Dix-neuf

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La nuit ne pointe pas encore le bout de son nez lorsque je cale mon vélo contre le mur de la maison des Miller. Elle n'a pas d'étage comme la mienne, c'est plutôt l'opposé. Ils ont une cave. Les parents de Joe ont passés des journées entières pour la rénover avant l'arrivée de leur dernier garçon. C'est à présent une chambre dont la fenêtre se trouve exactement où je me suis arrêté.

Mes phalanges donnent des petits coups sur le carreau afin de faire connaître ma présence au garçon se trouvant de l'autre côté. Il ne me reconnaît pas de suite mais quand c'est le cas, il devient étonné. Joe devrait se douter de la raison de ma venue. Je lui ai laissé plusieurs jours de tranquillité et rien n'a changé depuis. Je me vois dans l'obligation d'intervenir. Je lui fais signe de monter m'ouvrir la porte.

Je vérifie bien que mon bolide ne va pas tomber et part grimper les quelques marches me séparant du perron.

— Tu as dit que tu ne t'en mêleras pas.

— Non. J'ai dit que je ne ferais rien pour le moment. Or, j'ai dit ça en début de semaine. Maintenant, à moi de renverser la situation en notre faveur. Prépare-toi à devoir nous rejoindre le week-end prochain, c'est moi qui te le dis.

— Je le sens mal cette fois. Ils ne sont vraiment pas aptes à la conversation. Ma mère voudrait vraiment que je sois concentré sur les cours.

— Tout va bien se passer, mais d'abord je vais manger tu ne crois pas ? Un ventre vide, c'est une tête sans réflexion : ça ne convient pas.

Il me laisse le dépasser avant de refermer la porte. Personnellement, je ne vois pas pourquoi restreindre les sorties de qui que ce soit va permettre de le garder concentré dans ses études. On peut très bien rester à la maison et ne pas réviser. Au final, ça reviendra au même rendu. Dans ce cas, autant sortir.

— Bonsoir, Ornella. Je n'étais pas au courant de ta venue, elle questionne son fils du regard ? Je vais rajouter un couvert ne t'inquiètes pas.

Sa mère est en train de finir de mettre la table au moment où je m'avance dans la salle à manger. Surprise !

— Ah bon ? Pourtant Joe on en a parlé en début de semaine. J'aurai dû directement envoyer un message, désolé.

— Comment vont tes parents ? J'ai entendu que la fête des voisins avait été réussite encore une fois.

— Ils étaient complètement fatigués et j'ai été contraint de faire la vaisselle après avoir perdu à un pierre feuille ciseau. Alors une réussite pour eux, c'est certain.

— Je reconnais bien l'esprit joueur de Stanley.

Le beau-père de Joe arrive du couloir des chambres. Le meilleur ami de mon père, cela va sans dire qu'ils ont un même état d'esprit. Il me décale un faible coup de poing contre l'épaule pour me saluer.

Les Miller étaient invités, comme toujours, mais l'un des garçons ayant une compétition, ils n'étaient pas en ville pour cette date. Dommage.

— Erwan, Tyson, venez manger avant que le dîner ne refroidisse.

Nous sommes à table dans la foulée. Deux fusées ne tardent pas à nous rejoindre. Les garçons me frappent dans les mains au-dessus de la table. Ça c'est de la cohésion d'équipe. Je valide. Vu le temps que j'ai pu passer ici, j'ai soudés des barres de fer avec les membres de cette maison.

Le dîner est sur la fin quand le téléphone fixe décide de sonner. Oh ! Pour le plaisir de jouer, je participe volontiers, même si je suis sûre qu'en finissant dernière, je ne serai pas désignée pour décrocher.

— Tyson

— Joe

— Ornella

— Christie

Pourquoi m'avez-vous enterré ? (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant