le gérant rapproche son tabouret. Aiguille dans une main, il capte mon regard avant de commencer. Il prend mon manque de réaction pour un consentement.
— Attendez ! Je ne suis pas tout à fait prête. Je vais mourir d'une aiguille, entourée de mes zigotos préférés. Qui l'eut cru, même pour mes derniers instants d'existence je verrai la tête de montgolfière de Casey.
Je ris et pleure simultanément. Le trop plein d'eau commence à dévaler mes joues. Cela fait des lustres que je tanne le monde entier avec mes histoires de boucles d'oreilles et le moment venu je deviens à moi seule les chutes du Niagara. Le perceur doit se demander pourquoi il a accepté de me prendre en charge. Je le comprends. Mon comportement d'enfant mériterait qu'il m'envoi paître.
— La prochaine fois, on commence par le coiffeur. Ornella nous fait perdre trop de temps.
— Sur ma vie, vous ne m'aimez pas. Je suis à deux doigts de récupérer mon auréole dorée et vous voulez m'abandonner.
— Elle a dit auréole ? Tu sous-estime ton côté vicieux.
Le perceur me demande si je veux toujours qu'il fasse son travail. On lui fait clairement perdre des minutes en cascade.
Je souffle un bon coup. Serre autant que possible les mains de mon copain. Son soutien passe par nos paumes. Je ne me focalise que sur ces bonnes vibrations quand l'aiguille transperce une partie de mon lobe gauche.
— Ça va ce n'est pas trop dérangeant finalement.
— On va passer à l'autre oreille maintenant.
— Pardon !?
Sidney me demande de me relaxer mais je me doute que c'est aussi car l'heure avance et qu'elle ne veut pas louper son rendez-vous. Je prends sur moi, et fais légèrement moins de comédie.
Le perceur me tend même un mouchoir quand il a terminé. Obligé, j'ai égayé sa journée. Il ne nous le dira mais ce n'est pas nécessaire. Je m'en doute.
On ressort dès que j'ai fini de payer et remis ma veste sur mes épaules. Mon sac est généreusement pris par Cassidy qui, elle au moins, compatit à mon chagrin.
Elle doit se souvenir de son dernier passage chez le médecin. Elle a reçu un vaccin qui lui a littéralement donné la nausée pendant près de quarante-huit heures. Et durant sa convalescence je ne l'avais presque pas lâché. Entre les heures de séries et films, les recettes trouvées sur internet...on avait eu de quoi remplir chaque minute.
Sans perdre de temps, on prend la direction du salon de coiffure. Il y a un petit restau juste à côté. Ils vendent des paninis juste divins. Un esprit céleste serait capable de descendre de son nuage pour les goûter.
Ce qui est certain, c'est que je vais noyer mes larmes dans une bonne crème glacée à la fin de ce repas. Normalement, je pourrais m'arrêter pour prendre une gaufre ou une crêpe avant de rentrer.
Lorsque nous sommes dans l'entrée, un serveur monté sur une paire de roller nous demande combien nous sommes avant de nous diriger à une table. J'ai la possibilité de faire loucher les poissons de l'aquarium depuis ma chaise.
Dans la petite poche de mon sac, je sors nos cinq bâtons de bois habituels. Ils sont de tailles différentes. Le premier est le plus petit, puis vient deux bâtons de même tailles moyennes et enfin deux autres un peu plus grands tous les deux.
Comme à chaque fois, on va tirer à la courte paille pour connaître l'ordre de passage pour aller au comptoir annoncer sa commande. Forcément qui dit groupe impair, implique qu'une personne ira seule. Cette position m'a été destiné un nombre incalculable de fois et je pris toujours pour que ce ne soit pas à nouveau moi. Voire le serveur attendre que je lui donne ma commande me met la pression, surtout quand je ne sais pas ce que je veux à l'avance.
Je joins les bâtons dans mes mains et cache le bas avec mon autre main pour que personne ne puisse voir leur grandeur. Rien que le hasard.
— Je commence. Je le sens bien cette fois-ci.
Joe récupère le premier bâton. Il se trouve que ce dernier est de taille moyenne. Il ne lui reste donc qu'à attendre son binôme. Il n'a pas tiré la plus petite donc il ne passera ni en dernier, ni seul. Cependant, ce n'est pas la plus grande alors il fait partie du deuxième binôme.
Cass pioche à son tour. Son visage se décompose quand elle comprend que son bâton est, malheureusement pour elle, le plus petit.
— À mon tour, je ne peux pas faire pire qu'elle.
Les jumeaux s'envoient des éclairs via les yeux.
— Ne serait-ce pas la plus grande brindille que je viens tirer. Je connais quelqu'un qui recevra son plat avant certain.
— La chance du débutant. Espérons qu'encore une fois j'ai réussi à la charmer.
Eh bien non Sidney. Tu rejoins le binôme numéro 2. Ce qui veut dire que je rejoins le 1. J'ouvre la main pour bien montrer qu'il n'y a pas eu de triche, je le compare bien à celui de tout le monde. Ils se méfient tous de moi depuis que j'ai réussi à les rouler. Ils auraient dû faire gaffe et j'aurai eu ma barbe à papa en dernière.
Avec Casey, on les quitte pour se rendre au comptoir. J'appuie le bouton du petit boîtier noir devant moi. Un rectangle rayonnant bleu se forme au-dessus de ce dernier. Pendant que je passe les différents menus d'un mouvement de doigt vers la gauche, une serveuse arrive par, je présume, la porte menant aux cuisines. Il y a un large choix pour personnaliser son sandwich mais je m'arrête sur du simple pour ce midi. C'est à dire juste de la mayo, tomate, salade et poulet. J'enlève une portion de viande, le rendu sur l'hologramme me paraît trop imposant. Si je pouvais ne pas gaspiller mon déjeuner, ce serait l'idéal.
— Bonjour, pour moi ce sera..., Casey m'interrompt avant que je n'aille plus loin.
— Tu me fais confiance ?
— Depuis le temps, la question ne se pose plus. Je sens que l'envie de le faire te reviens, fais toi plaisir.
— Bonjour, alors pour la demoiselle ce sera un panini avec de l'avocat, poivrons, poulet, sauce salsa, des frites et du coca, il s'arrête deux secondes en me fixant, rajouter cette glace là avec le caramel au-dessus. Plus y en a et plus elle adore.
Telle une idiote, remplie de niaiseries, je souris à la dame qui prend notre commande. C'est tout lui ça.
Je ne pensais pas par contre qu'il se rappellerai de ce péché mignon qui me poursuis sans que je veuille m'en défaire. Je suis capable de faire une orgie de crème glacée au caramel à n'importe quelle saison de l'année.
— Mettez lui exactement pareil, mais à la place du coca ce sera de la limonade et le gros donut avec le chocolat. C'est son préféré.
Ce genre de petites attentions sont bien plus que la cerise sur le gâteau. Ce garçon que j'avais amplement beaucoup de mal à supporter, je faisais des efforts pour Cass, ne cesse de me faire chavirer un peu plus chaque jour le long d'une pente sans fin. Nos désagréments sur des sujets futiles ne sont pas à la hauteur pour nous priver de nos moments précieux comme celui-ci.
VOUS LISEZ
Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)
Mystery / Thriller"Ornella, une adolescente qui ne se laisse pas marcher dessus, doit participer à une expérience scientifique, afin de se rappeler pourquoi elle a tué sa meilleure amie" _________________________ Bienvenue en 2078 ! Les voitures n...