— Il faut que tu apportes les steaks végétariens à ton père. Tu fais gaffe à ne pas les mélanger avec les autres s'il te plait. Et rappelle le lui bien aussi.
Une mélodie se met à résonner dans la maison. J'étais persuadée que tous les voisins étaient arrivés. Je n'y ai pas porté grande attention mais vu le nombre de personnes dans le jardin, j'aurai pu parier que le compte y est.
— Cette fois-ci à toi d'aller ouvrir.
— Mais non. Je m'occupe déjà du ravitaillement.
Les yeux de ma mère balancent entre le plat en inox dans mes mains et la porte d'entrée. Parce qu'en plus elle hésite. La maison t'appartient. A toi d'ouvrir à tes invités.
Elle m'enlève soudainement le plat sous mes protestations bloquées dans ma tête. Je ne résiste que quelques millièmes de secondes avant de le lâcher. Il ne manquerait plus que le tout se renverse à nos pieds. C'est certain qu'à ce moment, je prendrai la poudre d'escampette pour faire entrer les voisins.
— C'est moi qui décide. Tu accueilles les retardataires et moi je vais voir ton père. Allez, ne les fait pas attendre.
Je pense demander un salaire à la fin de la journée. Pour tout ce qu'elle me fait faire bénévolement, elle pourrait je ne sais pas, me glisser un petit dû. Depuis que nous sommes descendus, je n'ai pas arrêté une minute de m'occuper du bien-être de nos chers voisins. J'ai hâte que la prochaine fête se fasse chez l'un d'eux. Je pourrais me la couler douce autant qu'eux là maintenant.
D'ailleurs pour en revenir aux retardataires, ils auraient pu nous prévenir qu'ils arriveraient si tard. Les premières personnes sont arrivées, je dirais, depuis une bonne heure. Peut-être plus, une heure et demi. C'est le moins qu'ils puissent faire.
Je salue certaines personnes au salon. Assises au niveau de la table, elles se sont créés un petit regroupement avec des chaises. Preuve que tout le monde est à son aise.
Je lisse de ma main la surface de mon jean et me résigne enfin à donner accès à la maison aux personnes encore dehors. J'espère qu'ils ne sont pas beaucoup, il faudrait sinon encore ajouter de la nourriture et franchement ma motivation à accomplir toutes ces tâches va finir par me quitter.
— Bonjour.
Je reste bloquée dans l'encadrement. Mon dernier mot flotte dans l'air. Qu'est-ce qu'il peut bien venir faire ici ? Je ne l'ai pas encore rappelé, c'est vrai, mais je ne m'attendais pas à le voir rappliquer devant chez moi.
— Ça a l'air d'aller pour toi. L'usage de tes dix doigts et de ta langue ne sont donc pas défectueux.
— Pas de quoi faire usage du cynisme avec moi.
Appuyée sur la poignée, je la tire vers moi pour verrouiller la porte. Quant à lui, il arrête de faire les cent pas sur le trottoir. Il risque d'y faire un trou à force.
Je ne pipe plus un mot. Après tout, c'est lui qui est venu à moi. À lui l'honneur de débuter cette conversation.
— Si on ne communique pas, on ne tiendra pas. Au final, Cassidy ne sera même plus un facteur de rupture entre toi et moi.
Mes yeux quittent les buissons pour se poser sur lui. L'entente de ses paroles pèse lourd. Au fond, il a raison. Il a mis sa fierté de côté en faisant plus qu'un pas vers moi, je devrais me montrer moins borné à son égard.
— Je sais.
— Alors parle-moi. Tu es contrarié pour ton blâme ? Les excuses que j'ai prononcées jeudi étaient sincères. Je ne m'attendais pas à ce que monsieur Dovo soit si sévère dès sa première heure de cours.
— Le problème est que tu as persévéré après que je me sois faite reprendre. Tu ne saisis pas l'importance qu'auras cette année sur notre avenir. C'est maintenant que tout se joue. Comme à ton habitude, tu répètes les mêmes erreurs.
Il vient se placer à une distance plus raisonnable de moi. Juste assez pour que grâce à ce mouvement, l'odeur de son parfum atteigne mes narines. Mes yeux rejoignent les siens.
— Je ne me doutais pas que tu allais si mal le prendre. Je te promets de changer.
Je ris, nerveusement mais je ris. Il ne comprends donc pas ma façon de penser.
— Ce n'est pas ce que je te demande Casey, je retire mes mains de la poignée. Si tu ressens le besoin de faire des efforts ou de changer, je préfère que ça vienne de toi. Fais-le en premier pour toi. Je ne veux pas avoir à te dire comment agir avec moi ou en général, ce n'est clairement pas le rôle que je dois avoir dans notre relation. On s'épaule, on se complète...tout ce genre de petit plus c'est ce que j'aime quand je suis avec toi parce que tu prends la décision toi même de les faire.
— Je vois. Je dois d'abord me comporter comme la personne que je veux devenir. C'est comme ça qu'on avancera. Ensemble.
Je hoche la tête. Inconsciemment, on se bute contre un mur invisible. On s'inflige nous même une pression pour être au maximum des attendus de l'autre. Sauf que ça ne fait que créer une tension auquel nous n'avons pas besoin.
— Tout va s'arranger. Je te le promets, je changerai ma manière d'agir.
— Cassidy, tu...Oh ! Casey ? Au temps pour moi, je pensais que c'était ta soeur qui avait finalement décidé de venir secrètement.
— Bonjour madame Fox. Ella ne répondait pas au téléphone, je me suis dit qu'il valait mieux que je me déplace directement. Je ne la retiens pas trop longtemps. Je sais à quel point vous tenez à la fête des voisins.
— Ah bon, mais chérie ton téléphone n'est pas dans
Je lui fais les gros yeux.
— Hum...bon pas trop longtemps hein. Tu n'as cas rentrer si tu veux. Il reste une montagne de burger dans le jardin, n'hésite pas à te servir.
— Je ne peux pas faire venir Cassidy mais son jumeau par contre, il n'y a pas de problème ?!
Pour réponse elle referme la porte aussi vite qu'elle l'avait ouverte. Bein voyons, je n'en attendais pas moins de sa part.
— C'est évident que ta mère m'a toujours préféré voyons. Je suis de bien meilleure compagnie.
— Désolé d'avoir raccroché de la sorte. Je garde certains traits d'une enfant de douze ans.
— Ne t'en fais pas. Je n'y pensais déjà plus. J'ai des burgers qui m'attendent.
Il passe son bras dans mon dos. Profitons, car quand on passera cette porte, une distance devra venir se loger entre nous. Je le vois pencher sa tête derrière moi. Sa main rentre en contact avec l'appareil rectangulaire dans la poche arrière de mon jean. Mon téléphone.
On se regarde. Il lève les yeux en souriant et va pour ouvrir la porte. On ne change pas une équipe qui gagne. Cette petite dispute nous aura finalement été bénéfique et surtout, j'ai cette impression que le fait de l'avoir résolue nous a bien plus rapproché que je ne l'aurai pensé.
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Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)
Mystery / Thriller"Ornella, une adolescente qui ne se laisse pas marcher dessus, doit participer à une expérience scientifique, afin de se rappeler pourquoi elle a tué sa meilleure amie" _________________________ Bienvenue en 2078 ! Les voitures n...