Quarante-trois

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Cela fait deux jours. Deux jours pendant lesquels Cassidy a adopté une attitude suspecte. Elle n'a pas l'air dans son assiette et je la trouve limite piquante quand elle s'adresse à moi. Mon altercation avec sa copine doit lui rester en tête alors que j'ai personnellement classé cette histoire. Cependant, nous sommes mercredi. Si elle souhaite me reprocher un défaut dans mon attitude, elle sait que m'en parler vaut mieux que de garder ça pour elle.

J'ai pris sur moi tout le début de semaine mais puisqu'elle ne se décide pas, à moi de creuser un peu. J'y ai réfléchi et je ne suis pas sûre qu'elle soit fâchée contre moi. L'autre fois, on s'évitait, on ne restait pas ensemble. Or, cette semaine on s'est un peu évitées pendant les cours mais le midi et aux pauses et on se retrouve tous les cinq.

— Quelque chose ne va pas ?

— Personnellement, je n'ai rien à dire.

— T'es distante depuis que je suis venue en sport. Si ça a un rapport au fait que j'ai viré Aizeul, elle tressaille quand je prononce son nom.

On n'est plus ensemble.

— Pardon ? Tu ne m'as rien dit. Ça explique tout...Tu ne devrais pas te renfermer sur toi de la sorte. Les gars, Sidney, moi, on est là pour toi. C'est l'un des avantages à être entouré de bons amis après tout.

— Une amie, toi ? Mais bien sûre. Ce qu'il ne faut pas entendre. C'est bien parce que je ne voulais créer encore de la tension comme l'autre fois que je suis restée avec Sidney et Joe quand tu étais là.

— Cass, je ne vois vraiment pas ce que tu peux me reprocher à l'heure actuelle. Je ne crois pas être responsable de ta séparation. Ton ex doit avoir pas loin de la totalité des tords, sans vouloir appuyer sur la plaie. Après, si c'est une manière pour toi d'avancer, pourquoi pas. Au moins maintenant je sais à quoi m'attendre.

— Tu ne peux pas savoir à quel point te voir nier les faits comme si c'était normal, me met le démon en moi. En plus tu as le culot de me regarder dans les yeux avec ton air de fille innocente et perdue. Laisse Aizeul où elle est, tu dois te réjouir de la situation au fond de toi.

Faire éclater ma joie serait irrespectueux. Je considère bien trop Cass pour lui faire une chose pareille. Oui, sa séparation ne m'attriste pas le moins du monde mais ce n'est pas son cas, alors je me contiens.

De plus, le fait qu'elle tourne autour du pot me tends. Si cette conversation s'éternise de la sorte, je sens que je vais avoir du mal à maintenir mon calme. Je veux bien tenter de prendre sur moi pour comprendre ce qu'elle a et l'aider, mais si même ça c'est trop pour elle...

— Depuis quand ?

— Depuis quand quoi ? Dis-moi les choses franchement au lieu de me faire des devinettes.

— Depuis quand ça dure tous les deux ? Je t'aide à te réconcilier avec mon frère et pendant ce temps tu n'as pas pu t'empêcher d'aller mettre ta langue dans sa bouche.

Le sol se dérobe sous mes pieds. Ma bouche se scelle sous le coup de l'étonnement et des accusations. Qu'est-ce qui a capoté au juste ? Un million de questions ne peuvent s'empêcher d'arriver.

On savait que l'on prenait le risque qu'elle l'apprenne seule. Pourtant, on donnait notre maximum pour être discret. Parce que malgré tout, je voulais qu'on lui dise nous-même. On lui devait au moins cela. Elle rumine cette information depuis combien de temps ?

— Ton silence sonne comme un aveu Ornella. Tu peux essayer de me la mettre à l'envers je sais très bien ce que j'ai vu. Le délire c'est quoi ? Tu n'as pas réussi à garder Ulys dans ton panier alors tu viens cueillir dans un jardin plus proche ? T'aurais pu au moins te laisser un peu de temps avant d'enchaîner de la sorte.

Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant